Mesurer la glace ? pas de quoi en faire des vagues

,

La fonte inéluctable des glaces de mer rend nécessaire d’en estimer l’épaisseur. C’est possible, il suffit pour cela de mesurer les vagues…

La couverture de glace au niveau des pôles a beaucoup diminué depuis 1979, année des premières observations satellitaires, le réchauffement direct de notre atmosphère et les différents phénomènes physiques associés (modification des courants, intensification des événements climatiques extrêmes…) en sont les principaux responsables. Ainsi dans les régions polaires, les interactions entre les vagues et la glace sont de plus en plus importantes. En Arctique, l’étendue des glaces ayant considérablement diminué, la surface d’océan en eau libre a augmenté permettant aux vagues de se déployer. En Antarctique, les vagues ont un effet stabilisateur, elles viennent compresser la glace et lui opposent ainsi  une résistance à l’éloignement vers l’équateur et des eaux plus chaudes où elle fondrait.

Quand les vagues arrivent à hauteur d’un objet flottant, il les réfléchit et/ou les amortit, tout comme la quantité de mouvement qu’elles transportent. Cela produit une force horizontale sur l’objet (ici la glace de mer) qui peut amener son déplacement ou sa déformation. La compression entraîne l’épaississement des couches de glace flottantes sous forme d’empilements verticaux des morceaux de glace présents dans la zone de transition entre l’océan et la banquise (cf. fig. 1), c’est la Zone Marginale de Glace (ZMG). Les morceaux de glace, formant initialement une seule couche morcelée à la surface de la mer, peuvent se retrouver compressés jusqu’à se soulever pour s’empiler sur d’autres.  C’est le mouvement incessant des vagues qui favorise ce soulèvement en modifiant constamment les espacements et hauteurs des glaces flottantes. A partir d’un certain point, la force exercée par les vagues devient insuffisante pour compresser d’avantage la glace qui arrête alors d’épaissir.

L’étude présentée ici s’appuie sur la capacité de calculer la variation du mouvement de la glace à la surface de l’océan lorsqu’elle est soumise aux contraintes qui s’opposent à sa déformation : les contraintes externes sur la glace (les vagues, le vent, les courants) et la contrainte interne à la glace. Prenons l’exemple d’une boule de neige : la contrainte externe lui est imposée par nos mains qui tassent la neige tandis que la résistance de la neige au tassement, constitue la contrainte interne. L’opposition de ces deux contraintes, permet d’obtenir une boule de neige compacte, de taille constante pour une quantité de neige donnée.

Fig. 1 : Agrégation et compactage des morceaux de glace par les vagues (provenant de la gauche) vers la banquise (à droite)

Lorsque la glace ne bouge plus, on dit que le système glace-océan-atmosphère est à l’équilibre. Les contraintes externes et internes s’égalisent (la boule de neige est constituée et ne se tasse plus). Connaître la valeur de l’une des deux contraintes, c’est connaître la valeur de l’autre, on peut donc estimer les contraintes internes par des mesures extérieures (via un satellite par ex.), or comme on sait relier mathématiquement les contraintes internes à l’épaisseur de la glace, on peut alors déterminer celle-ci à partir de mesures océanographiques !

Des expériences ont ainsi été réalisées dans le parc national du Bic, véritable laboratoire naturel au long de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent (Canada). Durant l’hiver et malgré une couverture de glace presque totale, une partie du fleuve reste cependant libre de glace  par l’apport en eaux plus chaudes, provenant de l’océan Atlantique. Lors d’épisodes venteux, des vagues s’y forment (ce serait impossible si toute la surface du fleuve était gelée) permettant ainsi l’étude d’une ZMG. Des mesures comparatives de courant, de vent et d’épaisseur de glace ont donc pu y être effectuées. Des bouées équipées de capteurs de mouvements et placées en différents points toujours plus éloignés du bord, ont permis d’effectuer des mesures de vagues (cf. fig. 2a) ; ce positionnement permet d’évaluer l’atténuation progressive des vagues par la glace. On observe ainsi (cf. fig. 2b) que l’énergie des vagues, mesurée pour chaque bouée, diminue à mesure qu’on s’éloigne de la zone d’eau à l’air libre, en suivant une loi de décroissance exponentielle.

En pratique, cette atténuation peut être ici associée à trois phénomènes : la réflexion des vagues sur la glace et vers le large, la dissipation de l’énergie des vagues par la turbulence (remous occasionnés par la rencontre entre les vagues et la glace) ou encore la friction entre morceaux de glace. Le premier phénomène reste négligeable car les morceaux de glaces sont de petites tailles vis-à-vis de la longueur des vagues (ce n’est pas toujours le cas). Le second n’a pas pu être mesuré durant les missions de terrain (mais compte tenu d’autres observations, il peut ne pas être négligeable). Ainsi, si l’atténuation examinée ici tient compte uniquement de la friction des glaces (troisième phénomène), il faut souligner que le résultat final est probablement sous-évalué, car l’effet de turbulence n’a pas été pris en considération.

Fig. 2a : Zone d’étude avec le parcours réalisé par les bouées lors d’une des séries de mesures. L’échelle de couleur indique le temps associé à la position de chaque bouée.

Fig. 2b : Atténuation de l’énergie E des vagues en fonction de la distance Xice au bord de glace. Plus la couleur est foncée, plus la bouée considérée se situe loin du bord.

Les mesures d’épaisseur ont été réalisées via des trous percés dans la glace, on y a introduit un bâton terminé d’un crochet afin de ne pas dépasser la surface inférieure du glaçon. Les mesures de vent et de courant ont montré que leur effet sur la glace reste négligeable comparé à celui des vagues. De ce fait, la mesure de l’atténuation des vagues permet directement d’estimer l’évolution de la contrainte externe des vagues sur la glace et celle de l’épaisseur de glace en fonction de la distance au bord de glace (cf. fig. 3).  Cette épaisseur croît rapidement jusqu’à atteindre une valeur maximale constante, concomitante à la disparition totale des vagues. La modélisation de l’évolution d’épaisseur de la glace correspond bien aux mesures effectuées sur le terrain. La disparité des mesures individuelles est due à la forte variabilité de l’état de surface de la glace.

Fig. 3 : Evolution de l’épaisseur de glace ζ divisée par l’épaisseur de glace à l’équilibre ζeq en fonction de la distance au bord de glace χ. La ligne noire désigne le modèle mathématique, les ronds  les mesures par bouée, les croix les mesures directes de l’épaisseur, les carrés et le losange jaunes les moyennes des croix.

Ces résultats sont encourageants pour la communauté scientifique. En effet contrairement aux mesures des vagues observées toujours plus précisément via les données satellitaires, les estimations d’épaisseur de glace restent très difficiles à réaliser dans des conditions identiques. Grâce à cette découverte, l’estimation par satellite de l’épaisseur des glaces à partir des mesures de vagues devient envisageable (au moins dans des conditions similaires à celles présentées dans cette étude).

Médiation scientifique:

Assurée par Luc Barast, doctorant de lÉcole Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université Bretagne – Loire), en 1ère année de thèse dans l’équipe SIAM au sein du Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale (LOPS) à l’Ifremer.

L’article

Marginal ice zone thickness and extent due to wave radiation stress.

https://doi.org/10.1175/JPO-D-17-0167.1

Les auteurs

Ce travail résulte d’une collaboration entre Peter Sutherland, (Ifremer, Univ. Brest, CNRS, IRD, Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale, IUEM, Brest, France) et Dany Dumont (Institut des Sciences de la Mer de Rimouski, Université du Québec à Rimouski, Rimouski, Quebec, Canada) autour du projet BicWin, à propos de l’étude des phénomènes physiques et océanographiques des ZMG à partir du laboratoire naturel que constitue le parc du Bic.

La revue

« Journal of Physical Oceanography » est une revue publiée par l’American Meteorological Society. Elle traite de la physique des océans et des processus ayant lieux à leurs frontières. Les articles qui y sont publiés sont tout aussi bien basés sur de la théorie, des mesures de terrain ou par satellite, ou encore sur des résultats numériques.

Pour en savoir plus
https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/les-10-decouvertes-de-2018/mesurer-force-vagues-canot-a-glace/

Contacts

Auteurs : consulter l’annuaire de l’IUEM

Bibliothèque La Pérouse : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier

Service Communication et médiation scientifique : communication.iuem@univ-brest.fr

Live twitch du master Biologie : le 8 mars dès 18h

, ,

Le Master SML Biologie s’adresse aux étudiant(e)s motivé(e)s par les questions relatives à la biologie et l’écologie marine (parcours Sciences Biologiques Marines) et à la gestion des ressources halieutiques et aquacoles (parcours Sciences Halieutiques et Aquacoles). Afin de présenter plus en détails cette formation, Grégory Charrier, responsable du Master SML Biologie, propose une session live sur Twitch le vendredi 8 mars à partir de 18h.

Lien : https://www.twitch.tv/gregcharrier

La première partie de cette session live sera axée sur la présentation de la structure, des objectifs et du contenu du Master SML Biologie. La seconde partie sera orientée sur les modalités de candidature pour accéder à cette formation, et sur les critères de sélection.

Yvan Pailler, Professeur UBO en Archéologie des sociétés littorales au LETG-Brest

, ,

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai réalisé ma thèse au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) à Brest sur la transition entre le monde des derniers chasseurs-cueilleurs mésolithiques et des premiers éleveurs-agriculteurs néolithiques, soit entre 6000 et 3500 av. J.-C, sous la direction de Pierre Gouletquer. Après la soutenance, Alison Sheridan m’a proposé un post doc à Edimbourg en Écosse au National Museum of Scotland. J’y ai travaillé notamment sur l’apparition du Néolithique dans les îles britanniques et l’Irlande qui questionne vraiment puisque la néolithisation de la Grande-Bretagne s’est produite près de 800 ans après celle du continent. Dans ce cadre, je me suis intéressé aux lames polies socialement valorisées, communément appelées « haches polies » ; une partie d’entre elles étaient en jades d’origine alpine. Dans la continuité de ce travail, Pierre Pétrequin m’a embauché sur l’ANR Jade pour poursuivre cette étude à l’échelle européenne en incluant les phénomènes d’imitation par des ateliers locaux à des échelles régionales. Les jades alpins ont été diffusés depuis l’Italie (Monte Viso, Monte Beigua) sur des distances considérables dans toute l’Europe au Ve millénaire, de la Bulgarie à l’Irlande et de la Scandinavie à la pointe italienne (le documentaire). En 2010, j’ai été recruté à l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) à Tours comme responsable de recherches archéologiques, spécialiste du Néolithique. J’ai coordonné plusieurs chantiers de fouilles dans le Centre de la France. En 2013, j’ai obtenu ma mutation en Bretagne, ce qui m’a permis de me rapprocher des collègues de l’UBO, géographes, géologues, biologistes, avec qui j’avais noué des liens dans le cadre des recherches menées parallèlement à ma thèse dans l’archipel de Molène et en particulier sur la fouille de l’habitat Bronze ancien de Beg ar Loued (petit documentaire). Début 2020, l’INRAP m’a mis à disposition de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) sur la Chaire ArMeRIE (Archéologie maritime et recherche interdisciplinaire environnementale) et, en 2023, j’ai été recruté sur une chaire de professeur junior (CPJ) à l’UBO.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Depuis les années 2000, dans le cadre du programme archéologique molénais, nous avons mis en place une collaboration interdisciplinaire composée de plusieurs chercheurs de laboratoires brestois, et en particulier de l’IUEM. C’est ce noyau de chercheurs qui constituera plus tard l’équipe d’ArMeRIE. C’est donc assez naturellement et grâce au soutien de certains collègues qui voyaient l’intérêt d’avoir une approche interdisciplinaire sur le temps long que j’ai intégré l’IUEM.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Mon activité de terrain tourne principalement depuis 3 ans autour de deux fouilles programmées, que je mène avec mon collègue Clément Nicolas du Laboratoire « Trajectoires. De la sédentarisation à l’état » à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne : Porz ar Puns à Béniguet en partenariat avec l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et celle de Saint Bélec à Leuhan. Les étudiants de l’UBO issus de disciplines variées (biologie marine, géographie, géologie, histoire, ethnologie) y sont fortement impliqués depuis leur démarrage. Plusieurs de ces fouilleurs réalisent aujourd’hui des masters sur des objets archéologiques ou des écofacts issus de la fouille de Béniguet qui est le chantier école de l’UBO.

Depuis le 1er octobre 2023, j’occupe une chaire de professeur junior qui vise à mieux comprendre les sociétés littorales atlantiques passées, et en particulier les relations et adaptations à leurs milieux. Les fouilles font partie intégrante de cette mission car à Béniguet on explore plusieurs occupations humaines superposées dans la dune à la manière d’un mille-feuille. Grâce à l’étude de leurs dépotoirs (amas coquilliers ou shell middens), nous comprenons la manière dont ces individus vivaient et exploitaient leur milieu. Nous apprenons aussi beaucoup sur les phénomènes climatiques passés ; les sociétés insulaires passées ont dû faire face à des épisodes d’ensablement très rapides, ce qui les a forcées à adapter leurs pratiques agricoles, à se déplacer physiquement sur l’île elle-même, dans l’archipel voire à se replier sur le continent. Cela permet de faire le lien avec les bouleversements que nous vivons actuellement. L’adaptation était plus importante à cette époque… À Béniguet, nous avons découvert des sillons d’araires croisés qui datent du Bronze ancien, autour de 2000 avant J.-C. La présence de ces traces indique l’utilisation de l’outil araire (2ème révolution néolithique qui implique la traction animale avec deux bœufs). Les bœufs doivent être nourris toute l’année, il faut donc de gros stocks de nourriture. Avec ce travail archéologique interdisciplinaire, nous arrivons à aller au plus proche du fonctionnement de ces sociétés littorales mais également à comprendre des environnements, des milieux et éventuellement le climat avec lesquels les groupes humains interagissaient.

J’enseigne aussi dans différentes composantes de l’UBO, de la licence au Master à la fois à la Faculté des lettres Segalen avec les masters d’histoire, en histoire de l’art archéologique à Quimper et en biologie marine à l’IUEM dans l’UE paléoécologie et paléoenvironnement du Master de biologie.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Pleins… mais je préfère les raconter en soirée ;).

L’été dernier, lors des fouilles sur Béniguet, nous avons dû aller faire le plein de carburant pour l’Hésione et un peu de ravitaillement. Après avoir regardé la météo, nous constatons qu’un grain s’annonce en début de soirée. La mer étant belle, nous partons en milieu d’après-midi direction Le Conquet où on nous avait dit que l’on trouverait de l’essence. Pas de chance, le Capitaine du Port nous annonce qu’il n’a que du diesel. Avec le collègue, nous faisons donc route vers Camaret où se trouve la pompe la plus proche. On arrive sans encombre en presqu’île où nous faisons le plein et nos courses, mais tout cela prend un peu de temps… Lorsque nous remontons à bord, le ciel s’assombrit sur l’archipel. À mi-route, nous nous retrouvons sous des trombes d’eau et dans une purée de pois, avec une mer formée, à tel point que l’on ne pouvait plus lire le GPS de bord. Bref, n’étant pas de grands marins, on ralentit fortement et on avance à vue pendant ce qui nous semblé être une éternité ; on n’en menait vraiment pas large ! On distingue une première balise « Les Vieux Moines », puis une seconde « Ar Christian Braz » et enfin, on discerne au raz de l’eau la masse de Béniguet, qui n’a jamais aussi bien porté son nom (île bénie). On arrive à la ferme de l’île trempés comme des soupes alors que tout le monde nous attend bien tranquillement auprès d’un feu de cheminée pour prendre un ti-punch bien mérité.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Un souvenir bien vivace reste la découverte d’un atelier de fabrication de lames en jade sur une ligne de crête à 2500 m d’altitude avec P. et A.-M. Pétrequin dans les Alpes italiennes. En effet, avant de faire cette découverte, il avait fallu crapahuter plusieurs jours en montagne sans rien trouver. En prospection, il y a un côté évident, immédiat, de la découverte mais en fouille cela peut prendre plus de temps même si un objet particulier peut apparaître à tout moment sous la truelle. Par exemple, à Beg ar Loued, il nous aura fallu plusieurs années pour dégager et comprendre la manière dont s’organisaient les deux maisons Bronze ancien superposées. Mettre en évidence ce genre de monument avec les murs encore en élévation permet de se plonger plus aisément dans la vie des gens de l’époque. Faire sortir de sa gangue de terre ou de sable une maison ou une tombe d’il y a plusieurs millénaires est quelque chose de vraiment émouvant. Évidemment, les missions passées sur le terrain avec des collègues et des étudiants sont toujours des moments forts surtout lorsque l’on reste un mois sur une île déserte, sans eau et sans électricité…

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime être sur l’eau, l’écologie, le swamp rock et le blues, faire du kayak, la pêche (à pied, à la ligne, pose de casiers), la randonnée, je suis aussi un grand lecteur de polars (petit conseil lecture : « un dernier ballon pour la route »).

As-tu une devise ?

Plus j’en sais, moins j’en sais.

Crédit photos

Manon Mabo

UBO

Contact

Yvan Pailler / UBO

Projets Interdisciplinaires Mutualisés (PIM) des Masters organisés par ISblue

, , ,

La 3ème édition des PIM (Projets Interdisciplinaires Mutualisés) organisés par ISblue a eu lieu du 8 au 12 janvier 2024. Treize projets différents étaient proposés à 200 étudiant·es de l’UBO, de l’UBS et de l’ENSTA Bretagne.

Avec ce nouveau format de cours transversal, ISblue veut éveiller la curiosité des étudiants pour des sujets nouveaux et les préparer aux enjeux de la transition écologique.
Voici quelques exemples d’ateliers proposés aux étudiants :
  • Atelier “CLIMAT : “Imaginer le territoire de Brest Métropole neutre en carbone en 2050″: À quoi ressemblerait le territoire de Brest Métropole en 2050 selon chacun de ces 4 scénarios ?” Les étudiants ont dû imaginer, grâce à un travail collectif de prospective dans les domaines des énergies, de l’alimentation, des mobilités et de l’habitat. Avec Anne-Marie Tréguier, coauteur d’un rapport du GIEC, en partenariat avec l’ADEME et Brest Métropole.

Légende : PIM DESSA – création d’une exposition street art pour explorer les grands fonds marins

  • Atelier “DESSA : Créer une exposition street art pour explorer les grands fonds marins”- Accompagnés par l’artiste Teuthis, les étudiants ont imaginé et conçu une exposition de collages de dessins géants représentant des espèces, des paysages et des outils d’exploration des abysses. Pour les inspirer, des chercheurs de différentes disciplines sont venus leur présenter, au cours de la semaine, des grands sujets de recherche actuels sur les grands fonds marins. Avec des chercheurs de l’Ifremer.
  • Atelier “MICRO-Océan : Créer une exposition artistique sur le microcosme marin” – Les étudiants ont plongé dans le monde mystérieux du microcosme marin au cours d’un workshop arts et sciences guidé par l’artiste Iglika Christova. Après avoir prélevé des échantillons biologiques sur le terrain et les avoir observés en laboratoire, ils ont réalisé des expérimentations plastiques et/ou graphiques qui les ont menées collectivement à la construction d’une exposition. En partenariat avec le festival RESSAC, UBO.

Légende : PIM MICRO-OCEAN – préparation d’une expo sur le microcosme marin

  • Atelier “ÉCLAT-OI : Développer des projets à impacts positifs grâce au Design Thinking et son approche collaborative” – Les étudiants ont embarqué pour une formation intensive de 5 jours sur le Design Thinking, une aventure qui les a plongés au cœur de l’intelligence collective, de la créativité et du prototypage. L’UBO Open Factory (laboratoire d’innovation multidisciplinaire de l’UBO), leur a permis d’explorer les méthodes de conception les plus innovantes tout en abordant une problématique réelle, avec l’association Skravik, qui œuvre pour l’intégration du voilier comme outil de travail polyvalent pour la pêche, la recherche et l’expertise environnementale.
  • Atelier “Enjepol : Partir à la découverte des controverses du monde polaire” – À travers des rencontres avec des chercheurs et professionnels du secteur, cet atelier a proposé de réfléchir aux enjeux polaires en explorant les controverses existant autour des deux régions polaires : ouverture des routes maritimes, eldorados miniers et énergétiques, sanctuarisation scientifique, sensibilisation environnementale et tourisme, militarisation et nucléarisation, enjeux spatiaux, remise en cause des équilibres juridiques et géopolitiques. Avec Anne Choquet, enseignante-chercheure à l’UBO au laboratoire AMURE et présidente du Comité National Français des Recherches Arctiques et Antarctiques (CNFRAA).
Légende de la photo à la Une : PIM OBS-3D – délimitation d’une zone de test pour évaluer la performance de différents protocoles d’acquisition pour un dispositif de photogrammétrie RTK
Crédit photos
Contact

 

14 étudiants en Master 2 de Biologie au lycée maritime du Guilvinec

, , ,

Dans le cadre de l’UE « médiation scientifique » des Masters en sciences de la mer et du littoral de l’IUEM, quatorze étudiants de M2 Biologie sont allés au lycée maritime du Guilvinec le mercredi 20 décembre 2023.
L’objectif de la journée était d’échanger avec les lycéens et avec les étudiants en BTS. Dans le cadre de ce projet, les étudiant de l’IUEM ont présenté 8 stands sur des thématiques variées en lien avec la recherche en biologie marine. Les stands portaient sur les coraux, l’estran, le milieu polaire, les mangroves, l’écotoxicologie, le plancton, les paléoclimats et l’évolution de la rade de Brest (en lien avec le projet ImmerSeaRade).
Les étudiants de Master ont également eu la chance de découvrir différents aspects de la formation aux métiers de la pêche que suivent les étudiants du lycée du Guilvinec. Les étudiants en BTS leur ont notamment proposé de participer à un atelier de ramendage dans lequel ils leur ont appris à « amarrer des bouts » et leur ont fait tester le simulateur de navigation.
Cette journée très riche a été très appréciée tant par les biologiste que par les lycéens et a contribué à créer des liens entre ces deux mondes très complémentaires que sont le milieu de la recherche
scientifique et de la pêche.
Étudiants ayant participé : Julie Landier, Chloé Jamin, Amandine Bergot, Annaëlle Anquet, Aurore Brossault, Charlotte Gasne-Destaville, Clara Hequette, Elzéar Grassin, Fanny Ferron, Felipe March, Salomé Keromnes, Sid-Amhed Nedjar, Tanguy Genthon et Thomas Le Yannou.

Crédit photos

Lycée maritime du Guilvinec

Maxime Kernec /UBO

Contact

Chloé Jamin / UBO

Lisa Maillard, Future Post doc CNES en interactions air-mer au LOPS

, ,

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai suivi le master en océanographie Water Air Pollution and Energy, entre l’Université Paris Saclay et Sorbonne Université. C’est grâce à cette formation que j’ai pu participer à la campagne en mer Méditerranée MOOSE-Grande Échelle (MOOSE-GE) qui a lieu tous les ans et qui assure un suivi des masses d’eau et de leur température, salinité… J’ai réalisé mon stage de Master à Ifremer au LOPS, pendant lequel je m’intéressais à la génération des vagues par les cyclones tropicaux. J’ai ensuite fait ma thèse à Toulouse, au laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS). Pendant ma thèse, j’étudiais des ondes qui se propagent dans l’océan Pacifique, appelées ondes tropicales d’instabilité. À partir de simulations numériques, j’évaluais leur impact sur la circulation océanique et atmosphérique au niveau de la bande tropicale.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je souhaitais reprendre mes recherches autour des vagues et de leur génération sous les vents extrêmes. Être dans l’équipe SIAM du LOPS me permet de pouvoir travailler au sein d’une équipe spécialisée dans l’étude des vagues, que ce soit par observation satellite ou par modélisation numérique.  Je suis aussi venue à l’IUEM pour le cadre de vie et pour pouvoir travailler proche de mon sujet d’étude : la mer.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je travaille sur plusieurs projets en tant qu’ingénieure Calcul scientifique Ifremer et je consacre la plupart de mon activité à une nouvelle technique d’observation des vagues par satellite, qui permettrait de mesurer à la fois la hauteur des vagues, leur fréquence et leur direction. Ma mission consiste à valider cette nouvelle technique en la comparant avec d’autres formes d’observation déjà existantes (bouée ou altimètre par exemple).

L’un des autres projets auquel je participe est la mise en place d’une librairie informatique (Python) qui regroupe des outils d’étude des vagues et qui mutualise les codes faits par les chercheurs du laboratoire. Elle sera disponible en Open Source afin d’être accessible à toutes et à tous.

À partir du 1er avril, j’entame un post doc financé par le CNES, toujours au LOPS. Je vais continuer à travailler sur l’étude des vagues mais cette fois-ci je m’intéresserai aux interactions entre les cyclones tropicaux et les vagues qu’ils génèrent.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Durant ma thèse, je suis partie en mission à Hawaii pendant un mois. Le 1er weekend, j’ai décidé d’aller visiter l’île. J’étais sur la côte Nord d’Oahu, quand je suis tombée sur une compétition de surf. Je me suis arrêtée pour regarder car c’était sympa, l’ambiance était bonne. Plus tard, je me suis rendue compte que je venais d’assister à une compétition mondiale de surf avec Kelly Slater, considéré comme le meilleur surfeur de tous les temps.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Pendant ma campagne en mer en Master, nous nous sommes faits encercler par un groupe de globicéphales. C’était très impressionnant et on entendait leur chant dans la coque du bateau, c’était magnifique.

J’aime aussi beaucoup les moments de partage et d’échanges dans le cadre du travail en équipe. Je trouve ça super important et stimulant de travailler à plusieurs et de s’échanger les connaissances.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

L’escalade, c’est mon principal centre d’intérêt. Depuis que je suis en Bretagne, j’ai aussi commencé à pratiquer les sports nautiques tels que le surf et la plongée.

Crédit photos

Quentin Guillaumin

Campagne MOOSE-GE

Emma Bent

Contact

Lisa Maillard / Ifremer

L’IUEM ouvre ses portes le samedi 17 février 2024

,

L’IUEM vous accueille lors de sa Journée portes ouvertes le Samedi 17 février 2024 de 9h à 17h.

Nous aurons le plaisir de vous recevoir dans nos locaux afin d’y découvrir les enseignements dispensés à nos étudiants au sein des 8 Masters en sciences de la mer et du littoral :

Des expérimentations seront mises en avant par des scientifiques de nos unités de recherche qui vous feront partager leur passion pour le monde de la recherche marine.

Les enseignants-chercheurs, chercheurs, étudiants, doctorants, ingénieurs et techniciens se feront un plaisir de répondre à vos questions. Vous pourrez échanger avec eux sur les débouchés, les spécificités de chaque parcours, les unités de formation…

Seront également proposées des projections de vidéos.

Nous vous attendons nombreux !

crédit photo

Sébastien Hervé / UBO

Contact

Cécile Nassalang / CNRS

 

 

 

Renforcement des liens franco centraméricains : Vers une coopération scientifique

, ,

En vue de la co-organisation franco-costaricienne de l’UNOC à Nice en 2025 et de la réunion préparatoire au Costa Rica en 2024, la France et le Costa Rica souhaitent renforcer la coopération universitaire et scientifique dans le domaine des sciences océaniques. Dans ce contexte, le service de coopération et d’action culturelle Amérique Centrale (SCAC AMC) organise depuis plusieurs mois un certain nombre d’événements en ce sens.

En juin dernier, l’UBO avait été invitée à participer au colloque académique et scientifique “Océans et Sociétés : vers un réseau de coopération franco-centraméricain” organisé conjointement par le SCAC AMC, l’Université du Costa Rica et l’Universidad Nacional, et dont les thématiques prioritaires abordées étaient : 

  • La gouvernance et la gestion marine côtière ;
  • la pollution marine et côtière et les impacts ; 
  • la variabilité climatique et les événements extrêmes.

Avaient participé Vianney Pichereau, Béatrice Thomas-Tual, Annie Cudennec et Édouard Kraffe.

Dans la continuité des échanges et rencontres initiés au mois de juin, le SCAC AMC a organisé une mission des partenaires centraméricains à l’IUEM les 12 et 13 octobre derniers, dans le but de rencontrer les collègues brestois travaillant sur ces thématiques.

La délégation accueillie était composée de :

Des rencontres avec les unités de recherche (AMURE, LEMAR, LETG et LOPS) ont été organisées.

Du 23 au 27 octobre, un séminaire international pluridisciinaire franco-latino-américain sur les défis environnementaux a été organisé au Costa Rica. Béatrice Thomas-Tual, VP International UBO ainsi que Annie Cudennec, Adélie Pomade (AMURE) et Manuel Sahuquet (LETG) ont pu y participer.

Crédit photo

Ambassade de France

Contact

Justine Roddier / UBO

Marc Léopold, Économiste des pêches IRD au laboratoire AMURE

, ,

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Mon parcours est un peu différent du cursus classique de thèse post-master. J’étais déjà à l’IRD depuis plus de 10 ans quand j’ai postulé pour une thèse à l’UBO en sciences économiques en 2016 sous la direction d’Olivier Thébaud. Le sujet concernait les recherches que j’avais effectuées dans le Pacifique sud, en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu, sur les petites pêcheries. La thématique concernait plus précisément les mesures de gestion et la gouvernance de ces pêcheries, et comment les institutions évoluent dans le temps. Les travaux valorisés s’étendaient sur une dizaine d’années. Il y avait un intérêt à avoir une perspective historique, ce que n’aurait pas permis une thèse classique en 3 ans. Puis j’ai quitté mon terrain de recherche pour le Sud-Ouest de l’Océan Indien à Madagascar, où j’étais en affectation de septembre 2016 à août 2021. J’ai toujours gardé un lien avec le Pacifique et continue à interagir avec les collègues d’ENTROPIE basés à Nouméa, mais également les personnes qui ne travaillent pas dans le milieu scientifique. L’un des intérêts de mes travaux, je pense, porte justement sur ces interactions avec les collectivités territoriales, les pêcheurs, les entreprises du secteur ; il s’agit de faire de la transdisciplinarité.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis venu à l’IUEM pour développer des coopérations en particulier en sciences économiques, qui traitent de questions auxquelles sont confrontées les petites pêches. À ENTROPIE, dont les travaux concernent surtout l’écologie marine, je voulais approfondir ce volet social et économique, voire juridique, et donc me rapprocher de cette communauté scientifique. En pratique, l’un des objectifs de mon arrivée à l’IUEM est d’intéresser davantage les collègues d’AMURE aux problématiques du Sud, pour y développer des projets qui correspondent à la fois à la stratégie et à l’éthique promus par l’IRD. L’IUEM a aussi un axe au Sud lié à la tutelle IRD : j’ai également été accueilli pour le renforcer sur mes thématiques sur les pêches côtières et les relations entre AMURE et l’IRD. AMURE est par exemple une unité interdisciplinaire qui s’interroge sur les systèmes de gouvernance des pêcheries, ce qui est nécessaire si on veut aborder la durabilité de ces systèmes – même si spontanément, j’aurais pu demander à rejoindre le laboratoire MARBEC à Sète, lui aussi spécialisé sur les questions halieutiques et avec lequel je collabore, bien entendu. L’IUEM est donc aussi un choix stratégique de carrière.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je commence juste ma 3ème année à l’IUEM, c’est la première fois que je suis éloigné si longtemps de mes terrains de recherche. J’ai donc dû adapter ma manière de travailler. Je dirais qu’il y a deux volets, qui correspondent à mes motivations pour rejoindre l’IUEM comme je l’ai expliqué. Le 1er volet est d’intéresser les collègues déjà sensibilisés aux petites pêches vers des terrains à Madagascar et de comprendre les différents projets en cours à AMURE sur ces pêcheries en Outre-Mer. Depuis 2 ans, je suis par exemple à l’initiative de la venue de 2 collègues à Madagascar sur un projet européen, CORECRABE, que je coordonnais : Katia Frangoudes pour co-animer une école d’été sur l’approche transdisciplinaire dans les petites pêcheries, et Séverine Julien pour l’utilisation du théâtre-forum dans nos recherches. Je co-encadre aussi des étudiants en Master ou en thèse avec Olivier Thébaud et m’occupe de l’accueil d’enseignants-chercheurs ou de doctorants malgaches au laboratoire. J’ai aussi co-écrit un nouveau projet, Fish2Sustainability, et en juin dernier, nous avons fait un atelier international sur les liens entre les petites pêches et les objectifs de développement durable, qui a impliqué notamment des collègues d’AMURE. On participe aussi à la préparation d’autres propositions.

Le 2ème volet correspond à la poursuite de mes recherches à Madagascar. Je pars en mission sur le terrain 2 à 3 mois par an pour accompagner l’équipe de l’IH.SM à Toliara, pour rendre le laboratoire d’halieutique opérationnel d’un point de vue scientifique et stratégique. J’ai monté cette unité de recherche d’une dizaine de personnes avec les enseignants-chercheurs, il faut la faire vivre ! Je soutiens aussi la rédaction de publications en présentiel. Le reste du temps, je fais de l’accompagnement à distance. Il y a aussi des possibilités d’accueil de ces collègues malgaches, enseignants-chercheurs ou doctorants, dont l’un travaille au CNRO (Centre National de Recherches Océanographiques) de Nosy Be. Nous sommes d’ailleurs en train de finaliser la signature d’une lettre d’intention entre l’IUEM, la mention Économie de l’Université d’Antananarive, l’IH.SM de Toliara et l’Institut Agro Rennes-Angers.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Cette question me fait sourire car pour parler du cas de Madagascar, on ne sait plus où est la réalité quotidienne et où est l’anecdote… Il y a une remarque d’un collègue (qui se reconnaîtra peut-être) qui traduit bien cela. J’avais rapidement eu un sentiment de routine pendant mon séjour d’un an et demi à Sète entre deux expatriations, en 2015, avec le trajet domicile-travail que je faisais en vélo, le bureau, et le retour, etc. Et ce collègue m’avait alors répondu : « Alors c’est sûr, avec une embrouille par jour, tu ne vas pas t’ennuyer à Madagascar !» C’est vrai qu’on ne s’ennuie pas pendant ce type d’expérience ! Par exemple, quand, pour la clôture d’un projet européen l’an dernier, où 150 personnes étaient invitées sur deux jours, nous n’avions pas l’autorisation gouvernementale une semaine avant, on ne retient que le succès final de l’événement, qui a bien eu lieu en temps et en heure… Il y a plein de surprises comme celles-là, il vaut mieux voir le bon côté des choses !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Les clichés (véritables !) qui font que l’on fait ce métier-là : les moments passés sur le terrain avec des collègues à discuter, dans des endroits perdus, de boulot, de tout et de rien. On reste sensibles aux paysages, à la nature et aux gens, des endroits magiques. De très belles images dans la tête, sur les écosystèmes coralliens, la mer…

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Ils sont liés à l’environnement du boulot (que je n’ai pas choisi par hasard !) : la mer, la navigation, la plongée, la pêche, la rando, la photographie et les langues.

Crédit photos

Marc Léopold / IRD

Nicolas Jaosedy

Laurence Ramon

Contact

Marc Léopold / IRD

Élodie Fleury, Chercheur Ifremer en écophysiologie au LEMAR

, ,

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Je suis diplômée d’une école d’ingénieurs, l’INSA de Lyon, spécialité bioinformatique et modélisation. J’ai réalisé mon stage de fin d’études à l’Ifremer de Tahiti pour caractériser l’expression et la fonction de gènes impliqués dans la formation de la structure de la nacre chez l’huître perlière, ce qui m’a donné envie de poursuivre en thèse. J’ai donc fait un doctorat à l’Ifremer de Brest sur l’exploration fonctionnelle de gènes différentiellement exprimés entre les souches d’huîtres creuses résistantes et sensibles à la mortalité estivale avec Arnaud Huvet à l’issue de ce stage. Ce travail a contribué au développement d’outils de génomique spécifiques à l’huître Crassostrea gigas. Plus précisément, un séquençage a été réalisé, permettant l’obtention d’environ 30 000 gènes assemblées dans une base de données et 10 000 d’entre eux ont été utilisées pour produire la première puce à ADN spécifique de C. Gigas, permettant la comparaison transcriptomique des lignées d’huîtres Résistantes et Sensibles à la mortalité estivale. Après cette thèse, j’ai fait un contrat postdoctoral de 8 mois au LEMAR pour savoir si la reproduction engendre un stress oxydatif et énergétique chez l’huître, via l’étude de plusieurs marqueurs dédiés durant un cycle complet de reproduction. Puis j’ai fait un autre post doc à l’Université de Laval au Québec pour caractériser les bases génétiques de la variation phénotypique observée chez deux populations divergentes du grand corégone (Coregonus clupeaformis), l’écotype limnétique (nain) ainsi que l’écotype benthique (normal). Ce post doc a été écourté car j’ai été recrutée en CDI à l’Ifremer de la Trinité-sur-Mer en mars 2011.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Pour anticiper la fermeture du site de la Trinité-sur-Mer ou j’ai passé 5 ans, j’ai candidaté et obtenu le poste de responsable du laboratoire de physiologie des invertébrés, l’unité même où j’avais fait ma thèse. J’ai ainsi pu intégrer le LEMAR pour ma plus grande joie et rejoindre une équipe beaucoup plus complète et nombreuse, avec un énorme panel de compétences disponibles. Une sorte de retour aux sources pour l’étudiante que j’étais, avec un peu plus de rides et d’expérience.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je coordonne à l’Ifremer un réseau national, ECOSCOPA, qui étudie l’influence de l’environnement sur le cycle de vie de l’huître creuse, via 8 sites positionnés du Nord au Sud de la France. J’interviens dans des projets de recherche qui ont tous un point commun : étudier les interactions entre les bivalves et leur environnement en conditions naturelles ou dans un contexte d’élevage aquacole. Ces travaux contribuent à comprendre l’impact du changement climatique et des pollutions anthropiques sur les mollusques. Par exemple, je vais prochainement travailler sur l’impact de la pollution lumineuse, afin de savoir si elle peut perturber le rythme biologique des organismes marins vivant dans les environnements côtiers et les conséquences éventuelles sur la physiologie, les défenses immunitaires des huîtres.

J’ai également des missions d’encadrement de doctorants, de stagiaires et d’enseignement à l’Institut Agro Rennes-Angers par exemple.

Enfin, je participe à la médiation scientifique qui m’amène à me déplacer dans des établissements scolaires afin de sensibiliser les élèves du primaire au lycée et de participer à des manifestations nationales telles que la Fête de la science et la Nuit européenne des chercheurs. Cette année, Océanopolis m’a proposé d’être ambassadrice pour la fête de la science en Finistère. Ce qui m’a permis d’inaugurer la fête de la science à Brest sur le thème Science et sport.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Il y en a deux qui m’ont particulièrement marquées.

La première, je suis en thèse, je dois donner mon premier cours à des étudiants en fac de médecine qui ont quasiment le même âge que moi, et je suis donc assez stressée. J’ai imprimé des publications que je dois distribuer afin qu’on les analyse ensemble, tout est prêt, bien ordonné et soigneusement agrafé. J’arrive à la fac, il pleut des cordes (fait rarissime), je sors de ma voiture avec mes publis sous le bras, et je cours pour me mettre à l’abri dans le bâtiment. Mais là… je glisse, je fais un énorme vol plané sur le parking, pour finir étalée de tout mon long. Je suis donc arrivée pour donner mon premier cours en étant trempée, pantalon déchiré, et les publis à distribuer pleines de pluie et de sang :-/ Heureusement, les étudiants m’ont apporté des compresses et des serviettes !

La seconde, je pars en congrès aux États-Unis, à Jacksonville Floride pour être exacte. J’arrive quelques jours avant pour m’imprégner de la langue, et surtout de l’accent américain, qui chez moi, n’a jamais été très bon. J’écoute la radio, je discute avec des collègues, je regarde des émissions à la TV américaine. Arrive le jour de ma conférence, que j’avais bien répétée, et je dois parler de différents lots d’huîtres, que l’on suit pour comparer les évolutions de poids. Ce qui en anglais fait : « …different batches of oysters, which are monitored to compare weight trends ». Sauf que mon super accent m’a fait prononcer trois fois de suite « bitches » au lieu de « batch » : ce sont les yeux tout ronds de l’assemblée qui m’ont fait prendre conscience de mon erreur. Je me suis excusée en expliquant que les bitches n’étaient pas le sujet d’aujourd’hui et tout le monde a explosé de rire ! Des années plus tard, les personnes présentes au congrès me disent encore « hello bitch » !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Lors d’une expérimentation, où l’on devait faire des prélèvements toutes les deux heures, nuits comprises. Au début, le côté atypique de la situation fait sourire et dynamise l’équipe, mais sur la fin, lorsque le réveil sonne à 4h30 et que l’on doit se remettre en marche pour faire les prélèmevents, ça devient un peu plus compliqué. C’est comme cela que j’ai renversé 500 ml de larves sur la tête de mon collègue qui tenait le bécher en bas. Rien de bien grave, ni pour lui, ni pour la manip, mais le fou rire qui a suivi m’a fait prendre conscience que j’étais vraiment à ma place. Que c’était ces moments atypiques et intenses, avec des gens assez passionnés pour se réveiller toutes les 30 minutes pour prélever des huîtres que je voulais vivre, encore et encore.

Et un autre souvenir plus récent, ce sont les 50 ans de l’Institut Agro Rennes-Angers. Je suis conviée à Rennes pour participer à une table ronde sur les enjeux de l’ostréiculture face au changement climatique, dans un amphi assez rempli. Les séances d’échanges se terminent, je rejoins l’ensemble des personnes présentes pour faire la pause café, et là, je me retrouve à côté d’Isabelle Autissier, présente dans l’assemblée car ancienne élève de l’Agro. Et là, d’imaginer que cette personne dont j’ai lu tous les livres, suivi tous les exploits (c’est la première femme française à avoir accompli un tour du monde en solitaire à la voile) était en train de m’écouter, j’ai ressenti une grande part de fierté et d’humilité à la fois.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Quand j’étais jeune, c’était la danse classique (j’ai fait le conservatoire de Paris), je voulais en faire ma vie mais comme vous voyez, ce n’est pas le cas…

Mais la passion qui m’est restée depuis toujours, c’est la voile. Naviguer sur un bateau, seule, à plusieurs, loin, ou près des côtes, dans la pétole ou dans le vent fort, c’est là que je me sens le mieux. Mon rêve serait de partir plusieurs mois en mer, pour une transatlantique, voir plus… !

As-tu une devise ?

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance » Abraham Lincoln.

Crédit photos

Jocelyne Fleury

Sebastien Hervé

Aude Jolivel

Contact

Élodie Fleury / Ifremer

Mark Van Zuilen obtient une bourse ERC Synergy 2023

, ,

Chaque année, le conseil européen de la recherche (ERC) finance des projets collaboratifs portés par deux à quatre chercheurs à travers ses “ERC synergy grant“. Ces bourses soutiennent des projets de recherche ambitieux, aux frontières de la connaissance, autour de questions qui ne pourraient être résolues de manière individuelle. Un projet CNRS-INSU a obtenu une bourse pour l’année 2023, félicitations à Mark van Zuilen et son équipe !

Les recherches de Mark van Zuilen portent sur la reconstitution de l’origine de la vie sur Terre. Ses travaux comprennent des tests de biogénicité, la détermination des formes de métabolisme, des habitats et des adaptations à travers le temps en réponse à des changements environnementaux majeurs. Ses recherches visent à définir les différences fondamentales entre les processus de vie et de non-vie, ainsi que les traces que la vie laisse dans les roches. Mark van Zuilen a obtenu son master (1997) en géochimie à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas, et son doctorat (2003) en sciences de la terre à la Scripps Institution of Oceanography de l’université de Californie à San Diego, aux États-Unis. Après un projet postdoctoral (bourse Marie Curie, 2003-2005) au Centre de Recherche Pétrographique et Géochimique de Nancy, il a été recruté en 2006 comme chercheur CNRS à l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP). De 2015 à 2020, il a été chercheur principal du projet ERC Consolidator TRACES. Début 2022, il a muté au laboratoire Geo-Ocean.

Projet PROTOS : Le rôle de la silice dans l’apparition de la vie sur notre planète

Percer les secrets des premières formes de vie sur Terre est une tâche fondamentale pour la science, car elle permet de comprendre comment la planète est devenue habitable, quand les premières formes de métabolisme et d’autoréplication se sont développées, et quand la vie est apparue. Il est largement admis que de nombreux milieux aquatiques primitifs étaient réducteurs et riches en silice et en certaines molécules à base de carbone. Les chercheurs pensent que de telles conditions aquatiques ont inévitablement conduit à l’existence d’une usine à grande échelle de composés organiques pertinents pour la chimie prébiotique, et à des microstructures hybrides biomimétiques capables de s’auto-organiser et de catalyser des réactions prébiotiques pertinentes pour l’origine de la vie. Le projet vise à comprendre le rôle crucial de la silice dans l’orientation des processus géochimiques et protobiologiques mais aussi dans la création d’habitats pour les premières formes de vie et la préservation de la biomasse primitive à la surface de la Terre au cours du premier milliard d’années de son histoire. PROTOS utilisera un ensemble d’expériences de laboratoire pour étudier systématiquement les réactions de l’eau et des gaz avec les premiers types de roches afin de déterminer la composition des habitats aquatiques, les mécanismes de précipitation de la silice, les processus de synthèse organique et la préservation des premiers vestiges de la vie. PROTOS changera notre vision de l’enfance de la planète.

Autres laboratoires CNRS impliqués : 

Une vue d’artiste d’un temps Hadéen, le scénario géochimique de l’origine de la vie que PROTOS étudiera.

Crédit photos

Juan Manuel García  Ruiz / CSIC

Lucas Chacon / CSIC

Contact