1ére édition du colloque OSTREA, le 8 septembre à Océanopolis

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L’huître plate, Ostrea edulis, la seule huître native des côtes européennes, était autrefois dominante sur la plupart des côtes françaises. Convoitée depuis l’Antiquité, l’espèce et son habitat récifal ont fait l’objet d’une surexploitation intense à partir du 18ème siècle. Si l’ostréiculture a permis de freiner son déclin au 20ème siècle, l’espèce est désormais menacée de disparition à l’aube du 21ème. Cependant, depuis une dizaine d’années, elle fait l’objet d’une attention particulière qui ouvre la voie de sa restauration écologique.

Dans ce contexte, le 8 septembre 2023 se tient à Océanopolis la 1ère édition d’Ostrea. Ce colloque est consacré exclusivement à l’huître plate et dédié à un public assez large : professionnels, gestionnaires, scientifiques et collectivités. Au cours de cette journée, des mini-conférences scientifiques, des témoignages d’ostréiculteurs et de pêcheurs, des tables-rondes permettront aux participants de découvrir l’histoire maritime de cette espèce, les enjeux pour la filière conchylicole, les avancées récentes sur sa biologie et les chantiers de restauration écologique en cours de mise en place en France et en Europe. Aussi, si vous ne l’avez pas encore fait, réservez votre journée du 8 septembre 2023 et inscrivez-vous avant le 29 août sur ce lien.

A noter également que le lendemain, le samedi 9 septembre, se tiendra le concours régional des écaillers de Bretagne-Nord. Il aura lieu à La Pam à Brest (56 Rue d’Aiguillon, 29200 Brest). Venez également nombreux assister à cette compétition originale qui donnera lieu à des dégustations d’huîtres et des animations.

L’évènement Ostrea 2023 est organisé par le CRC Bretagne-Nord, l’Ifremer et Océanopolis. Ce colloque bénéficie du soutien financier du Comité National de la Conchyliculture, du Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne-Nord, d’Océanopolis, du programme Européen Life Marha conduit par l’OFB, de l’Ifremer et de la Banque Populaire Grand Ouest. Le contact à l’Ifremer et au LEMAR est Stéphane POUVREAU.

 

Retour sur la campagne « bas carbone » DRASTIC

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Une campagne océanographique «  bas carbone » à bord d’un vieux gréement sur les côtes Norvégiennes.

Au cercle polaire, où les eaux de l’Atlantique Nord et de l’Arctique se rencontrent, les scientifiques du LEMAR à l’Institut Européen de la MER à Brest (IUEM) étudient le silicium, un nutriment essentiel pour les micro-organismes marins tels que les diatomées et les radiolaires. Ces derniers sont à la base de la chaîne alimentaire marine. Ils jouent également un rôle clé dans la production de l’oxygène que nous respirons et dans la séquestration du carbone atmosphérique.

Le projet vise à mieux comprendre les changements environnementaux marins aux hautes latitudes et leurs conséquences sur le devenir des organismes siliceux planctoniques.

Les scientifiques ont été les premiers à alerter sur le changement climatique et veulent maintenant montrer les voies de l’atténuation et de la réduction des émissions de carbone. Les recherches ont donc été menées à partir d’un voilier. L’équipement du bateau était également exempt de carbone : le treuil principal permettant d’envoyer le matériel scientifique à 1 000 mètres de profondeur n’était alimenté que par l’énergie humaine, les scientifiques étant transformés en cyclistes ! Ce « vélotreuil » low tech, a démontré son efficacité et permis aux scientifiques de faire un peu de sport. Par rapport aux navires océanographiques conventionnels, l’empreinte carbone de la campagne a été réduite de 70 tonnes de CO2 (émissions annuelles de 11 Norvégiens). Le coût de la campagne étant également moins élevé, cela signifie que la réduction des émissions de carbone a permis d’économiser de l’argent. En effet, le coût d’abattement du CO2 pour la mission est estimé à environ 1000 € par tonne. Le voilier de 20 mètres était le LUN II, un superbe bateau en bois construit en Norvège (autour d’Alesund) en 1914. Il est principalement utilisé comme cargo à voile, sous la direction de son capitaine Ulysse Buquen, et a permis l’installation de laboratoires pour la filtration de l’eau et les observations microscopiques.

L’équipe scientifique etait intergénérationnelle (de 29 à 58 ans), internationale (chercheurs de Brest, d’universités britanniques et américaines), paritaire et dirigée par des femmes. Elle était constituée de 9 personnes dont plusieurs membres ou ex-membres du LEMAR (liens vers leur portrait) : Aude Leynaert, Lucie Cassarino, Matthieu Civel-Mazens, Natalia Llopis-Monferrer, Nicolas Djeghri, Jean Luc Baradat, Oscar Chuberre (photographe), Ulysse Buquen (le capitaine) & Magnus Brask Nordfonn (matelot).

Au cours de leur périple, ils ont donné des conférences dans les universités de Tromsøe, Bodø et Bergen et ont rencontré des scientifiques norvégiens afin de promouvoir la collaboration future et l’échange d’étudiants.

L’expédition a été financée principalement par le secteur public français : l’École Universitaire de Recherche Isblue, l’ANR (Agence Nationale pour la Recherche), le CNRS, la région Bretagne et le laboratoire LEMAR de l’IUEM.

 

Campagne océanographique APERO : Exploration de la pompe biologique de carbone dans la zone mésopelagique

Assessing marine biogenic matter Production, Export and Remineralization: from the surface to the dark Ocean, soit l’Évaluation de la production, de l’exportation et de la reminéralisation des matières biogènes marines : de la surface aux grands fonds océaniques.

Co-portée par le LEMAR, le MIO et le LOV, la campagne APERO est une des plus grandes campagnes océanographiques de ces dernières années. Cette recherche multidisciplinaire implique une quinzaine de laboratoires français, européens et nord-américains, soit plus de 120 scientifiques dont 65 en mer.

Le projet propose une approche mécaniste de la pompe biologique de carbone en zone mésopélagique (export de la production de carbone biogène en surface et devenir dans la colonne d’eau entre -200 et -1000 mètres) à travers une collaboration entre les sciences de l’environnement, l’océanologie, la climatologie, les sciences du numérique et la biologie. L’objet de l’étude est l’écart entre la quantité de carbone organique produite par photosynthèse transférée vers l’océan profond et la demande métabolique en carbone dans la colonne d’eau.

Pour cela, le projet mobilise deux navires océanographiques, le Thalassa et le Pourquoi Pas? (illustration en bannière de cet article), pendant 40 jours, entre le 3 juin et le 17 juillet 2023, au dessus de la station permanente anglaise PAP-SO en Atlantique Nord Est (48° 50’ N 016° 30’ W). Ce choix permet à l’expédition de profiter du grand bloom estival : c’est le moment durant lequel se produit le maximum d’export particulaire de carbone dans l’océan profond.


Mise à l’eau de ROMARIN (ROsette for Multiple mARine sNow catcher) à bord du Pourquoi Pas? durant la campagne océanographique APERO. © Images Simon Rondeau



En cohérence avec l’approche mécaniste, APERO aborde la pompe biologique de carbone de manière holistique à travers une considération globale de l’écosystème mésopélagique, du virus (échelle du nanomètre) au micronecton (échelle du centimètre) et une prise en compte des variations environnementales.

En intégrant ces différentes approches, les scientifiques peuvent obtenir une vision plus complète de la pompe biologique de carbone contribuant ainsi à une meilleure compréhension des impacts du changement climatique sur les écosystèmes marins.

Vous pouvez suivre le Journal de bord de la mission sur le site www.aperocruise.fr et découvrir les thématiques scientifiques d’APERO sur le blog bi-hebdomadaire du CNRS Journal. Pour rester informés de l’actualité, rendez-vous sur le Twitter d’@APERO_cruise. Enfin, le Youtubeur Simon Rondeau, connu sous le nom de Melvak par ses abonnés, sera à bord de la mission pour réaliser des vidéos de vulgarisation scientifique disponibles  sur sa chaîne Youtube et sur le Twitter de la campagne!

Au total, 11 collègues du LEMAR sont embarqués :

Bonne mission à toutes et tous !

 

Séminaire de présentation du LEMAR à Essaouira

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Pour lancer de nouvelles opportunités de collaboration entre le LEMAR et l’école supérieure de technologie de l’Université Cadi Ayyad, un séminaire de présentation des travaux en cours a été organisé à Essaouira. Laure Pecquerie a présenté le projet OMEGA, la modélisation DEB et des pistes pour de futures collaboration tant en terme de recherche que de formation, Marie Bonnin a présenté le projet Nawras, « Assessing Ocean Legal Protection using IA«  et les possibilités de collaboration qu’il offre.
Karima Khalil et Khalid Elkalay qui ont tous les deux déjà travaillé avec des chercheurs du LEMAR, ainsi que des professeurs en écologie marine et biogéochimie et plusieurs doctorants était présents. Pauline Desruelles chargée de la valorisation à la représentation de l’IRD au Maroc était également présente.

Un puits de CO₂ dans le désert marin du Pacifique Sud

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Quatre collègues du LEMAR (Jérémie Habasque, Frédéric Le Moigne, Anne Lebourges-Dhaussy et Géraldine Sarthou) ont participé à une vaste étude internationale basée sur les résultats de la campagne TONGA. Cette étude, dirigée par Sophie Bonnet (MIO) et Cécile Guieu (LOV) porte sur le mécanisme de fertilisation naturelle par le fer dans l’océan par les sources hydrothermales et vient d’être publiée dans le prestigieux journal Science.

Communiqué de presse

Un processus nouvellement identifié de fertilisation naturelle en fer dans l’océan alimente des puits régionaux de CO₂. C’est ce que démontre une étude publiée le 25 mai dans Science et co-écrite par 25 chercheurs et chercheuses issus du projet Tonga piloté par deux chercheuses de l’IRD et du CNRS, regroupant plus de 90 scientifiques de 14 laboratoires français basés en métropole et en Nouvelle-Calédonie, et de 6 universités internationales. Dans cet article, l’équipe de recherche a étudié les volcans sous-marins peu profonds de l’arc volcanique de Tonga (Pacifique Sud), qui relarguent des fluides hydrothermaux riches en fer, un micronutriment essentiel à la vie. Une partie du fer émis dans ces fluides atteint la couche éclairée de l’océan, celle où se fait la photosynthèse c’est-à-dire la fixation du CO₂ par les microalgues du plancton. Cela stimule fortement l’activité biologique dans cette zone, notamment celle des diazotrophes1, créant ainsi une vaste efflorescence d’environ 400 000 km2, véritable oasis de vie au milieu du désert marin du Pacifique Sud, et une séquestration accrue de CO2 vers l’océan profond.

Pour documenter le lien mécaniste entre l’apport de fer par le volcanisme sous-marin et la réponse de la communauté planctonique de surface, les chercheurs et chercheuses ont combiné des observations acoustiques, chimiques, physiques et biologiques acquises au cours de l’expédition océanographique Tonga, réalisée en 2019 à bord du navire L’Atalante de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer.

Dans cette étude, les scientifiques démontrent que les fluides émis le long de l’arc volcanique de Tonga ont un impact considérable sur les concentrations en fer dans la couche éclairée. Cet enrichissement stimule l’activité biologique, ce qui entraîne la formation d’une vaste oasis de vie riche en chlorophylle, dominée par le diazotrophe Trichodesmium. En comparaison avec les eaux adjacentes non fertilisées en fer, l’activité des diazotrophes y est 2 à 8 fois plus élevée et les flux de séquestration de carbone dans l’océan profond 2 à 3 fois. Ces résultats révèlent un mécanisme de fertilisation naturelle par le fer dans l’océan par les sources hydrothermales, qui alimente des puits régionaux de CO2 atmosphérique.

Les diazotrophes planctoniques sont des organismes microscopiques omniprésents dans l’océan. Ils jouent un rôle crucial puisqu’ils agissent comme des engrais naturels en fournissant de l’azote nouvellement disponible à la biosphère de l’océan de surface, un nutriment essentiel mais rare dans la plupart de nos océans. Le Pacifique Sud subtropical occidental est un haut lieu de l’activité des diazotrophes, avec une contribution estimée à 21% de l’azote mondial apporté par ce processus.

On sait que l’apport de fer par le biais des dépôts atmosphériques contrôle la biogéographie des diazotrophes à grande échelle, mais ces apports éoliens sont extrêmement faibles dans cette région éloignée. Cela suggère la présence d’autres processus de fertilisation en fer, tel que celui mis en évidence ici pour la première fois. L’identification de ces processus est de la plus haute importance car les diazotrophes ont récemment été identifiés comme des moteurs clés de la future fixation de CO2 par l’océan en réponse au changement climatique.

 

Référence
Sophie Bonnet, Cécile Guieu, Vincent Taillandier, Cédric Boulart, Pascale Bouruet-Aubertot, Frédéric Gazeau, Carla Scalabrin, Matthieu Bressac, Angela N. Knapp, Yannis Cuypers, David González-Santana, Heather J. Forrer, Jean-Michel Grisoni, Olivier Grosso, Jérémie Habasque, Mercedes Jardin-Camps, Nathalie Leblond, Frédéric Le Moigne, Anne Lebourges-Dhaussy, Caroline Lory, Sandra Nunige, Elvira Pulido-Villena, Andrea L. Rizzo, Géraldine Sarthou, Chloé Tilliette.
Institut méditerranéen d’océanologie (CNRS/Aix-Marseille Université/IRD/Université de Toulon), Laboratoire d’océanographie de Villefranche (CNRS/Sorbonne Université), Laboratoire Adaptation et diversité en milieu marin (CNRS/SU), Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (CNRS/IRD/MNHN/SU), Laboratoire Geo-ocean (CNRS/Ifremer/UBO), Laboratoire des sciences de l’environnement marin (CNRS/IRD/Ifremer/UBO), Institut de la Mer de Villefranche (CNRS/SU).
Natural iron fertilization by shallow hydrothermal sources fuels diazotroph blooms in the Ocean, Science, 25 mai 2023. DOI: 10.1126/science.abq4654.