Efflorescences de microalgues toxiques – Comment maintenir les pêcheries de coquilles ?

Le lancement du projet MaSCoET, coordonné scientifiquement par l’Ifremer et impliquant le Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR, UBO/CNRS/IRD/Ifremer) de l’IUEM a eu lieu le 26 mars 2019. Il vise à mieux comprendre les efflorescences toxiques de l’algue Pseudo-nitzschia et leurs conséquences sur les pêcheries de coquilles Saint-Jacques.

La coquille Saint-Jacques est la troisième espèce vendue sur les criées françaises. Elle est exploitée du nord de la France aux Pertuis Charentais. Depuis les années 2000, partout sur le littoral, les professionnels ont été contraints à des fermetures de la pêche dues aux efflorescences de la microalgue Pseudo-nitzschia, capable de produire des toxines amnésiantes rendant les coquillages impropres à la consommation. Ces fermetures peuvent susciter un report de pêche sur une autre espèce, le pétoncle noir.

Plusieurs aspects de ces contaminations interrogent encore les scientifiques. Comment les efflorescences se développent d’un site à l’autre ? Pourquoi la coquille Saint-Jacques se décontamine-t-elle lentement par rapport au pétoncle noir ? La ressource en pétoncle noir est-elle suffisante pour pallier aux fermetures de coquilles Saint-Jacques ? Le projet MaSCoET (Maintien du stock de coquillages en lien avec la problématique des efflorescences toxiques) vise à répondre à ces questions et à émettre des recommandations aux gestionnaires des pêches pour permettre l’élaboration d’outils
de gestion en concertation avec les professionnels.

Des mesures en cours suite à une première efflorescence de Pseudo-nitzschia

Le suivi des efflorescences a déjà commencé depuis début mars, avec des prélèvements d’eau réguliers effectués par les équipes scientifiques pour suivre un premier épisode de Pseudo-nitzschia relevé par le REPHY (Réseau d’observation et de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines) en pointe finistérienne.
Un site atelier en rade de Brest sera plus particulièrement suivi pour la contamination des coquillages et le suivi de la population de pétoncle. Des analyses fines sur les coquillages à différents stades de contamination seront menées à l’écloserie du Tinduff (29) et en laboratoire. La population de pétoncle noir sera évaluée grâce à une campagne
de pêche, avec des mesures d’abondance. Ces travaux scientifiques de terrain seront complétés par le développement d’outils de calculs numériques. Le projet permettra ainsi de mieux comprendre les phénomènes étudiés, tester des hypothèses ou scénarios avec l’objectif d’aboutir in fine à des propositions et/ou scénarios de gestion.

Le projet MaSCoET est financé principalement par FFP (France Filière Pêche) mais aussi par Brest Métropole, pour une durée de 5 ans. Il est mené au niveau scientifique par l’Ifremer (coordinateur) et le Lemar, en partenariat avec plusieurs comités des pêches (CDPMEM29, CDPMEM22, CRPMEM Bretagne, CDPMEM17, CRPMEM Normandie, CDPMEM56 et COREPEM) et avec l’appui de l’écloserie du Tinduff.

Crédit photo : Ifremer – Xavier Caisey

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Ika Paul-Pont, Chercheure en écotoxicologie marine au LEMAR : Médaille de bronze CNRS 2019

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai commencé mon parcours de recherche par une thèse qui portait sur les interactions entre contaminants métalliques et micro-organismes pathogènes sur des mollusques bivalves à la station marine d’Arcachon. J’ai particulièrement apprécié cette thématique « multistress » à l’interface entre l’écotoxicologie et l’étude des relations hôte-pathogène chez des modèles bivalves. J’ai d’ailleurs essayé de conserver cette approche pluridisciplinaire dans la suite de mes travaux. Je suis ensuite partie 2 ans en Australie pour travailler sur l’épidémiologie d’un virus qui cause des mortalités massives d’huitres dans cette région du globe mais aussi en France et dans de nombreux autres pays. Ce postdoc m’a permis de travailler main dans la main avec des ostréiculteurs pour mettre en place de nouvelles pratiques d’élevage afin de réduire les mortalités dues au virus ; ça a été une expérience très riche scientifiquement et humainement.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Ma thèse faisait partie d’un projet ANR en collaboration avec le LEMAR et un de mes sites d’étude était situé à Landéda. Je suis donc venue à l’IUEM très régulièrement pendant mes 3 années de doctorat. J’ai eu un réel coup de cœur pour le coin et l’équipe du LEMAR avec qui j’ai eu la chance de travailler. Lorsque j’ai décidé de rentrer en France en 2013, il était donc évident pour moi de venir travailler à l‘IUEM. J’ai eu l’opportunité de démarrer un postdoc sur les microplastiques, un sujet bien différent de mon expérience australienne, mais qui me permettait de renouer avec les aspects de toxicologie dans l’environnement marin. Pendant cette année de postdoc j’ai candidaté au CNRS et j’ai été recrutée en tant que chargée de recherche en octobre 2014.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je développe la thématique microplastiques au LEMAR en binôme avec Arnaud Huvet (Ifremer). Nous nous intéressons au devenir et aux impacts des microplastiques et nanoplastiques sur les écosystèmes côtiers. Nous développons 3 grands axes de recherche :

  • Nous menons des campagnes d’échantillonnage en milieu côtier (principalement rade de Brest à bord de l’Hésione et l’Albert Lucas) avec Anne-Laure Cassone (CNRS) afin de déterminer les niveaux de contamination et d’essayer d’identifier les sources et le devenir des particules en rade.
  • Les débris plastiques en mer étant des substrats très rapidement colonisés par tout un cortège microbien, nous nous intéressons aux pathogènes associés aux microplastiques et au rôle de ces particules dans la dissémination de micro-organismes pathogènes et l’émergence de maladies. Je retrouve ici mes approches multistress.
  • Enfin, nous étudions en laboratoire, via des expériences in vitro et in vivo, la toxicité des micro- et nanoplastiques sur des organismes marins modèles, à savoir le phytoplancton et les mollusques bivalves. Dans ce cadre, Kevin Tallec, doctorant, étudie notamment l’effet des nanoplastiques sur les jeunes stades de vie de l’huître (gamètes, embryons, larves) afin d’appréhender l’impact de ce contaminant sur l’ensemble du cycle de vie de cette espèce.

Ces 3 axes sont abordés à travers différents projets de recherche menés aux échelles régionale (SAD IN MEMO), nationale (ANR Nanoplastics ; CRD ANSES ; PROMPT ; FUI Microplastic2 ; DRMM MICROLAG) et européenne (Interreg MICRO ; Interreg PPP). Cette année, nous avons aussi participé à la création d’un GDR CNRS, « Polymères et Océans », qui vise à fédérer la communauté scientifique nationale, pluridisciplinaire et très diverse, sur la thématique du devenir et des impacts des plastiques dans l’environnement aquatique.

Au sein du LEMAR, je m’occupe aussi de l’oganisation des séminaires avec Aurélie Chambouvet et de l’organisation des Journées du LEMAR (JDL) avec Anne-Laure Cassone. Enfin, je participe à un groupe de travail récemment créé, et animé par Arnaud Huvet et Sébastien Artigaud, sur l’éco-responsabilité dans la recherche.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Entre les péripéties sur le terrain, les surprises lors de manips en laboratoire et les situations rocambolesques en colloque, j’en aurais plein à raconter, mais ce sont à chaque fois des histoires à rallonge… Une sombre histoire de carboglace sur une aire d’autoroute bordelaise rappellera sûrement des souvenirs à certains Lemariens !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’ai eu de merveilleux moments dans chacune de mes expériences professionnelles, donc il est difficile d’en choisir un. Les plus beaux souvenirs qui me viennent en tête en premier concernent les sorties sur le terrain, aussi bien dans le bassin d’Arcachon que dans les rivières d’Australie ou dans la rade de Brest : ces moments de grâce très tôt le matin lorsqu’on a la chance de pouvoir admirer la beauté de la nature, là, sur l’eau, alors que tout se réveille doucement avec le lever du soleil… C’est unique et magique ! Un autre très bon souvenir, plus pragmatique, qui me vient tout de suite est le jour où j’ai eu le concours CNRS ! J’étais tellement heureuse et soulagée, j’ai bien mis une semaine à m’en remettre et à recoller les pieds sur terre !

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Les voyages, la plongée, la randonnée et la découverte du monde, de nouvelles cultures.

As-tu une devise ?

La vie étant rarement un long fleuve tranquille j’aime beaucoup cette citation de Benjamin Pelletier : « La force des vrais détours n’est pas d’éloigner mais d’amener au but avec plus d’exactitude ».

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Ika Paul-Pont

Crédit photos : LEMAR

Séminaire interdisciplinaire du projet PADDLE au Cap Vert

Le premier séminaire interdisciplinaire du projet PADDLE a été co-organisé avec le réseau des parlementaires pour l’environnement  (APPEL-IUCN Sénégal) les 28 et 29 mars 2019. Il a réuni une trentaine de participants.

Au cours de la première journée, il a permis  de mettre en évidence l’importance des approches comparées entre systèmes juridiques de la même région. La deuxième journée était consacrée aux opportunités et limites de l’utilisation du processus de planification spatiale marine.

Le projet PADDLE a d’abord été présenté par la coordonnatrice. Le Professeur Calado a ensuite introduit le concept de Planification spatiale marine (PSM). Le travail de cartographie du droit de l’environnement marin a ensuite été présenté par Marie Bonnin. Cet atlas montre le développement sans précédent du droit de l’environnement marin au Cap-Vert mais servira également comme base à toutes démarches de planification spatiale marine. Le Professeur Calado a ensuite souligné l’importance des impacts sociaux possibles de la PSM et souligné l’intérêt de développer des études d’impact non plus seulement environnementales mais également sociales. Maria Auxilia Correia de l’INDP a ensuite présenté les défis de la recherche halieutique au Cap-Vert dans un contexte de développement des activités humaines en mer. L’après-midi a ensuite permis aux participants de débattre sur les pistes d’outils juridiques qui pourraient être proposées.

Contact

Marie Bonnin

Crédit photo : Racine Kane

40 ans de recherche sur l’organisation métabolique à l’IUEM

Cet événement se déroule du 1er au 12 avril 2019 à l’IUEM. Il a débuté par une école thématique du 1er au 6 avril. Un workshop se tiendra les 8 et 9 avril puis le colloque international du 10 au 12 avril. Cette manifestation est organisée par des scientifiques du laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR) de l’IUEM. DEB 2019 est la sixième édition d’une série de télé-cours, d’écoles et de symposiums qui ont lieu tous les deux ans. L’édition 2019 marquera le 40ème anniversaire de la théorie DEB et le 10ème anniversaire des symposiums dont le premier a été organisé à Brest en 2009.

Qu’est-ce-que le DEB ?

La théorie DEB est un ensemble d’hypothèses cohérentes à partir desquelles des modèles mathématiques suivent pour l’étude de l’organisation métabolique au niveau individuel et de l’interaction avec un environnement variable.

La théorie du Dynamic Energy Budget (DEB) vise à unifier les points communs d’organisation métabolique entre organismes (animaux, plantes, bactéries…). Cette théorie repose sur un nombre restreint d’hypothèses, formulées sur le modèle d’équations mathématiques permettant de quantifier la croissance, le développement, la reproduction d’un organisme tout au long de son cycle de vie en fonction des aliments disponibles et de la température. Elle permet également de modéliser les effets des facteurs de stress tels que les contaminants, les agents pathogènes, l’oxygène, le pH.

Dans le contexte actuel d’érosion de la biodiversité, la comparaison des traits fonctionnels des espèces n’est pas la seule application de la théorie DEB. La prédiction des effets du changement global, une meilleure compréhension des données géographiques des espèces, les effets des facteurs de stress environnementaux, l’optimisation de la bioproduction, la gestion des ressources exploitées et le contrôle des espèces invasives sont aussi des applications pour lesquelles une meilleure compréhension du métabolisme des espèces et comment il est contrôlé par l’environnement est essentiel. La théorie DEB a permis de supprimer certains obstacles scientifiques avec plus de 820 publications.

Les objectifs de DEB2019

Ce symposium vise à :

  • Rassembler des chercheurs en biologie, en mathématiques, en ingénierie, en chimie et en physique pour résoudre des problèmes biologiques/écologiques
  • Introduire de nouveaux problèmes difficiles où l’analyse mathématique est utilisée pour résoudre des questions écologiques
  • Stimuler la recherche biologique dans le style de la physique, en utilisant des hypothèses mécanistes explicites, plutôt que des descriptions, et réfléchir aux implications de ces hypothèses pour de nouvelles situations (qui n’ont peut-être jamais été étudiées auparavant)
  • Créer une plateforme pour les conférences qui ont suivi un cours précédent de DEB pour présenter les résultats obtenus depuis lors
  • Introduire de nouvelles idées dans la communauté du DEB en invitant des conférenciers d’honneur à l’extérieur de cette communauté

Les participants à DEB2019

L’événement s’adresse aux étudiants diplômés et aux scientifiques, mais les étudiants de premier cycle avancés sont également les bienvenus. Les participants doivent avoir une formation en biologie, en mathématiques, en ingénierie, en chimie ou en physique avec un intérêt particulier pour les aspects quantitatifs de l’organisation métabolique des systèmes vivants.

Le symposium réunit un public international intéressé par le développement et l’application de la théorie du DEB dans le contexte des approches écosystémiques de la gestion des ressources du système terrestre.

Les participants aux cours précédents ont rédigé un certain nombre de numéros spéciaux sur la théorie du DEB et ses applications. Certains se sont impliqués dans l’organisation des précédents symposiums de Brest, Lisbonne, Texel, Marseille et Tromso. Ils seront sur place et pourront transmettre leur expérience. Les participants de 2005 ont créé le Groupe de recherche AQUADEB sur les applications de la théorie des DEB aux organismes aquatiques, et ceux de 2015 ont créé le projet de recherche gratuit de 3 ans « FRamework for integrating Eco-physiological and Ecotoxicological data into ecosystem-based management tools », ainsi qu’une automatisation accrue et la solidité des estimations des paramètres DEB, qui illustre très bien la faisabilité des activités menées après la formation.

Contacts

Jonathan Flye Sainte Marie

Crédit photos

Lola de Cubber (LOG) adapté de Farke et Berghuis (1979a, 1979b), Reise (1985) et Reise et al. (2001)

Josef Koch – Ghent University

Jonathan Flye Sainte Marie / UBO

ELD (Economics of Land Degradation) Initiative ReGreening Africa – Niger et Sénégal

C’est avec enthousiasme que l’équipe ELD d’AMURE, Emmanuelle Quillérou et Laure Zakrewski, a quitté l’hiver brestois pour profiter de la chaleur de Niamey, puis de Dakar pendant 2 semaines du 25 février au 8 mars 2019. L’équipe a eu la chance d’être accompagnée de Katia Frangoudes (UBO-AMURE) au Niger, puis de Silke Schwedes (GIZ GmbH, Agence de coopération internationale allemande pour le développement) au Sénégal pour poursuivre l’appui scientifique de 8 groupes d’études dans le cadre de l’initiative ELD.

Les équipes ont bien avancé dans le processus : bibliographie, collecte de données biophysiques et socio-économiques auprès des populations locales, tri et analyse des données… Les premiers résultats ont été discutés et les analyses s’affinent ! Selon ces premiers résultats, les bonnes pratiques de gestion des terres sembleraient en majorité viables économiquement. La présence de Katia Frangoudes, sociologue, a permis d’aborder avec les différents experts locaux, les problématiques de genre et de gouvernance afin d’identifier des points de blocage à l’adoption de ces bonnes pratiques non économiques.

Les rapports et la note politique de haut niveau sont en cours de rédaction. Les résultats des cas d’études pourront être présentés aux décideurs publics lors d’un atelier de dissémination d’ici quelques mois.

Pour rappel : AMURE est responsable de la coordination et de l’appui scientifique des différentes équipes ainsi que de la rédaction de rapports de synthèse, un pour chacun de ces pays. La pluridisciplinarité, la disponibilité et surtout la motivation des experts locaux permettent d’élaborer des études ELD aussi pertinentes qu’enrichissantes !

#ReGreenAfrica #ReGreenSenegal #ReGreenNiger #ELDSolutions #SDG15 #ReGreeningAfrica

Pour en savoir plus

Une phrase de résumé : Les bonnes pratiques de gestion des terres sembleraient en majorité économiquement viables en Afrique, le blocage vient d’ailleurs.

Contacts

Emmanuelle Quillérou

Laure Zakrewski

Katia Frangoudes

 

Légende de la photo : Chameau au repos dans une zone de mise en défens pour lutter contre la dégradation des terres, Kamb (Sénégal)

Crédit photo : Emmanuelle Quillérou / UBO

Travaux pratiques pour les M1 EGEL en presqu’île de Crozon.

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Dans le cadre de l’UE « Diagnostics environnementaux », les étudiants du M1 EGEL ont séjourné en presqu’île de Crozon durant la semaine du 11 au 15 mars 2019. Le programme de travail comprenait une série de visites de sites littoraux pour leurs aspects géologiques et géomorphologiques (plages de l’Aber et de Goulien, falaises rocheuses du Veryac’h et de Lostmarc’h, falaises meubles quaternaires de Pors Koubou, de Pen-Hat et de Trez-Rouz, ainsi que le port de plaisance de Morgat). Des sites fortement fréquentés (extrémité du Cap de la Chèvre, pointe de Dinan, pointe de Pen-Hir) ont également été examinés. Sur ces secteurs, ce sont les expérimentations des systèmes de gestion de la fréquentation et de restauration de la végétation dégradée qui ont été expliqués. L’intérêt de ces visites a été de préparer les travaux pratiques de diagnostics environnementaux. Encadrés par trois enseignants chercheurs en géomorphologie et écologie, ces TP ont permis de replacer dans leur contexte puis de réaliser des levers topographiques de profils de falaises et la cartographie phyto-sociologique de secteurs de landes et de leur état de dégradation sur les versants littoraux les surplombant.

Exposition sur les récifs coralliens fossiles et actuels

Cette exposition est le fruit d’une collaboration entre l’équipe de Paléontologie du laboratoire Géosciences Océan (LGO) de l’IUEM, et du Laboratoire Environnements Profonds (LEP) d’Ifremer.

Elle est installée du 12 mars au 8 avril dans le hall de l’IUEM. Les recherches sur le Paléozoïque (541 à 241 Ma) sont une spécialité de l’équipe brestoise de Paléontologie. Deux épisodes marquants, avec une expansion maximale des récifs, sont connus au cours du Paléozoïque, pendant une période  de climat chaud généralisé,  de type « effet de serre » qui s’étale sur 80 Ma, durant le Silurien et le Dévonien. Les récifs de ces époques ont recouvert jusqu’à 5 millions de km² (contre 280.000 Km² aujourd’hui). Nous prenons comme exemple ici les récifs d’âge Silurien  des régions du Nord de l’Europe et du Dévonien inférieur en  presqu’île de Plougastel.

Le LEP d’Ifremer propose un regard sur les coraux froids des environnements profonds, ces « Dark survivors » du plateau continental, plus méconnus que les coraux des eaux chaudes et peu profondes des régions tropicales, mais qui représentent également une biodiversité importante  à préserver.

Les récifs siluriens du Nord de l’Europe

L’Île de Gotland en mer Baltique expose sur 500 m d’épaisseur une importante série carbonatée de plateforme qui montre dans le temps, une succession de 5 ceintures récifales.  C’est une région de référence pour l’étude des récifs de cette époque. Les principaux bio-constructeurs sont des coraux Tabulés, des Tétracoralliaires  solitaires et des Stromatopores, qui sont des éponges calcifiées. Les Tabulés et les Tétracoralliaires disparaissent à la fin du Paléozoïque, remplacés par les Hexacoralliaires, coraux modernes. Quelques survivants des éponges calcifiées du Paléozoïque peuplent encore les mers chaudes du Pacifique.

Brest par 30°Sud

Les coraux fossiles et les récifs trouvés en presqu’île de Plougastel et Presqu’île de Crozon, nous enseignent qu’il y a eu des conditions d’environnement tropical et des mers chaudes en ces lieux, à certaines périodes de leur histoire. Les falaises de la Pointe de l’Armorique en Presqu’île de Plougastel montrent ainsi une coupe assez exceptionnelle dans un récif à Coraux et Spongiaires daté du Dévonien inférieur (410 Ma), comparable dans ses grandes lignes aux récifs actuels des régions chaudes.

Les coraux froids du Golfe de Gascogne

Les coraux d’eaux froides (de 6°C dans la plupart des océans à 12°C en Méditerranée), se développent dans les eaux profondes depuis 100 m  à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Ils se distinguent de  leurs cousins tropicaux par l’absence d’algues symbiotiques. Ils se nourrissent de  matière détritique et organique provenant de la surface des océans ou par prédation. Plusieurs espèces parmi les scléractinaires forment des récifs. Leur cartographie au large des côtes bretonnes jusqu’au Pays  Basque et vers le Nord jusqu’à l’Ouest de l’Irlande a été reprise en 2017 par des campagnes de plongées menées par l’Ifremer qui montrent qu’ils sont moins abondants que ne le montrait les cartes de Le Danois en 1948. Ces formes sont sensibles aux pressions anthropiques directes, et notamment au chalutage, mais aussi aux variations climatiques à l’échelle du siècle.

Les canyons profonds, immenses vallées sous-marines moins accessibles, pourraient être des zones de refuges notamment pour les habitats coralliens et de nombreuses autres  espèces. Les coraux froids y semblent relativement protégés du réchauffement climatique ou de l’acidification des océans, mais d’autres dangers les menacent comme la pollution, la pêche en eaux profondes , le développement de l’exploitation des ressources minières pétrolières et gazières et leurs rejets. Dans le Golfe de Gascogne des zones de protection Natura 2000 ont été proposées et un observatoire sera installé dans le canyon de Lampaul au large de la Bretagne.

Distribution des habitats de coraux froids (CWC) dans le canyon de Lampaul (Bourillet et al., 2012)

Lénaick Menot, Karine Olu et Julie Tourolle , Ifremer, Laboratoire des environnements profonds (LEP)

Alain Le Hérissé et Yves Plusquellec, Laboratoire Géosciences Océan (LGO).

Contact

Alain Le Hérissé

 

 

Yann Moalic, Post-doctorant en microbiologie au LMEE

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après un master en bio-informatique, j’ai fait ma thèse à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) à Ploufragan entre 2004 et 2008. Je travaillais sur l’intégration du rétrovirus endogène porcin dans le génome de cellules humaines infectées in vitro. Ensuite, j’ai fait un postdoctorat au Centre Ifremer de Brest au sein du laboratoire Environnement profond. J’étais chargé de mettre en place une approche de modélisation en réseau pour caractériser le flux génique entre les populations de divers organismes marins jusqu’en 2012.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

J’ai intégré le LMEE en 2013 en tant qu’enseignant-chercheur contractuel. Mon souhait était de continuer à travailler sur les environnements profonds mais plus à l’échelle moléculaire comme à l’époque de mon doctorat. J’ai exercé cette fonction pendant 5 ans jusqu’en juin 2018 et depuis septembre 2019, j’ai un contrat de postdoc sur un projet ANR qui vise à mieux comprendre le métabolisme des acides ribo-nucléiques (ARN, expression des gènes) chez les Archées.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Mon activité princpale concerne la création de mutants chez le modèle archée Thermococcus barophilus. J’ai participé à l’amélioration de l’outil génétique qui permet d’enlever des gènes dans cette Archée pour mesurer et évaluer leurs rôles fonctionnels. Ce modèle de laboratoire permet de comprendre comment cette espèce est adaptée à la vie sous pression puisque son habitat naturel se trouve à 3500 mètres de profondeur, au niveau de la ride Médio-Atlantique. Son optimum de croissance est de 400 bars ; le laboratoire dispose d’incubateurs haute pression et haute température qui permettent de reproduire cet environnement. Cela permet d’identifier les gènes qui sont régulés par l’effet de la pression hydrostatique puis nous recherchons leur rôle fonctionnel par mutagénèse.
Je collabore également avec les collègues du laboratoire côté Ifremer sur la stabilité des génomes face à ces environnements extrêmes (haute pression et haute température). J’ai été amené à créer des mutants dépourvus d’enzymes impliquées dans la réparation de l’ADN et j’utilise les nouvelles technologies de séquençage et mes compétences en bioinformatique pour mesurer l’impact génomique globale de leurs fonctions.

Enfin, je suis également sollicité par mes collègues écologistes pour mes compétences en analyse réseaux qui est une approche pertinente pour appréhender la complexité des interactions microbiennes au sein des écosystèmes.

Je suis aussi correspondant communication du laboratoire en binôme avec Stéphanie Renard, gestionnaire de notre unité.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

A la fin de ma thèse, j’habitais Morlaix et je faisais le trajet en train jusqu’à la gare de St Brieuc. De là, le Zoopôle de Ploufragan avait mis en place un système de navette qui était assuré par des taxis briochins. Durant ces trajets, j’avais donc souvent l’occasion de parler de mon travail et de m’exercer à la vulgarisation scientifique. C’était en 2006/2007 pendant l’épizootie de grippe aviaire dont Ploufragan était le laboratoire de référence européen chargé d’analyser tous les échantillons suspects de France. Les chauffeurs étaient donc plutôt réceptifs à ce qui se passait dans mon laboratoire. Un jour, il y en a un qui m’a dit « vous les chercheurs, vous êtes comme les peintres, vous devenez célèbres après votre mort ». C’était sur la ton de la plaisanterie et j’avoue que ça m’a fait rire sur le coup mais, ça m’a aussi fait réfléchir sur le métier de chercheur en tant qu’activité quotidienne et la perception que la société peut avoir de cette profession. Je n’ai pas choisi d’être chercheur pour être célèbre mais si ça arrive un jour, j’espère que je serai encore vivant. Une chose est certaine, c’est que cette comparaison entre un chercheur et un artiste m’a aidé à prendre conscience de l’importance du côté créatif du métier de chercheur. Cela m’a aussi souvent aidé à tenir le coup quand les résultats espérés se faisaient attendre, que ce soit au laboratoire ou de la part de l’ESR.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’ai plein de bon souvenirs mais le plus improbable a été de photographier en direct pendant un quart ROV, un nudibranche à 850m de fond dans le golfe de Gascogne (cf photo)

Quels sont tes centres d’intérêt ?

En dehors de la science, j’ai une vie de famille bien remplie. Mais avec le peu de temps qu’il me reste je joue de la guitare et je profite du SUAPS pour faire de la Savate.

As-tu une devise ?

« never give up, never surrender » Quincy Taggart

et

« Wer immer strebendsich bemüht, den können wir erlösen » Goethe.

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Yann Moalic

Workshop sur une approche comparée de la planification spatiale marine (PSM) entre l’Union Européenne et le Brésil

Cet atelier scientifique s’est déroulé à Recife au Brésil les 4 et 5 février 2019.

 

Il a été  organisé par le projet H2020-MSCA-RISE PADDLE avec l’aide et le soutien de :

  • “A estratégia brasileira de gestao sustentavel dos recursos marinhos vivos et nao vivos” (UnB, UFC e UPM – CAPES)
  • Laboratoire Mixte International Tapioca (IRD, UFPE, UFRPE)
  • Bacharelado em Oceanografia da UFPE – 10 anos
  • Wageningen University
  • Faculdade de Ciências da Universidade de Lisboa

Il a rassemblé 65 participants (30 européens et 35 brésiliens). L’intérêt de ce workshop pour les partenaires locaux a été souligné par la participation de nombreuses administrations (Ministère de l’environnement fédéral, Ministère de l’environnement du Pernambuco, Commission interministérielle pour les ressources de la mer). Plusieurs universités brésiliennes étaient également représentées (Univ Brasilia, UPM-Sao Paulo, UFPE, UFRPE, Univ. Cearra).

L’introduction générale a permis de poser le cadre conceptuel du workshop qui s’interrogeait sur les différentes perspectives en termes de gouvernance en mer. Des zones de pêches aux réserves de surf, en passant par les aires marines protégées et la législation encadrant l’exploitation pétrolière, une série de présentations a dressé un panorama des zones existant au Brésil… Une première étape vers les prémices de la PSM au Brésil, a été présentée le lendemain. Mais auparavant, un détour en Europe a été permis par les partenaires européens du projet, qui ont présenté la PSM au Portugal, en France et en Mer du Nord, encadrée par la politique maritime intégrée de l’Union Européenne. Ce workshop a été clôturé par la présentation des interconnexions qui existent à travers l’Atlantique tropical, entre le Cap Vert, le Sénégal et le Brésil.

21 des participants ont ensuite participé à un atelier d’écriture.

Crédit photos : Sébastien Hervé / UBO

Contact

Marie Bonnin

Pour en savoir plus sur le projet PADDLE

Stefan Lalonde, lauréat du Prix Houtermans 2019

L’Association Européenne de Géochimie (EAG) a décidé de remettre le prix Houtermans 2019 à Stefan Lalonde, chercheur en géosciences au Laboratoire géosciences océan (LGO).

Parcours de Stefan

Canadien ayant grandi en Nouvelle-Écosse et au Montana, Stefan a obtenu une maîtrise en géomicrobiologie à l’Université McGill (2006) et un doctorat en géochimie à l’Université d’Alberta en 2011. Les recherches de Stefan se concentrent sur l’évolution de l’environnement de surface et de la biosphère du Précambrien.

Les travaux de Stefan ont combiné des expériences en laboratoire et des données géochimiques sédimentaires pour comprendre la composition chimique de l’eau de mer dans l’Archéen et le Paléoprotérozoïque, avec un accent particulier sur les roches sédimentaires chimiques riches en fer comme les formations ferrifères en bande (BIF). Au cours de ses travaux de doctorat à Edmonton avec Kurt Konhauser et de ses travaux postdoctoraux à Brest avec Olivier Rouxel, Stefan a construit d’importants ensembles de données géochimiques BIF qui ont aidé à limiter l’évolution des nutriments marins dans le temps géologique profond, notamment les histoires du phosphore, du nickel, du chrome, du cobalt, du cuivre et du zinc.

Stefan a rejoint le CNRS en tant que chercheur au LGO en 2013. Il s’est concentré sur l’altération oxydative naissante de l’Archéen au Paléoprotérozoïque, y compris la cinétique de l’oxydation minérale et la production microbienne d’oxygène. Il a élaboré de nouveaux modèles pour l’altération oxydative précoce par les communautés de tapis microbiens benthiques. Il a dirigé des études de tapis microbiens fossilisés dans la ceinture de roches vertes de Barberton (Afrique du Sud) qui ont révélé une colonisation de la surface de la terre il y a 3,2 milliards d’années et indiquait des différences dans le cycle du carbone et de l’azote entre les milieux terrestres et marins à cette époque. Stefan a également publié des articles sur l’absorption d’oligo-éléments sur les oxydes de fer et les surfaces bactériennes en milieu naturel et en laboratoire, sur la silicification microbienne et sur les applications paléoenvironnementales du fer, du molybdène et du germanium comme isotopes stables.

Les travaux en cours, financés par la Commission européenne et en étroite collaboration avec Philip Fralick (Université Lakehead), visent à comprendre les liens entre la production de carbonate, la composition de l’eau de mer et la photosynthèse dans les eaux peu profondes de l’Archéen par l’étude sur le terrain et par forage de certaines des plus anciennes plateformes de carbonate (mésoarchéennes) de la Terre conservées dans le Nord de l’Ontario au Canada.

Des informations complémentaires et une liste de publications sont disponibles ici.

La remise du prix aura lieu en août 2019 à Barcelone lors de la conférence internationale de géochimie « Goldschmidt ». Six chercheurs en France ont déjà obtenu cette distinction depuis sa création en 1990.

À propos du Prix Houtermans

La bourse Houtermans est décernée chaque année à un scientifique dans les 12 ans suivant le début de son doctorat, qui doit être terminé. L’admissibilité est déterminée par le statut du candidat à la fin de l’année au cours de laquelle les candidatures sont reçues et non l’année de présentation de la bourse ; par conséquent, pour la bourse Houtermans 2019, les candidats doivent avoir commencé leur doctorat en 2006 au plus tôt.

Le prix reconnaît une seule contribution exceptionnelle à la géochimie, publiée sous la forme d’un seul article ou d’une série d’articles sur un seul sujet. Il est nommé en l’honneur de Friedrich Georg Houtermans, un physicien austro-néerlandais-allemand.

Le prix est décerné chaque année lors de la conférence Goldschmidt. Le prix se compose d’une médaille gravée, d’un honoraire (1000 euros) et d’un certificat.

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Stefan Lalonde