Soutenances des Master 1 et 2 EGEL du 2 au 4 septembre

C’est maintenant un rendez-vous annuel,  début septembre à la rentrée universitaire, se tiennent les soutenances des Masters 1 et 2 du Parcours EGEL « Expertise et Gestion de l’Environnement Littoral –du Master SML. Cette année, nos étudiants ont réalisé leur stage dans des conditions toutes particulières (en télétravail la plupart du temps). Ils ont néanmoins su conserver leur motivation jusqu’au bout et la qualité du travail rendu semble au rendez-vous… verdict dans quelques jours.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le programme des soutenances et/ou venir écouter (masqué) la restitution orale du rapport de stage au Télé-Amphithéâtre du Pôle Numérique Brest-Iroise (Technopôle Brest-Iroise à Plouzané).

Un grand merci aux organismes d’accueil, aux maîtres de stage et aux tuteurs qui ont dû assurer un encadrement à distance dans un contexte d’incertitudes et d’adaptations profondes au sein de leurs structures professionnelles.

Crédit photo

Ingrid Peuziat / UBO

Contact

Ingrid Peuziat / UBO

Dites au revoir aux baleines – Le changement climatique fait bouger la mégafaune marine

Les scientifiques du WWF se sont associés à d’autres chercheurs et aux anciens des tribus pour révéler comment le changement climatique va redistribuer la mégafaune de l’océan mondial. Dans un nouvel article intitulé « Climate Change Will Re-draw the Map for Marine Megafauna and the People Who Depend on Them », qui spublié dans Frontiers in Marine Science, ils donnent un aperçu des gagnants et des perdants, parmi les espèces elles-mêmes et les personnes qui dépendent d’elles.

En s’appuyant sur les données présentées dans le très récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’océan et la cryosphère, les chercheurs Susan Grose, Linwood Pendleton et leurs collègues illustrent les effets du changement climatique par trois parcours et fournissent six études de cas mettant en évidence la manière dont cela se produit aujourd’hui.

Le changement climatique fera en sorte que certains de leurs lieux de vie ne seront plus hospitaliers, ce qui obligera la mégafaune à trouver de nouveaux endroits où vivre. L’augmentation des températures de l’eau et de l’air va modifier la démographie : moins de descendants survivront, le rapport des sexes sera faussé et les épidémies de maladies réduiront la durée de vie. Enfin, à mesure que les espèces prédatrices s’adapteront au changement climatique et se déplaceront vers de nouvelles zones, la mégafaune qui s’en nourrit s’adaptera elle aussi… si elle le peut.

De nombreux obstacles limitent les déplacements des géants de l’océan. Certains sont d’origine humaine, tels que les voies de navigation, les moulins à marée et les filets dans les zones de pêche. D’autres sont naturels, comme les courants océaniques et la température de l’eau. Les rivages propices à la reproduction et à la nidification peuvent également être peu nombreux et éloignés. Amanda Leathers nous rappelle que pour les espèces tempérées de l’hémisphère sud, « il n’y a pas de nouvelles aires d’alimentation au sud… seulement une vaste étendue d’océan jusqu’à l’Antarctique ». Une chose est sûre, comme la mégafaune se déplaçe sur la Terre, les personnes qui en dépendent vont souffrir. Les gens dépendent de la mégafaune marine pour leur nutrition, leurs revenus et leur bien-être spirituel. Au fur et à mesure que les espèces s’éloignent ou disparaissent, l’accès à la viande qu’elles fournissent et les dollars des touristes qu’elles rapportent augmenteront.

Le peuple Ngāti Kuri d’Aotearoa-Nouvelle-Zélande en est un exemple notable. Ils dépendent des migrations annuelles des baleines à bosses par les îles Kermadec comme faisant partie de leur identité spirituelle. Un aspect de leur histoire est présenté dans l’article ; si les baleines disparaissent ou se déplacent, Sheridan Waitai, un ancien de Ngāti Kuri déclare sans ambages que « [ce] sera une tragédie collective » pour eux et « un signe que… tous ceux qui vivent sur terre… ont dépassé le point de non-retour… signalant [une] crise à l’échelle mondiale ».

Il y a de l’espoir. Les auteurs concluent en suggérant des moyens pour les gestionnaires et les décideurs de travailler ensemble à tous les niveaux administratifs, depuis la base jusqu’aux accords internationaux, afin d’aider à prévenir certains déplacements de populations, de créer des solutions pour empêcher l’extinction et, dans les cas où les déplacements de populations sont inévitables, de travailler avec les acteurs locaux pour faciliter la transition.

Crédit illustration

Gregory O’Brien

Contacts

Susan Grose

Linwood Pendleton

Eugénie Cazaux, Doctorante en Géographie au LETG Brest

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après mon baccalauréat scientifique, j’ai obtenu une Licence de Géographie à l’Université Bordeaux Montaigne (2011 – 2014). En Licence 3, le cours « Approches géographiques des risques » m’a permis de découvrir la thématique des risques naturels, dont l’étude concilie l’ensemble des champs de la Géographie (risque = aléa naturel x enjeux humains). Il s’agissait pour moi d’une véritable révélation, puisque qu’à titre personnel la maison de mes parents a été inondée à plusieurs reprises ; j’ai donc décidé d’y consacrer la suite de mon cursus universitaire. J’ai ensuite effectué mon Master à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Dans le cadre de mon M1, suite à une candidature spontanée, j’ai eu la chance de réaliser mon stage au ministère en charge de l’environnement, à la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), au sein du Bureau des risques inondation et littoraux (BRIL). J’y ai poursuivi mon expérience dans le cadre de mon M2 en apprentissage Gestion globale des risques et des crises (GGRC), dont j’ai été diplômée en octobre 2016. Au total, j’ai passé deux ans au sein du Ministère de la transition écologique et solidaire, d’abord sur les inondations fluviales puis progressivement sur les risques côtiers. J’ai ensuite pris un poste de chargée d’études Agriculture en zone humides, fertilisation, climat au sein de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA), que j’ai occupé jusqu’au début de mon contrat doctoral à Brest.

Pourquoi as-tu choisis l’IUEM ?

J’ai candidaté sur une seule offre de thèse au printemps 2017, proposée par Catherine Meur-Ferec au sein du laboratoire LETG Brest. C’est donc mon doctorat qui m’a amenée à intégrer l’IUEM.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je suis doctorante en Géographie au LETG Brest. Mes travaux de recherche portent sur l’éventuelle influence des risques côtiers (submersions marines / recul du trait de côte) sur les prix du foncier et de l’immobilier, au regard de l’attractivité côtière et du contexte de changement climatique qui concernent les territoires littoraux. Je mène cette étude à l’échelle du littoral métropolitain, en m’appuyant notamment sur une base de données inédite (DV3F) qui recense l’ensemble des transactions foncières et immobilières réalisées sur les intercommunalités littorales entre 2010 et 2016. Mon travail de recherche s’appuie également sur des entretiens semi-directifs menés sur 3 terrains d’études (Morbihan, Charente-Maritime et Gironde), complémentaires à mon analyse statistique, avec des acteurs publics et des professionnels de l’immobilier (agents immobiliers / notaires). La rencontre de cette deuxième famille d’acteurs constitue la seconde originalité de ce travail de thèse. J’ai débuté mon doctorat en décembre 2017 ; la soutenance de thèse est prévue au printemps 2021.

En parallèle de mon doctorat j‘effectue également une mission d’enseignement en L1 de Géographie. Le cours construit a pour objectif de proposer aux étudiant·e·s une initiation à l’étude d’un territoire, sachant que la moitié des heures de TD ont lieu sur le terrain.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Pas particulièrement, mais il est à la fois déroutant et amusant de se retrouver face à des étudiant·e·s en cours, seulement quelques mois après avoir quitté les bancs de l’université.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

La soutenance de ma thèse, avec l’aboutissement de 3 années de travail de recherche, va sans aucun doute devenir mon plus beau souvenir professionnel.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Le sport (tennis, course à pieds, kayak de mer), la photographie et les jeux de société.

Crédit photos

Cédric Peinturier
Contact

 

« Le thon c’est bon »… mais sans mercure !

Le mercure, élément chimique classé « extrêmement préoccupant pour la santé » selon l’OMS, s’infiltre dans notre alimentation par la consommation de certains poissons comme le thon. Comprendre les origines de cette contamination représente donc un enjeu de santé publique majeur.

Rejeté dans l’atmosphère par le volcanisme mais surtout par les activités humaines comme la combustion du charbon, le mercure finit par se déposer à la surface de l’Océan. Une fraction est convertie par transformations chimiques, en méthylmercure, substance aisément assimilée par le phytoplancton à la base du réseau alimentaire et qui s’accumule de maillon en maillon (processus de bioaccumulation) jusqu’aux prédateurs supérieurs (le thon par exemple).

Or le méthylmercure est une substance toxique pour l’homme et tout particulièrement pour l’enfant et le nourrisson. Elle impacte le système nerveux central et peut, à partir de certaines doses, endommager la mémoire, la cognition, l’attention ou encore le langage. On estime que tous les individus présentent, au minimum, des traces de méthylmercure dans leurs tissus, preuve de son omniprésence dans l’environnement et de l’exposition conséquente à ce composé, via la consommation de poissons et de crustacés.

Pour connaître les paramètres qui influencent les concentrations en méthylmercure, des chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), de la Communauté du Pacifique Sud (CPS) et de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) ont dans un premier temps évalué les concentrations pour trois espèces de thons du Pacifique occidental et central : le thon jaune (Albacore), le thon blanc (Germon) et le thon obèse (Bachi). Des échantillons ont ainsi été prélevés dans les muscles de 1000 spécimens (364 thons obèses, 417 thons jaunes et 163 thons blancs), et analysés. Les chercheurs ont ensuite mis au point des modèles permettant de cartographier la variance régionale du méthylmercure pour ces 1000 thons, selon leur lieu de pêche.

Les modèles révèlent que les concentrations dépendent non seulement de l’espèce considérée et de sa taille, mais également de sa localisation géographique (cf. fig.1). Elles sont plus élevées dans le cas du thon obèse par ex. et dans la région sud-ouest du Pacifique autour de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji (cf. fig. 1 : en rouge).

Figure 1 : Distribution géographique des teneurs en mercure – Pacifique occidental et central – thons d’une taille standard de 1 m (source : CPS n°158)

Pour expliquer ces résultats, les chercheurs se sont intéressés à l’influence de différents facteurs : physiologiques, environnementaux et écologiques.

Importance de la taille

Sans surprise, au sein d’une même espèce, les plus fortes concentrations en méthylmercure sont retrouvées chez les plus grands spécimens. En effet, par le processus de bioaccumulation, ce composé est moins vite éliminé qu’il n’est absorbé et s’accumule au fur et à mesure que le poisson grandit et vieillit. Toutefois, les seuils de méthylmercure préconisés par l’OMS (1 mg de mercure pour 1kg de poisson) sont rarement dépassés. Seules 1% des prises de thons jaunes et de thons blancs, et 11% des thons obèses, principalement les plus gros individus, affichent des concentrations supérieures aux maximums autorisés.

Importance de la profondeur

La concentration de ce composé s’accroît avec la profondeur (cf. fig. 2) : si le mercure se dépose en surface des océans c’est en profondeur qu’il est, pour l’essentiel, transformé en méthylmercure par les bactéries. Des caractéristiques propres aux différentes espèces et à leur distribution géographique permettent d’expliquer pourquoi certaines d’entre elles séjournent en eaux plus profondes et présentent de ce fait des teneurs en méthylmercure comparativement plus élevées.

                                       Actu

Figure 2 : Représentation de l’habitat vertical des thons avec la courbe de teneur en méthylmercure de l’eau en fonction de la profondeur (source : CPS)

Importance de l’espèce 

En standardisant la taille des thons, les chercheurs ont observé des différences de teneurs en méthylmercure entre les trois espèces ; le thon obèse présente des taux supérieurs aux deux autres (cf. fig. 1). Cette différence s’explique par des caractéristiques de longévité, d’alimentation et de capacités physiologiques. En effet, le Bachi vit plus longtemps, favorisant ainsi l’accumulation de méthylmercure dans ses tissus ; par ailleurs il possède les capacités physiques pour plonger plus profondément que les thons jaunes ou blancs, là où la production de méthylmercure est plus importante. Les Germons et Albacore, qui évoluent davantage en surface, sont de ce fait moins exposés et présentent des teneurs en méthylmercure plus faibles (cf. fig. 2).

Importance de la zone de pêche

En plus des distinctions interspécifiques et de l’incidence de la taille du poisson, les chercheurs ont également montré qu’au sein d’une même espèce, des différences régionales existent. Pour le thon obèse par ex., la concentration en méthylmercure est plus élevée autour de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji (cf. fig. 1 : en rouge) que vers l’équateur (cf. fig. 1 : en bleu) ; de même la température de l’eau y diminue moins rapidement avec la profondeur (température >12° jusqu’à 430m, pour 275m à proximité de l’équateur), les thons obèses adaptés aux « eaux chaudes » y séjournent ainsi plus en profondeur et rapprochant leurs lieux de chasse et de nourriture des lieux de production du contaminant, ils augmentent leurs taux de méthylmercure.

D’autres facteurs de moindre importance, comme la position du thon dans le réseau trophique, peuvent aussi expliquer ces variations de concentration. En effet plus l’espèce se situe à une place élevée en tant que prédateur, plus elle ingère et absorbe du méthylmercure via son alimentation (autres espèces) et possède au final une charge corporelle en contaminant supérieure, à celle des poissons consommés.

En éclairant les processus qui exposent les thons à des teneurs en mercure plus élevées, en fonction de leurs taille, espèce, et lieu de pêche, cette étude permet d’évaluer avantages et inconvénients liés à la consommation de ces espèces par l’homme et ainsi de participer à en diminuer le risque sanitaire.

 

Médiation scientifique

Assurée par Fanny Châles, doctorante de l’Ecole Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML), en 1ère année de thèse au Laboratoire Aménagement des Usages, des Ressources et des Espaces marins et littoraux (AMURE) à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM/UBO).

L’article

Houssard, P., Point, D., Tremblay-Boyer, L., Allain, V., Pethybridge, H., Masbou, J, Ferriss B. E., Baya, A. P., Lagane, C., Menkes, C. E., Letourneur, Y., Lorrain, A. (2019). A model of mercury distribution in tuna from the western and central Pacific ocean: influence of physiology, ecology and environmental factors. Environmental science & technology, 53(3), 1422-1431. doi : 10.1021/acs.est.8b06058

Les auteurs

L’étude présentée a été menée dans le cadre de la thèse de P. Houssard (IRD et Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin -LEMAR, IUEM/UBO). L’article résulte de la collaboration de chercheurs de l’IRD, du LEMAR (UBO), de l’université de Nouvelle-Calédonie, du laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (GET), de l’université Pierre et Marie Curie, du CSIRO (Australie), de la NOAA (USA) et de la CPS (Nouvelle-Calédonie).

La revue

« The ICES Journal of Marine Science » publie des articles originaux, des essais d’opinions, des projets pour l’avenir  et des revues critiques qui contribuent à notre compréhension scientifique des systèmes marins.

Contacts

Auteurs :  anne.lorrain@ird.fr / david.point@ird.fr

Bibliothèque La Pérouse : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier

Service Communication et médiation scientifique : communication.iuem@univ-brest.fr

 

 

La Fête de l’océan 2020

Elle s’est déroulée le Samedi 6 juin 2020 à 12h et à 17h. L’Aquarium tropical de la porte dorée à Paris a proposé pour la 4e édition de la Fête de l’océan un tour du monde à la découverte des richesses marines, avec pour la première fois un événement participatif en ligne et en direct !

Animée par Fred Courant de l’Esprit Sorcier, et Dominique Duché, directeur de l’Aquarium tropical, la Fête de l’océan 2020 a permis un beau voyage des côtes bretonnes à celles de la Réunion, de la Polynésie aux mangroves de Guyane, de la cuisine d’un chef étoilé aux fonds marins de Méditerranée.

Cette émission en ligne a articulé des séquences avec des experts de la vie marine et des quizzs pour toute la famille. Le public était invité à poser des questions en direct sur Facebook aux spécialistes et à relever des défis depuis chez eux.

Rendez-vous de 12h à 13h pour la 1ère partie du voyage avec une mise en appétit et un petit tour dans l’océan Indien… : Comment pouvons-nous consommer poissons, algues, coquillages et crustacés, sans mettre en danger les espèces et les écosystèmes ?

Puis de 17h à 18h30 pour la 2e partie du voyage : Baleines, algues, herbiers, mangrove et récifs, de la métropole à la Polynésie, en passant par la Guyane et les Caraïbes !

Emma Michaud a participé à cette  2ème partie sur les mangroves de Guyane. Si le littoral de Guyane peut progresser vers le large par le dépôt de vastes bancs de vase venant de l’Amazone, rapidement recouverts par la mangrove, il peut aussi reculer rapidement sous l’effet de l’érosion marine. La mangrove de Guyane abrite peu d’espèces de palétuviers, arbres adaptés à une salinité très variable et une variété d’invertébrés, d’oiseaux et de poissons. C’est une zone de nurserie et de nourricerie pour les poissons et crustacés. Elle joue un rôle très important dans le cycle du carbone, élément majeur de la régulation du climat.

 

Crédit photos

Gaëlle Fornet / CNRS

 

Visite de la Ministre Frédérique Vidal à l’IUEM

En visite en Bretagne notamment dans le cadre des modalités de la rentrée universitaire qui devrait se faire sous forme « hybride », la Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, est venue rencontrer les acteurs d’ISblue (« Interdisciplinary graduate School for the blue planet ») le jeudi 4 juin matin. Lors de ce déplacement, elle était accompagnée d’Antoine Petit, le PDG du CNRS.

Accueillis chaleureusement dans le hall de l’Institut, par Fred Jean, Anne Marie Tréguier et Matthieu Gallou, ils se sont dirigés vers l’amphi A après avoir écouté quelques explications sur les posters des 7 unités de recherche de l’IUEM.

Dans l’amphi, ils ont pu écouter 3 présentations très intéressantes : Anne Marie Tréguier, directrice d’ISblue et directrice de recherche CNRS au LOPS, Grégory Charrier, membre du collège formation ISblue et Maître de conférence au LEMAR, venu présenter la formation au sein d’ISblue et Laurent Chauvaud, directeur de recherche CNRS au LEMAR qui a évoqué l’acoustique marine.

Anne Marie a présenté l’école universitaire de recherche ISblue en sciences et technologies de la mer, son partenariat unique avec 2 universités, 3 organismes de recherche et 4 écoles ainsi que ses actions. Les 5 thèmes de recherche et les différents types d’appels à projets ont également été évoqués. L’accent a été mis sur la l’ambition internationale et l’alliance entre la recherche et la formation.

Grégory a débuté sa présentation par l’objectif de formation ISblue qui est de créer une communauté formative en sciences de la mer et du littoral et en technologies marines. Il a insisté sur la richesse et la complémentarité du consortium (universités-écoles) qui permet l’émergence d’une identité commune avec 4 axes stratégiques de travail (enseignement par le numérique, approches méthodologiques, internationalisation et lien recherche-formation) et a décrit le rôle de l’ingénieur pédagogique, indispensable pour la stratégie de formation. Il a finalement évoqué la plus-value d’ISblue, les outils pour accompagner la formation et 2 premières actions de formation concrètes communes.

Enfin, Laurent Chauvaud a fini cette rencontre en apothéose, par une présentation de ses travaux scientifiques sur l’acoustique marine et a même fait écouter à l’assistance les bruits de la coquille Saint Jacques, d’une crevette claqueuse et d’un oursin.

La conclusion de Frédérique Vidal à l’issue des trois présentations a été la suivante : « Ceci est une très belle démonstration de ce que peut faire une communauté quand elle a trouvé sa signature ».

Crédit photos

Dominique Simon

Contact

Anne Marie Tréguier

 

Stéphane Bertin, Chercheur en physique du littoral au pôle observatoire marin de l’UMS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Je suis diplômé de l’école d’ingénieur Polytech Lyon avec une spécialité en mécanique des fluides, agrémentée d’un master recherche portant sur les applications de la mécanique des fluides à l’environnement. J’ai travaillé à l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande de 2011 à 2018, où j’ai effectué ma thèse de doctorat ainsi qu’un postdoc au sein de la faculté d’ingénieur en génie civil et environnement. Mes travaux de recherche portaient sur le transport sédimentaire et la mesure des changements morphologiques par télédétection. Je me suis tout d’abord intéressé à la modélisation physique (utilisation de canaux hydrauliques en laboratoire) et à la mise en place d’outils de photogrammétrie afin de caractériser la relation entre écoulement d’eau et rugosité (microtopographie) de surface. L’idée derrière ces travaux était de pouvoir améliorer notre compréhension, et ainsi mieux modéliser, la boucle de rétroaction reliant les propriétés physiques d’un écoulement turbulent et les paramètres topo-morphologiques de la surface sédimentaire sur laquelle l’écoulement agit. J’ai eu l’occasion de poursuivre ces travaux lors d’expériences de terrain en milieu côtier et fluvial.

 

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

L’idée de pouvoir travailler à l’IUEM, un institut pluridisciplinaire tourné vers les sciences marines, et comprenant des services nationaux d’observation, m’a tout de suite intéressé. J’ai donc choisi l’IUEM pour la portée scientifique des travaux de recherche qui y sont menés, notamment en géomorphologie et télédétection appliquée au domaine côtier, mais aussi du fait de la possibilité de pouvoir interagir facilement avec d’autres équipes tournées vers des thématiques complémentaires, telles que l’océanographie et la biologie marine. J’ai aussi choisi l’IUEM pour sa situation géographique : je n’ai jamais pu être aussi proche de l’eau en travaillant !

 

Que fais-tu à l’IUEM ?

Mon travail à l’IUEM est celui d’un physicien adjoint contractuel, dont les missions rassemblent observation, recherche et enseignement. Je suis ainsi chargé d’assurer la co-coordination depuis Brest du service national d’observation DYNALIT (DYNAmique du LIttoral et du Trait de côte), dont l’IUEM est l’OSU coordinateur. DYNALIT est un réseau d’observation, labélisé SNO par le CNRS-INSU en 2014, dédié à la métrologie récurrente et de long terme visant à caractériser le fonctionnement physique et l’évolution morphologique du littoral. DYNALIT compte actuellement 35 sites-ateliers en France métropolitaine et outre-mer, répartis sur 5 façades maritimes. Dans ce contexte, j’effectue des travaux de recherche au sein du Laboratoire Géosciences Océan dont les principales orientations sont la mesure par télédétection, les protocoles de traitement et d’analyse de la géomorphologie, et les processus physiques contrôlant l’évolution court-terme du littoral au travers de séries d’observation. Un de mes projets clés pendant ma première année à l’IUEM a été la qualification et la valorisation d’une longue série temporelle de suivis topo-bathymétriques (mesures fines permettant de comprendre la géomorphologie) effectués sur la plage de Porsmilin. Je souhaite par ce travail améliorer la collecte, le traitement et l’analyse de ces données, ainsi que permettre la mise en relation avec les forçages hydrodynamiques (ex vagues, marée) mesurés ou modélisés. Je m’intéresse donc tout particulièrement à la qualification des erreurs dans les modèles topographiques et à leurs effets dans les analyses sédimentaires pour lesquelles ils sont utilisés. J’ai aussi eu l’occasion d’aider au développement et à la demande de financement de projets de recherche portant sur la mesure de l’état de mer sur les côtes et la caractérisation précise de la forme des vagues au déferlement.

Côté aide à l’enseignement, plusieurs sorties de terrain étaient prévues dans le cadre de la Licence 3 Hydrographie UBO-Shom. Ces sorties ont été annulées du fait des changements occasionnés par le confinement.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Cette anecdote me replonge dans un diner de conférence à Chengdu en Chine. Le repas proposé, un « hotpot », était typique de cette région (Sichuan) où le piment et le poivre (légèrement anesthésiant en bouche) sont particulièrement appréciés. Bien que prévisible, l’effet sur les mangeurs fut rapide et durable : visages rouges comme une tomate, sueur, envie d’éternuer !… Beaucoup de rire donc ! L’envie était trop forte pour pouvoir s’arrêter…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Je suis vraiment reconnaissant de l’opportunité de pouvoir travailler et nouer des liens avec des gens sur tous les continents. Mes plus beaux souvenirs sont ainsi d’avoir pu participer à des conférences à l’étranger, par exemple en Australie et en Chine, me permettant de découvrir un petit peu de ces pays.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Je suis particulièrement tourné vers les activités de plein air et nautiques ! Je pratique régulièrement (jamais assez) le surf, mais aussi la nage, le vtt et la randonnée. Par la suite, je souhaiterais continuer ma formation à la voile. En dehors de ces activités sportives, j’apprécie jardiner, cuisiner et lire des romans, surtout ceux relatant de voyages et îles autour du monde…

As-tu une devise ?

Restons optimistes !

Crédit photos

Candide Lionet

Stéphane Bertin / UBO

Contact

Stéphane Bertin / UBO

GLAZ, le projet CPER 2021-2027 sur l’environnement continental et littoral en Bretagne

Objectif : Construire une infrastructure de recherche pour anticiper et accompagner les transitions socio-environnementales

Un consortium de recherche associant 20 laboratoires de recherche de l’INRAE-Bretagne, de l’IUEM, de la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne (MSHB) et de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Rennes (OSUR) propose un méta-projet Contrat de plan Etat-Région (CPER), coordonné sur l’ensemble de la région Bretagne (en coordination avec la région Pays de Loire puisque l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Nantes Atlantique (OSUNA) y est associé), pour construire une infrastructure de recherche de niveau mondial capable de détecter, d’anticiper et d’accompagner les transitions socio-environnementales que les écosystèmes terrestres et côtiers vont connaître dans les décennies à venir. Ce projet est fondé sur la mise en réseau d’observatoires de recherche existants et déjà labellisés. Il mobilise l’ensemble des sciences de l’environnement et des géosciences, des sciences sociales et des sciences de la donnée pour doter les deux régions de moyens de recherche et d’observation ayant une forte visibilité internationale et répondant aux enjeux liés au changement climatique et à la pression anthropique sur l’environnement.
Les sites porteurs sont l’UniR et l’AUB (Alliance universitaire de Bretagne qui regroupe l’UBO, l’UBS et le directeur de l’ENIB) ; le CNRS et l’INRAE pour les organismes de recherche au niveau national. Les établissements gestionnaires sont l’Université de Rennes 1 (y compris pour l’Université de Rennes 2), l’UBO, l’UBS et l’INRAE-Bretagne.

Demandes budgétaires :
Demande principale : 10 644 000 €
Demandes reliées : immobilier (1 570 000 €) et numérique (855 000 €)

 

Glaz désigne en breton les nuances de couleur du bleu gris au turquoise en passant par le vert. Glaz est emblématique des dynamiques et complexités de cette continuité entre le continent et le littoral, entre les différents compartiments et trames de l’environnement que nous proposons d’aborder quels que soit la région et le temps passé, présent et futur.

Défis et objectifs : Comprendre et prévoir les évolutions du continuum terre-mer, une spécificité régionale

Le projet cible l’évaluation des trajectoires du continuum terre-mer (incluant les espaces urbanisés) en y intégrant l’ensemble des déterminismes naturels incluant l’Homme. Le continuum terre-mer est l’échelle territoriale cohérente qui intègre les paysages continentaux, littoraux et marins, leurs évolutions, leurs fonctions dans leurs dimensions écologiques, hydrologiques, géologiques et sociétales. Les questions clés concernent :
– La santé des écosystèmes sous contrainte : l’influence des activités humaines et des modes actuels d’occupation du sol sur les flux de matières au sein du continent et jusqu’à l’océan (i.e. nutriments, matière organique, sédiments, métaux, pesticides, plastiques, perturbateurs endocriniens, bactéries antibio-résistantes). Ces questions incluent la solidarité amont-aval, mais aussi les liens “ville-campagne” et “terre-mer” et la gestion sociopolitique des activités humaines créant des dommages à la santé humaine et à la santé des écosystèmes aval et littoraux.
– La résilience des territoires et leur adaptation au changement : les relations qui lient structure des paysages, influence des sociétés actuelles et passées (occupation des sols, gestion des territoires et de leurs usages, perception), dynamique de l’environnement et des ressources (par ex. biodiversité, quantité et qualité des eaux continentales et littorales et des sols, climat urbain, valorisation des bio-ressources et économie circulaire), et ce que cela nous apprend des services rendus par les écosystèmes et des capacités de résilience de l’environnement.
– L’évaluation des risques et des scénarios prospectifs : ces approches intègrent aléas, enjeux et risques en considérant aussi les représentations sociales qui permettent d’appréhender, aux diverses échelles spatiales et temporelles, la complexité des dynamiques continentales et côtières, naturelles et anthropiques en tenant compte de leurs évolutions respectives.

Pour en savoir plus

Crédit photo

Panoramic Bretagne / BMO

Contact

Dominique Simon / CNRS

Bilan du projet Erasmus + ScolaMAR

Contexte et objectifs du projet

Le projet ScolaMAR (Innovative training for Smart coastal management and Sustainable blue growth) est un projet de renforcement de capacités dans le domaine de l’enseignement supérieur financé par la Commission européenne dans le cadre du programme Erasmus +.

L’objectif du projet a été, en 3 ans, de proposer une adaptation de modèles de formation européens en Sciences de la Mer et du Littoral, et notamment du Master SML à l’IUEM, au contexte marocain dans le but de faire face aux défis sociétaux liés à la gestion des zones côtières.

Les porteurs du projet côté IUEM sont David Graindorge, Catherine Meur-Ferec et Mohamed Jebbar.

L’ambition ultime du projet est de former des diplômés appelés à répondre aux besoins croissants de cadres et managers capables de gérer et de promouvoir la formation et la recherche dans les domaines liés au milieu marin et littoral (pêche et aquaculture, activités portuaires, pollution marine et côtière, dynamique côtière, géophysique marine et côtière, géomorphologie et érosion littorale, ressources marines, impacts des changements climatiques, gestion spatiale, aménagement du territoire…). Il vise également la mise à la disposition des décideurs des compétences capables de concevoir des méthodologies et proposer des solutions pouvant aider à l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans l’espace Méditerranéen et en Afrique.

Pour atteindre cet objectif, les quatre universités européennes (UBO, Cadiz, Algarve et Venise) et les quatre universités marocaines (Tanger, Rabat, El Jadida, Kénitra) impliquées dans le projet ont échangé leurs bonnes pratiques et travaillé ensemble à la définition d’une offre de formation de niveau Master au Maroc intégrant la diversité des disciplines liées au domaine des sciences marines et de la gestion côtière. Des structures telles que la plateforme portuaire Tanger-Med, l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH) et l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA) ont également été associées au projet afin de permettre au consortium d’adapter au mieux l’offre de formation aux besoins du marché de l’emploi.

Activités du projet

Afin de permettre le développement de ce Master pluridisciplinaire et innovant, le projet s’est principalement appuyé sur la formation des formateurs marocains et notamment par l’organisation de 38 stages d’observation au travail (job-shadowing) au cours desquels les enseignants ont échangé avec les équipes sur place sur leurs pratiques pédagogiques et ainsi entamé l’élaboration du contenu des futurs modules d’enseignement.

L’IUEM, fort de son expérience de développement de cours en ligne avec le MOOC FlotRisCo, a soutenu et accompagné les équipes techniques et pédagogiques des universités partenaires dans l’adaptation de ce cours en ligne au contexte marocain, destiné à être intégré à la première année du Master.

 

Les enseignants et étudiants des quatre universités de Tanger, Rabat, Kénitra et El Jadida ont également participé à deux conférences scientifiques organisées au Maroc portant respectivement sur le changement climatique et l’impact sur la gestion intégrée des zones côtières et les risques côtiers. Les différentes communications présentées ont permis de dresser un aperçu de la recherche actuellement menée au Maroc et en Europe et ainsi sensibiliser un large public à ces problématiques.

Enfin, une école de terrain portant sur l’acquisition et la gestion de données dans le domaine marin et côtier a été organisée dans la zone de la lagune de Oualidia, dans la province de Sidi-Bennour au sud d’El Jadida du 1er au 5 octobre 2018.

Ce stage de terrain d’une semaine, présenté sous la forme d’ateliers théoriques et pratiques préparés conjointement par les enseignants des universités marocaines et européennes, a permis à une trentaine d’étudiants marocains d’apprendre l’utilisation d’équipements acquis dans le cadre du projet, dédiés à l’observation marine et côtière (GPS différentiel, sondeur à sédiment Stratabox, sonar monofaisceau, enregistreur de marées, de flux, salinité…).

Cette école de terrain a permis d’expérimenter ce format d’enseignement en vue de l’intégrer au programme de la première année du Master en construction.

 

Création d’un Master multi-sites, pluridisciplinaire et innovant

L’ensemble des activités réalisées dans le cadre du projet ScolaMAR ont permis de bâtir la structure et le contenu de ce nouveau Master unique au Maroc.

Intitulé « Sciences du Littoral : Approche Pluridisciplinaire », ce master dit « spécialisé » est innovant à la fois en termes de structuration car proposé sur quatre sites universitaires mais également en termes de contenu car il donne un aperçu de la multidisciplinarité des sciences marines et côtières et se concentre sur l’application directe de ces disciplines au contexte local marocain.

Le nouveau Master se compose d’une première année de tronc commun dispensée à l’Université de Tanger. Pendant les deux premiers semestres, les étudiants reçoivent les bases théoriques et pratiques des différentes disciplines liées aux sciences marines et côtières auxquelles s’ajouteront le cours en ligne et l’école de terrain développés dans le cadre du projet ainsi que des modules de « compétences transversales » destinés à faciliter l’insertion professionnelle des futurs diplômés.

La deuxième année du programme de master offrira la possibilité aux étudiants d’étudier dans l’une des quatre universités partenaires afin de se spécialiser dans l’un des principaux domaines d’application de la gestion intégrée des zones côtières :

Option 1 : génie côtier et applications, proposée à l’Université d’El Jadida

Option 2 : géomatique appliquée aux sciences humaines, proposée à l’Université de Kénitra

Option 3 : océanographie des écosystèmes côtiers et modélisation, proposée à l’Université Mohammed V de Rabat

Option 4 : aménagement du littoral et risques côtiers, proposée à l’Université de Tanger

Toujours dans un souci d’améliorer l’employabilité de ces étudiants, ces derniers effectueront un stage professionnel obligatoire d’une durée de 6 mois.

Crédit photos

Justine Roddier / UBO

Contact

Justine Roddier

Le manque d’accès aux données marines : un barrage à une gestion plus saine des océans

À l’ère du numérique, alors que les bases de données océaniques sont continuellement enrichies, les écosystèmes marins s’appauvrissent et se dégradent de manière alarmante. Dans le contexte des changements globaux, ce type de données devrait nous permettre une meilleure gestion de notre consommation des ressources océaniques, afin de les préserver. Pourtant, nombre de ces informations sont difficilement accessibles et/ou peu partagées ; cet état de fait gêne la bonne compréhension des différentes modifications physiques, écologiques et sociales en cause dans ces changements écosystémiques évolutifs et rapides. Ceux-ci impliquent de constantes réévaluations et mises à jour des données océaniques. On observe cependant un progrès significatif dans la communication et la transparence de ces données. D’intéressantes alternatives pourraient venir l’enrichir.

À ce jour, d’innombrables observations satellites de la Terre sont répertoriées par les dispositifs de télédétection (ex. programmes Landsat et Sentinel), des milliers de scientifiques collectent des milliers de données sur le terrain ; un grand nombre de plateformes en résulte, offrant un accès et un partage à ces ressources en ligne.

Trop souvent, un manque évident de structuration et/ou de standardisation nuit au partage en ligne des données ; celles-ci peuvent, par exemple, être collectées par des étudiants ou des chercheurs non-académiques. Malgré des incertitudes de mesures souvent inconnues voire douteuses, de nombreuses informations importantes sont contenues au sein de ces données « désordonnées ». Comment les combiner au mieux avec celles des chercheurs académiques, et ainsi en valoriser l’ensemble ? Les bases de données actuelles pourraient s’enrichir d’une quantité conséquente de ressources ignorées ou non partagées (cf. fig. 1).

Fig. 1 : Situation actuelle (à gauche) et souhaitée (à droite) dans le contexte de la disponibilité et du partage des données océaniques. Les débits d’eau représentent la quantité de données relative à chaque source.

Trois obstacles très concrets, expliquant les difficultés d’accès aux données océaniques, peuvent ainsi être identifiés : leur mise en ligne, leur accessibilité et la navigation sur les plateformes dédiées. Le téléchargement des ressources vers le Cloud (stockage à distance) correspond à leur transfert dans une grande base de données numériques où elles peuvent être partagées. Se posent alors des contraintes (cf. fig. 2) de recherche et localisation des bases de données thématiquement proches et regroupant des informations de même nature que celles à déposer, de leurs sources d’origine et du respect des exigences de formatage.

Dans certains cas, les données océaniques ne sont pas numériques et par conséquent, pas répertoriées (informations relevées dans des carnets de bord par ex.). De même un propriétaire n’a pas forcément conscience de l’utilité de ses données pour la communauté ; c’est typiquement le cas des publications de photos sur les réseaux sociaux : les Smartphones peuvent en effet être considérés comme des outils d’enregistrement des changements d’état des mangroves ou des herbiers marins en Indonésie par ex.

Fig. 2: Paramètres de la production et du partage des données. (1) mesures sur le terrain, (2) instruments de traitements de données détenus par les producteurs uniquement, (3) ensemble de données dispersées, (4) données locales non partagées en dehors d’une institution, (5) données potentiellement intéressantes pour des utilisateurs extérieurs à l’institution, (6) barrage aux partages des données, (7) articles produits à partir de données stagnantes, (8) utilisation impossible de données aux formats inadaptés, (9) non-renseignement de la source de données mises en ligne, (10) montagnes de disciplines différentes auxquelles pourraient s’appliquer un même type de données.

Une fois téléchargées sur le Cloud, se pose le problème de l’accès à ces données. Celles-ci sont souvent classées par disciplines, régions océaniques et sous différents formats. Les liens entre ces ressources sont donc fragiles et facilement rompus. De plus, les utilisateurs ne sont pas toujours informés des mises à jour du fait de l’impossibilité de communiquer avec les producteurs de données. Enfin, la navigation se complique à mesure que le volume et la diversité des ressources augmentent. Les données océaniques, réparties sur différentes plateformes, sont peu évidentes à évaluer (qualité/précision de mesure) et à dater (données anciennes/récentes). Néanmoins et même si l’outil de recherche Google propose un accès assez simple à des données récentes, un système de navigation qui offrirait une combinaison optimale de toutes ces données, allègerait le coût de la Recherche en sciences marines sur le long terme et à large échelle géographique.

La plupart des solutions à ces problèmes existent déjà mais sont exploitées partiellement ou appliquées à d’autres domaines que l’Océanographie. S’en inspirer permet d’envisager une combinaison de différentes approches pour accéder à un maximum de ressources. Le procédé « d’optimisation combinatoire » consiste, dans ce cadre, à coupler les technologies de navigation à l’utilisation de réseaux sociaux (cf. fig. 3)

Fig. 3 : Combinaison de diverses solutions (représentée par le moulin), cette combinaison fournirait une plateforme de découverte et d’accès aux données, ainsi que de nombreux outils et applications.

Pour exemples : l’utilisation d’un « grand livre » (registre) facilite la lecture de paramètres mesurés et classés, issu du domaine comptable, il concourt à la traçabilité des sources et à la transparence des données. Le registre le plus simple est le DOI (identificateur d’objet numérique), déjà appliqué à de nombreuses ressources en sciences. Les DOI certifient la provenance et sont associés aux données source. Par ailleurs, l’utilisation d’un blockchain (chaîne de blocs) permet la traçabilité et assure la sécurité du partage des données, jusqu’alors son principal domaine d’application est celui de la cryptomonnaie. Il permet un enregistrement ponctuel des modifications des données ainsi qu’une gestion de données combinées dans un cadre interdisciplinaire. Enfin, l’utilisation d’un extracteur et transcripteur automatique tire parti de l’intelligence artificielle, pour un traitement rapide d’une grande quantité d’informations, il réduit aussi les coûts et efforts associés au téléchargement et à la navigation (ex. : NPL / Natural Language Processing).

De nouveaux appels au partage volontaire de données pourraient enfin venir compléter l’utilisation des outils mentionnés précédemment. Des revues scientifiques reconnues soutiendraient la collecte d’une grande quantité de données pour leur valorisation. Un index de citation existe déjà pour les articles scientifiques et l’ensemble des données répertoriées, via le service d’information universitaire du Web of Science (WOS). La présence systématique d’un index pourrait désigner la source des données océaniques ayant donné lieu à une publication dans les revues scientifiques, en vue d’un regroupement de ces données.

Certaines communautés numériques utilisent également des monnaies non officielles dans diverses régions, pour favoriser les dépenses locales. Une monnaie communautaire numérique (DCC /Digital Community Currency) pourrait donc être créée afin de soutenir les fournisseurs de données océaniques en fonction de la quantité, la qualité et la transparence des ressources partagées. Cette monnaie serait en outre échangée contre d’autres ressources en ligne. Un tel procédé augmenterait la visibilité de jeux de données conséquents et soutiendrait le financement de campagnes scientifiques. Les agences gouvernementales pourraient aussi en bénéficier pour faire face aux catastrophes naturelles et des réseaux sociaux spécialisés dans les échanges entre chercheurs profiteraient également de ces partages. Une combinaison de ce type de réseaux avec les plateformes de données en ligne (ODCM/Ocean Data Combinatorial Machine) permettrait notamment une gestion des mises à jour en plus de nouvelles collaborations entre chercheurs.

Des enseignes internationales comme Amazon ont déjà résolu, à des fins commerciales, des problèmes similaires concernant la gestion et la compilation des données. Cette entreprise utilise des agencements spécifiques pour stocker ses articles dans d’énormes entrepôts, leur accessibilité est optimisée en permanence. La transparence est également assurée sur l’origine, la composition, la fabrication de nombreux produits et des interactions directes sont prévues avec les clients. Ce type d’exemple rend envisageable, le regroupement des données marines, leur accessibilité ainsi que des échanges entre producteurs et utilisateurs. Une transposition durable au domaine océanique permettrait la création de bases de données universelles pour une gestion plus saine des Océans. Coordonner des actions efficaces pour atténuer le déclin des écosystèmes marins passe par une meilleure gestion de nos données océaniques, collaboration et partage maximal restent donc essentiels.

Médiation scientifique

Assurée par Pierre Fourrier, doctorant de l’École Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université de Bretagne Occidentale), en 1ère année de thèse en Chimie Organique Marine au Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin (LEMAR), à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM).

L’article

Pendleton, L. H., Beyer, H., Grose, S. O., Hoegh-Guldberg, O., Karcher, D. B., Kennedy, E., Llewellyn, L., Nys C., Shapiro, A., Jain, R., Kuc, K., Leatherland, T., O’Hainnin, K., Olmedo, G., Seow, L., Tarsel, M. (2019). Disrupting data sharing for a healthier ocean. ICES Journal of Marine Science, 76(6), 1415-1423. https://doi.org/10.1093/icesjms/fsz068

Les auteurs

Cet article est issu d’une collaboration internationale entre des chercheurs du World Wildlife Fund (WWF) (Washington, USA) ; du Nicholas Institute for Environmental Policy (Duke University, USA) ; du Global Change Institute (University of Queensland, Australie) ; de l’Ifremer (IUEM, UBO, Plouzané) de l’unité de recherche AMURE ; de la Conservation Science Unit (WWF, Indonésie) ; de l’Australian Institute of Marine Science (Townsville, Australie) ; et de l’IBM Corporation, Corporate Citizen & Corporate Affairs (New-York, USA).

La revue

« The ICES Journal of Marine Science » publie des articles originaux, des essais d’opinions (« Food for Thought »), des projets pour l’avenir (« Quo Vadimus ») et des revues critiques qui contribuent à notre compréhension scientifique des systèmes marins.

Contacts

Auteurs : consulter l’annuaire de l’IUEM

Bibliothèque La Pérouse : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier

Service Communication et médiation scientifique : communication.iuem@univ-brest.fr