Rade de Brest et mer d'Iroise

Un milieu physique original

Située à l’extrémité ouest de la pointe bretonne, la mer d’Iroise et la rade de Brest sont des sites particulièrement riches en termes de biodiversité et empreints d’éléments patrimoniaux forts. Cette richesse biologique a toujours offert aux populations humaines de nombreux services écosystémiques clés que ce soit pour la pêche, pour l’aquaculture, mais également l’agriculture ou bien simplement pour l’art de vivre.

La rade de Brest est un écosystème côtier semi-fermé d’une superficie totale moyenne de 180 km2, au régime macrotidal avec des amplitudes de marées comprises entre 2 et 8 m. D’une profondeur moyenne de 8 m, la rade reste un milieu côtier peu profond : plus de la moitié de sa surface n’excède pas 5 m de fond. La rade est alimentée par six bassins versants d’une surface totale de 2 645 km2, mais les deux principaux sont ceux drainés par les rivières de l’Aulne (1 821 km²) et de l’Elorn (380 km² ). Les échanges avec l’Océan se font à l’Ouest par le goulet : un canal étroit (1,8 km de large) et profond (40 m). Le temps de résidence moyen des masses d’eau est d’environ 25 jours. La faible profondeur de la baie et le mélange des eaux induit par les forts courants de marée empêchent la stratification verticale et l’accumulation de nutriments dans l’écosystème et limitent donc l’eutrophisation.

La Mer d’Iroise est limitée au nord par une ligne allant de l’île d’Ouessant à la Pointe Saint-Mathieu, via l’archipel de Molène et la chaussée des Pierres Noires ; au sud du phare d’Ar-Men jusqu’à la pointe du Raz par la chaussée de Sein et le Raz de Sein. Sa limite occidentale est une ligne allant des écueils ouest de l’île d’Ouessant à l’extrémité de la chaussée de Sein. Elle communique à l’est avec la rade de Brest (par le goulet de Brest) et avec la baie de Douarnenez. Elle est caractérisée par de forts régimes macrotidaux. Le vent et les flux atmosphériques, représentent, avec la marée, les principales forces qui régissent la dynamique physique de cette mer. Tous ces forçages sont responsables de la formation d’un front remarquable, qui représente la caractéristique prédominante de la mer d’Iroise entre mai et octobre. En été, les vent sont moins importants et les radiations solaires chauffent la surface de la mer conduisant à une stratification de la colonne d’eau. Cette stratification est rompue par de forts courants de marée qui peuvent atteindre 4m.s-1 à l’est de l’île d’Ouessant, ce qui entraîne un mélange complet de la colonne d’eau. Le front d’Ouessant représente la zone entre les eaux stratifiées et les eaux mélangées et il est caractérisé par un gradient horizontal prononcé avec des changements de la température de surface de la mer de 4°C en moins d’un mile marin.

Un oasis de biodiversité soumis à de multiples pressions

Cette espace maritime unique, sous la juridiction de deux parcs naturels (le Parc Naturel Marin d’Iroise  et le Parc Naturel Régional d’Armorique) abritent des espèces et des habitats emblématiques, dont certains menacés. On peut lister par exemple :
  • Des habitats benthiques à enjeux prioritaires (Bancs de Maërl, Herbiers de Zostères, Champs de Blocs, Forêts de Laminaires, Récifs biogéniques d’Huîtres et de Moules)
  • Des populations d’invertébrés benthiques patrimoniaux (Huîtres, Coquilles Saint Jacques, Pétoncles Noir, Praires, Ormeaux, Langoustes…)
  • Des espèces de poissons et mammifères marins remarquables (Bars, Petits pélagiques, Grands dauphins, phoques)
  • Des colonies d’oiseaux marins et limicoles protégées (Grand gravelot, Huitrier pie, Tournepierre, Courlis, Puffin…)
  • Des habitats terrestres littoraux à forte valeur (Dunes, Landes et Pelouses)
Ce milieu, encore riche de biodiversité, abrite de nombreuses espèces marines, des communautés macrobenthiques et des habitats remarquables : des gisements de maërl, des anciens bancs d’huîtres plates, des sédiments mixtes de crépidules, des herbiers de zostères, des populations de coquilles saint jacques, de praires, de pétoncles noirs et de palourdes, d’importants récifs intertidaux d’huîtres creuses…Néanmoins, cet écosystème est également sous la pression des activités humaines : le nord de la Rade abrite une population de 400 000 habitants (métropole de Brest) alors que le sud est plus influencé par les activités agricoles intensives et les installations militaires. La richesse du milieu favorise le développement des activités professionnelles telles que la conchyliculture et la pêche professionnelle qui contribuent au dynamisme socio-économique local. Enfin, la rade de Brest est aussi le siège d’activités industrielles portuaires intenses avec le transport maritime et la réparation navale civile ainsi que de nombreuses activités récréatives et de loisirs (pêche à pieds, navigation et pêche de plaisance, et nombreux sports nautiques).

 

Une attention scientifique particulière

Depuis longtemps étudiées par le pôle scientifique brestois, la rade de Brest et la mer d’Iroise font partie d’un vaste réseau scientifique formé par les Zones Atelier dont la problématique est l’étude de l’interaction entre un milieu et les sociétés qui l’occupent et l’exploitent. La Zone Atelier Brest-Iroise (ZABrI) a été labellisée par l’Institut Ecologie et Environnement (INEE) du CNRS en 2012 et a pour objectif d’améliorer la compréhension du fonctionnement et de l’évolution du socio-écosystème côtier, dans un contexte de changement et dans une perspective de gestion intégrée.

La rade est aussi un site particulier d’étude pour l’Observatoire IUEM et le laboratoire international (LIA) BeBest.

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