Les origines de l'Observatoire....
Au 19eme siècle les frères Crouan, pharmaciens à Brest, décrivent plusieurs dizaines d’espèces d’algues à Brest. Durant cette même période, de Saint-Joseph décrit des espèces de polychètes provenant de ce même écosystème.
Pierre Louis Crouan |
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Hyppolyte Marie Crouan |
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Daniel et Dautzenberg, malacologues se succèdent en rade de Brest et fournissent des listes d’espèce par habitats au début du 20ème siècle.
Il faut alors un demi-siècle pour retrouver des traces de l’observation naturaliste. Puisque qu’Albert Lucas dans les années 60 commence à observer la faune en rade de Brest et cela dans le cadre de ces enseignements au sein du collège scientifique universitaire brestois qui donnera ensuite naissance à l’UBO. Il est assisté par deux jeunes enseignants chercheurs : Michel Glémarec et Jean-Yves Monnat qui se sont connus à la station biologique de Bailleron (Golf du Morbihan).
Michel Glémarec créera le laboratoire d’Océanographie biologique au sein de la jeune UBO et ses éléves vont alors engranger des données sur la macrofaune benthique du sud du golfe de Gascogne jusqu’aux abers. Christian Hily, Monique Guillou, Jacques Guillou, Alain Menesguen, Philippe Gros sont ainsi à l’origine des premières données quantitatives de l’Observatoire Marin de l’IUEM.
Ce travail d’écologie benthique est doublé d’une approche autoécologique centrée sur les pectinidae et mené par les élèves d’Albert Lucas. Son laboratoire observera durant 20 ans des paramètres physiologiques au sein de populations de pétoncles et de coquilles Saint-Jacques. Yves-Marie Paulet ferra vivre ces séries jusqu’en 2005 (Voir série EVECOS). Il convient de noter que A. Lucas et Jean-Yves Monnat participeront à la création de la SEPNB (devenue aujourd’hui Bretagne Vivante) et que Jean-Monnat entamera un travail hors du commun sur l’observation récurrente par bagage de la population de mouettes tridactyles du cap Sizun (E. Cam ; Univ. Toulouse). Une large part de ces observations fait aujourd'hui partie de la série « Mouette » de l’Observatoire marin de l’IUEM et Bretagne Vivante participe à la plateforme d’Observation de l’IUEM (G. Gélinaud – Réserve de Séné).
Revenons aux séries benthiques. Les données accumulées lors des travaux pionniers ont permis de développer en retour plusieurs approches de recherche. Au cours des années 1980-1990, la liste de « pistes » de travail permettant d’expliquer les fluctuations des pêcheries de pectinidae a alors été complétée du fait des travaux des écologistes benthiques qui s’attachaient à décrire l’écosystème rade de Brest depuis plus de quinze ans (Hily, 1984, 1989, 1991 ; Hily et al., 1988 ; Hily & Le Foll, 1990 ; Hily et al., 1992; Jean, 1994 ; Jean & Hily, 1994 ; Jean & Thouzeau, 1995). Parmi ces hypothèses, les unes faisaient appel à un mécanisme naturel d'oscillation du volume de la population, fréquemment observé chez les Bivalves et particulièrement chez les pectinidés; d'autres désignaient l'hydroclimat comme principal responsable de l'effondrement du stock en 1963; les dernières se référaient à des causes d'origine anthropique, soit par surexploitation du gisement (mode de gestion inadapté), soit par dégradation du biotope. |
Sous la demande des collectivités locales, en complément aux travaux visant à décrire la biodiversité benthique, les associations d’espèces et l’utilisation de ces groupements spécifiques à des fins de gestion, les laboratoires brestois ont tenté de mesurer dans une approche écosystémique (Rade de Brest) le rôle du benthos dans (1) le contrôle de la production primaire en rade de Brest, (2) son importance biogéochimique (cycles) et l’impact sur ce dernier de la prolifération de la crépidule (Chauvaud 1998, Guérin 2003, Richard 2004). Ce travail d’observation est à l’origine de la série EVECOS et de la Saint-Jacquothèque.
En parallèle, la biodiversité des bancs de maërl a été décrite entre les années 1992 et 1999 (Grall, 2002). L’intérêt d’un suivi de la faune du maërl est apparu et se poursuit jusqu'à aujourd’hui pour former la série « maërl ». Notons qu’en 1997 pour des raisons symétriques un suivi des herbiers a été initié. Il convient ici de préciser que durant ces années 80-90, les travaux de Jacques Lefèvre, Bernard Quéguiner, Olivier Ragueneau et Yolanda Del Amo avaient permis de décrire en rade de Brest la dynamique du phytoplancton et les dystrophies et fragilisations liées à l’enrichissement azoté d’origine principalement agricole. Ces données sont à l’origine des séries concernant la qualité de l’eau en rade. |
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L’intérêt scientifique des suivis réalisés étant démontré il restait à construire une structure administrative qui allait prendre le relais de ces travaux et permettre la pérennité des observations. En 1991, Paul Tréguer présente le concept d’IUEM avec la volonté de fédérer et d’amplifier la recherche universitaire brestoise en Sciences de la Mer en lui donnant une visibilité nationale et internationale. En 1994, l’IUEM est créé et se dote d’un Observatoire du Domaine Côtier. Cette même année, l'IUEM entre dans le Service d’Observation du Milieu littoral (SOMLIT) du CNRS. En 2000, l’IUEM intègre le « Réseau National des Stations Marines ». Depuis, l’Observatoire Marin de l’IUEM a élargi ses observations au milieu hauturier. Physiciens, chimistes et biologistes pilotent des observations de concert dans une même structure transdisciplinaire observant la mer.