Éric Machu, Chercheur IRD au LOPS sur les liens Environnement et ressources marines

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Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai fait des études de physique et ai obtenu ma thèse en 2000 à l’Université Paul Sabatier à Toulouse avant de m’orienter vers la thématique couplée physique-biologie. J’ai travaillé sur les premières données issues du capteur de couleur de l’eau (chrophylle a) SeaWiFS dans la région du Courant des Aiguilles, qui se situe au niveau de l’océan Indien et qui tire son nom du cap sud-africain des Aiguilles. J’ai étudié le couplage physique-biogéochimie, le lien entre la dynamique et la production de phytoplancton en Afrique du Sud. J’ai aussi analysé les processus physiques responsables de l’enrichissement des eaux de surface à partir de la télédétection et de la modélisation.

Après la thèse, j’ai fait un postdoc au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (CERFACS) à Toulouse pendant 2 ans. J’ai travaillé sur l’assimilation de données dans un cadre de prévision climatique saisonnière, l’assimilation permettant de contraindre la trajectoire des simulations numériques à rester proche des observations. Ensuite, je suis parti faire un postdoc en Afrique du Sud dans l’équipe Éco-Up, unité de recherche IRD qui avait pour thématique de recherche les écosystèmes d’upwelling. En 2004, j’ai intégré cette unité basée à Sète en tant que chargé de recherche IRD après avoir réussi le concours externe. Mon projet était d’étudier la variabilité de l’environnement sur les stocks de petits poissons pélagiques (sardine, anchois notamment). Cette unité avait un projet d’étude comparée des principaux systèmes d’upwelling et j’ai été affecté à l’Institut National de Recherche Halieutique au Maroc.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

En 2008, l’unité a été restructurée en raison de la création des Unités mixtes de recherche (UMR). J’ai été affecté au LPO, ancien LOPS, car les physiciens avaient choisi de venir à Brest. Vu que mon amie était en Norvège, je suis parti en disponibilité à l’Université d’Oslo pendant 2 ans.  Après, j’ai acheté un bateau puis ai navigué pendant 8 mois. J’ai même vécu sur mon bateau pendant 2 ans à Brest. Je suis arrivé à l’IUEM en 2010 et n’avais pas pleinement conscience de l’importance de l’Institut quant à la qualité des recherches qui y sont menées.

Que fais-tu à l’IUEM ?

En 2010, je suis venu donner un 1er cours de physique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Je travaillais dans le cadre du laboratoire mixte international ÉCLAIRS 1 sur l’Étude du climat en Afrique de l’Ouest » créé en 2012 en partenariat entre des laboratoires français et sénégalais. Je passais environ 6 mois de l’année entre le Maroc, le Sénégal et l’Afrique du Sud.

En 2014, je suis parti pendant 6 ans au Sénégal. J’étais le seul océanographe affecté sur place et j’ai donc animé la thématique océan du LMI ECLAIRS, formé des étudiants de niveau Master, des thésards et j’ai monté des projets de recherche. L’objectif de nos implications au Sénégal est notamment de pérenniser les capacités d’observation de leur environnement marin. Il y a aussi une forte demande de formations professionnalisantes. Ainsi, je réserve mon énergie aux étudiants du Sud. Il est très gratifiant d’amener des étudiants jusqu’à la thèse.

Ma thématique de recherche est toujours la même, à savoir comment l’environnement impacte la ressource, mais c’est l’outil qui a changé puisque l’observation est venue remplacer la modélisation. Au début, faute de financement, les premières mesures ont été réalisées en instrumentant mon voilier avec lequel j’ai fait la traversée Brest-Dakar. Je coordonne afin de donner un nouvel éclairage sur la zone et de dynamiser la recherche de partenariat.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Lors d’un vol, j’ai voulu faire passer une malle avec de l’instrumentation pour une valeur de plus de 50 000 euros et suis resté bloqué 3 heures à l’aéroport.

Sur le terrain, accompagné de Yoann Thomas, nous avons demandé de cuisiner une partie des arches (coques) collectées. En mangeant mon assiette, je suis tombé sur une perle parfaitement ronde que j’ai fait monter sur une bague pour un cadeau …

Le laboratoire dans lequel je suis à Dakar est contributeur du prix Nobel du GIEC. Le directeur a souhaité venir en France pour une soutenance mais son visa lui a été refusé. Furieux, j’ai publié un article de blog sur Mediapart et l’ambassade de France l’a contacté pour lui demander qui avait écrit cet article qui était remonté au travers de média sénégalais. Il n’a rien dit et m’a couvert.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Probablement des instants fugaces lors de missions d’observation en mer. Je suis resté marqué par ma première campagne vers les îles du Prince Edouard au Sud de l’Afrique du Sud. La région du Siné Saloum au Sénégal est également source de grandes contemplations. J’avoue aussi que les soutenances des étudiants sont vraiment des moments très émouvants pour moi.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

La mer sous toutes ses formes, la confrontation des cultures.

As-tu une devise ?

Petit à petit l’oiseau fait son nid en wolof ?

Danke danke moy niakh golo ci niaye ?

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Éric Machu / IRD