Une exposition pour fêter les 75 ans de l’IRD

Pour fêter les 75 ans de l’IRD, la délégation régionale IRD OUEST propose une exposition : « Quand la science océanographique veut faire de l’Art » du 15 au 27 février 2019 de 10h à 18h dans les halls de l’IUEM. Des photographies et dessins des agents IRD, des élèves de terminale en Arts Appliqués et de 1ère scientifique du lycée Vauban de Brest seront présentés ainsi que des ouvrages anciens mis à disposition par la BLP. Le vernissage aura lieu le 25 février à 11h à l’IUEM avec le groupe Grand Dakar. Les films des projets AWA, PIRATA et PADDLE y seront diffusés. Gildas Roudaut du Lemar nous présentera également des techniques de photographies aériennes par cerf volant.

Crédit photo : Gildas Roudaut / IRD.

Contact : Christelle Guenneguez

Atelier de coordination dans le cadre de l’Initiative « économie de la dégradation des terres » (ELD) à Bonn (Allemagne)

Du 14 au 17 janvier 2019, les experts internationaux de l’Initiative ELD se sont réunis à la GIZ (coopération allemande) à Bonn, sur invitation du secrétariat ELD. Pendant 4 jours, l’équipe a pu discuter des activités en cours dans les 8 pays du projet Reverdir l’Afrique avec des arbres mais aussi aborder celles prévues pour les mois à venir et planifier la prochaine phase de l’Initiative.

Cette rencontre a été fructueuse, avec des discussions parfois animées mais toujours enrichissantes !

Prochaine étape ?

L’équipe ELD d’Amure, Emmanuelle Quillérou et Laure Zakrewski, retourne une nouvelle fois au Niger et au Sénégal dans le mois à venir. Cette fois-ci, Katia Frangoudes les accompagnera au Niger pour inclure la question du genre avec les différents groupes d’études.

#ReGreenAfrica #ReGreenSenegal #ReGreenNiger #ELDSolutions #ReGreeningAfrica

Crédit photo : Didier Tidjani (Université Abdou Moumouni de Niamey)

Pour en savoir plus

Contacts

Emmanuelle Quillérou

Laure Zakrewski

Katia Frangoudes

Comment l’émergence de la prédation a créé des écosystèmes modernes après la période « Terre boule de neige »

Il y a environ 635 à 720 millions d’années, notre planète traversait une période glaciaire des plus froides durant laquelle la Terre était entièrement recouverte de glaces. La question de savoir comment la vie a survécu à ces glaciations de type «  Terre boule de neige », et qui ont duré plus de 50 millions d’années, a occupé les scientifiques les plus éminents pendant de nombreuses décennies. Une équipe internationale, dirigée par des chercheurs néerlandais et allemands de l’Institut Max Planck (MPI), a maintenant découvert le premier aperçu détaillé de la vie après la « Boule de neige » sous la forme de molécules anciennes nouvellement découvertes, enterrées dans de vieilles roches. Pierre Sans Jofre du Laboratoire Géosciences océan (LGO) de l’IUEM a participé à cette avancée scientifique publiée dans Nature il y a quelques jours.

« Toutes les formes de vie animale supérieures, y compris les humains, produisent du cholestérol. Les algues et les bactéries produisent leurs propres molécules de graisse caractéristiques », explique Lennart van Maldegem, premier auteur du MPI pour la biogéochimie, qui a récemment rejoint l’Australian National University à Canberra, Australie. « De telles molécules de graisse peuvent survivre dans les roches pendant des millions d’années, en tant que plus vieux vestiges (chimiques) d’organismes, et nous disent maintenant quel type de vie a prospéré dans les anciens océans il y a longtemps ».

Mais les graisses fossiles que les chercheurs ont récemment découvertes dans les roches brésiliennes, déposées juste après la dernière glaciation Boule de neige, ne sont pas celles qu’ils soupçonnaient. « Absolument pas » dit le chef d’équipe Christian Hallmann du MPI pour la biogéochimie, « nous étions complètement perplexes, parce que ces molécules avaient l’air très différentes de ce que nous avons jamais vu auparavant » ! En utilisant des techniques de séparation sophistiquées, l’équipe a réussi à purifier de minuscules quantités de la mystérieuse molécule et à identifier sa structure par résonance magnétique nucléaire dans le département RMN de Christian Griesinger de l’Institut Max Planck de chimie biophysique. Selon Klaus Wolkenstein du MPI pour la chimie biophysique et du Centre de géosciences de l’Université de Göttingen, « c’est très remarquable en soi : Jamais une structure n’a été élucidée avec une si petite quantité d’une si vieille molécule ». La structure a été identifiée chimiquement comme étant 25,28-bisnorgammacerane – en abrégé BNG comme van Maldegem le suggère.

Pourtant, l’origine du composé est restée énigmatique. « Nous avons bien sûr cherché si nous pouvions le trouver ailleurs » dit van Maldegem, qui a ensuite étudié des centaines d’échantillons de roches anciennes, avec un succès plutôt surprenant. « En particulier, les rochers du Grand Canyon nous ont vraiment ouvert les yeux », dit Hallmann. Bien qu’aujourd’hui la plupart du temps très chaudes, ces roches ont également été enfouies sous des kilomètres de glace il y a environ 700 millions d’années. Des analyses supplémentaires détaillées de molécules dans les roches du Grand Canyon – y compris des précurseurs présumés de BNG, la distribution des stéroïdes et des schémas isotopiques stables du carbone – ont conduit les auteurs à conclure que la nouvelle molécule de BNG provient très probablement du plancton hétérotrophe, microbes marins qui dépendent de la consommation d’autres organismes pour gagner en énergie. « Contrairement, par exemple, aux algues vertes qui font de la photosynthèse et appartiennent donc à des organismes autotrophes, ces microorganismes hétérotrophes étaient de véritables prédateurs qui ont gagné de l’énergie en chassant et en dévorant d’autres algues et bactéries », selon van Maldegem.

Bien que la prédation soit courante parmi le plancton dans les océans modernes, la découverte qu’elle était si importante il y a 635 millions d’années, exactement après la glaciation de la Terre en boule de neige, est un événement important pour la communauté scientifique. « Parallèlement à l’apparition de l’énigmatique molécule BNG, nous observons la transition d’un monde dont les océans ne contiennent pratiquement que des bactéries, à un système terrestre plus moderne contenant beaucoup plus d’algues. Nous pensons que la prédation massive a aidé à  » débarrasser  » les océans dominés par les bactéries et à faire de la place pour les algues », dit van Maldegem. Les réseaux d’alimentation plus complexes qui en ont résulté ont fourni les besoins alimentaires nécessaires à l’évolution de formes de vie plus grandes et plus complexes, y compris les lignées dont tous les animaux, et éventuellement nous, les humains, dérivent. L’apparition massive de la prédation a probablement joué un rôle crucial dans la transformation de notre planète et de ses écosystèmes jusqu’à son état actuel.

Crédit photo : Pierre Sans Jofre / UBO

Contact : Pierre Sans Jofre

Christine Authemayou, Maître de conférences en tectonique et géomorphologie au LGO

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai fait ma thèse à Aix en Provence au laboratoire du Cerege (Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’Environnement) de 2002 à 2005. L’objet de cette thèse était d’étudier l’activité de failles sismiques dans la chaîne du Zagros en Iran. J’ai ensuite fait un postdoc à Lausanne en Suisse jusqu’en 2008 sur l’étude de l’activité de failles au Guatemala puis j’ai été recrutée comme maître de conférences à l’UBO en septembre 2008.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Ce sont les thématiques de recherche en géosciences du LGO qui m’ont attirées. Je souhaitais apporter mon savoir-faire et mes connaissances de terrain pour faire un pont entre les recherches dans le domaine marin et le domaine côtier terrestre. J’étais aussi attirée par la dynamique de l’IUEM,  la dimension humaine du LGO et ses interactions avec les autres unités de l’Institut, propices au développement de projets et à la communication entre scientifiques.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Une partie de mes activités est dédiée à l’enseignement, à la fois en licence et en Master SML. Je réalise des cours magistraux, des travaux dirigés (TD) et des stages de terrain qui sont pour moi primordiaux à la formation de futurs géologues. Depuis 2007, j’ai repris la responsabilité du Master Géosciences océan.

Côté recherche, mes objectifs sont d’étudier les déformations de la croûte terrestre grâce à des marqueurs (paléo-rivages soulevés, rivières, plans de failles…) observés en surface au niveau des marges et de comprendre les processus responsables de ces déformations. Actuellement, je travaille sur 2 chantiers impliquant l’étude de récifs coralliens soulevés en Indonésie et à Cuba. Ces deux zones sont localisées sur des limites de plaques tectoniques très actives. Les objectifs sont à la fois de mieux comprendre la géodynamique de ces zones, mais aussi de déterminer les différents facteurs externes qui contrôlent la morphogénèse de ces terrasses coralliennes et de quantifier l’érosion de ce type de côtes.

Equipe franco (LGO-M2C-IsTerre-LPG) cubaine (IGP) au cours du terrain de novembre 2018 (financement LabexMER).

Enfin, je suis correspondante communication pour le LGO, en binôme avec Aurélie Penaud.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

En Indonésie, nous devons parfois échantillonner dans des zones sensibles. Notamment en juin 2018, nous devions échantillonner dans un site sacré d’un village traditionnel de l’île de Sumba qui pratique une religion animisme appelée Marapu. Pour le prélèvement, il a fallu faire un rituel religieux pour demander l’autorisation aux esprits, leurs ancêtres. Nous avons du également donner de l’argent coincé entre la pierre et le marteau de géologue, le temps de la prière pour dédommager le sacrifice du lieu.

 

Mission de terrain à Sumba (Indonésie) en juillet 2018 : collaboration franco (LGO-M2C-IsTerre-LPG) indonésienne (LIPI) sur financements INSU-CNES.

J’ai d’autres anecdotes plus anciennes, surtout lors des mes terrains au Guatemala, car avec les croyances Mayas et la peur des exploitations minières, il était mal vu être d’être géologue et on risquait d’être brûlé vif. Malgré beaucoup de prudence, il nous est arrivé de nous débarrasser des échantillons dans la nature au dernier moment après avoir été prévenu d’un risque.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Il n’y en a pas qu’un. Mes plus beaux souvenirs sont associés aux rencontres sur le terrain, celles de mes collègues et des  habitants. Partager les connaissances, les cultures, les musiques, cela enrichit les missions.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

En dehors de la géologie, ils sont classiques ; la randonnée, la nature, la danse, mes enfants…

As-tu une devise ?

Pas vraiment mais en ce moment c’est plutôt Carpe diem.

L’IUEM ouvre ses portes le samedi 2 mars 2019

L’IUEM vous accueille lors de sa Journée portes ouvertes  le Samedi 2 mars 2019 de 9h à 17h.

Nous aurons le plaisir de vous recevoir dans nos locaux afin d’y découvrir les différentes formations du Master en sciences de la mer et du littoral dispensées à nos étudiants. Des expérimentations seront proposées par des scientifiques de nos unités de recherche. Ils vous feront partager leur passion et se feront un plaisir de répondre à vos questions. Vous pourrez également échanger avec des membres de nos associations étudiantes ainsi que des étudiants de la formation spécialisée en géosciences qui présenteront des posters qu’ils ont réalisés…

Tout au long de la journée, une collation vous sera offerte.

Nous vous attendons nombreux !

Adresse : IUEM – Technopôle Brest-Iroise – rue Dumont d’Urville – 29280 Plouzané

Pour plus de renseignements,  contactez-nous : Cécile Nassalang et Abdoulaye Soukouna.

Fonte de la banquise arctique : L’effet des vagues scruté sur et sous la glace

Quel est l’effet des vagues sur la fonte de la banquise ? Pour répondre à cette question, une série de
mesures inédites va être menée dans les cinq prochaines années. Sous-marins, canot à glace, avion et satellite seront ainsi déployés au niveau de l’estuaire du fleuve Saint-Laurent et de l’océan Arctique, dans le cadre du projet ERC WAAXT mené par Peter Sutherland, chercheur au Laboratoire d’océanographie physique et spatiale (LOPS) rattaché à l’IUEM (UBO/CNRS/Ifremer/IRD).
Les vagues qui frappent la banquise peuvent fragiliser la glace mais peuvent aussi contribuer à l’épaissir. De plus, en fondant, la banquise laisse place à la mer libre et donc à un champ de vagues de plus en plus important.
Afin de mieux comprendre l’effet des vagues sur la banquise, Peter Sutherland veut multiplier les données : « Jusqu’ici, beaucoup d’études théoriques ont été menées sur le sujet.
Mais très peu de campagnes ont eu lieu sur site, en mer, pour valider les outils de calcul. » Pour
combler cette lacune, il a décroché une bourse jeune chercheur de 2 millions d’euros sur
une période de cinq ans, versée par le Conseil européen de la recherche (ERC). Seules cinq
bourses de ce type ont été obtenues par des chercheurs français en 2018 dans le domaine
des sciences de la terre. Le projet s’intitule WAAXT, comme Wave-modulated Arctic Air-sea
eXchanges and Turbulence.
Les premières campagnes de mesure auront lieu dans un laboratoire naturel développé
depuis 2014 par l’Institut des Sciences de la mer de Rimouski, de l’Université de Québec. Il
s’agit d’une baie instrumentée proche de l’institut, un cadre idéal pour étudier des processus
de petite échelle et tester de nouveaux instruments dans une zone contrôlée et accessible
dans des conditions qui ressemblent à l’Arctique. Puis, les avancées faites dans ce laboratoire, côté scientifique et ingénierie, seront appliquées aux expériences à plus grande échelle dans l’océan Arctique.

Une précision de mesure qui va du kilomètre au centimètre 

Dans le cadre du projet WAAXT, des mesures innovantes vont être déployées à toutes les échelles, du kilomètre au centimètre.
Trois petits sous-marins autonomes équipés de capteurs sillonneront la couche limite océanique, sous les vagues et sous la glace, tandis que des mesures par avion et par satellite permettront de
mesurer les vagues et la banquise. En complément, les scientifiques courront à bord d’un canot à glace pour mesurer les propriétés mécaniques de la glace (photo ci-contre).
Originaire du Canada, Peter Sutherland, a fini sa thèse sur la turbulence et les vagues en 2013 aux Etats-Unis (Scripps Institution of Oceanography à San Diego). Il a ensuite effectué un post-doctorat
à Sorbonne Université sur l’interaction entre les vagues et la banquise. Il est arrivé à l’Ifremer en tant que chercheur en océanographie physique en octobre 2015. Pour mener à bien son projet, il va pouvoir s’entourer d’une équipe de deux doctorants et deux post-doctorants.

La fonte de la banquise arctique en quelques chiffres

La banquise couvre en moyenne 5 millions de km2 en période estivale.
C’est une réduction de 3 millions km2 (l’équivalent de 120% de la mer Méditerranée) depuis la fin des années soixante-dix.
Chaque hiver la banquise revient, mais son épaisseur diminue en lien avec la réduction de glace l’été.
L’effet des vagues sur la banquise est mal connu, et constitue une incertitude importante pour les projections à plus long-terme.

Pour en savoir plus
Article scientifique paru en août 2018 sur l’épaississement de la zone de glace sous l’effet des vagues

Vidéo de mesures effectuées par canot à glace au niveau de l’estuaire du fleuve 

Linwood Pendleton, le seul expert pour la France pour la décennie des océans

Linwood Pendleton expert pour la décennie des Océan 2021-2030

Organisation du groupe d’experts

Linwood Pendleton est le seul représentant de la France au sein du groupe d’experts qui sera chargé d’émettre des avis dans la cadre de la décennie des Océans (2021-2030). Linwood Pendleton, professeur à l’UBO, au laboratoire Amure de l’IUEM, est expert en science et gestion de la conservation marine, en particulier pour les écosystèmes et le changement climatique. Il est titulaire de la Chaire d’excellence internationale de l’IUEM et d’une bourse de recherche du Duke’s Nicholas Institute for Environmental Policy Solutions (NIEPS). Il est également le seul scientifique représentant la France et les océans au sein du WWF (Fonds mondial pour la nature).

Ce groupe d’experts, appelé Groupe exécutif de planification (EPG), est composé de 16 à 20 membres. Il servira d’organe consultatif auprès des organes directeurs de la Commission intergouvernementale océanographique (COI) pour appuyer l’élaboration du plan de mise en oeuvre ainsi que les activités préparatoires de la décennie. Ces experts qui ont répondu à un appel à candidature siègent à titre personnel. Le groupe se réunira au moins deux fois au cours de son mandat, une fois pendant chacune des périodes intersessions de la COI : 2018-2019 et 2019-2020. Les résumés de ces réunions seront disponibles sur le site web de la décennie. La première réunion est prévue du 17 au 19 décembre 2018 au Siège de l’UNESCO à Paris.
Le Secrétariat de la COI fournira un appui administratif, technique et rédactionnel selon les besoins du groupe de planification. Chaque année, à partir de 2019, le groupe soumettra un rapport sur ses activités aux organes directeurs de la COI, à l’Assemblée générale des Nations Unies ainsi qu’à UN-Oceans. Les membres sont nommés pour la durée des travaux sur le plan de mise en œuvre et ne devraient pas être actifs au-delà de 2020, après la présentation du plan de mise en oeuvre à l’Assemblée générale des Nations Unies pour examen lors de sa 75e session. La décennie des Océans (2021-2030) vise à mobiliser la communauté scientifique, les décideurs politiques, les entreprises, et la société civile autour d’un programme commun de recherche et d’innovation technologique. Sa proclamation est un aboutissement des efforts menés par la COI pour favoriser la coopération internationale dans le domaine des sciences océaniques. Elle permet de coordonner des programmes de recherche, de systèmes d’observation, de développement des capacités, de planification de l’espace maritime et de réduction des risques marins afin d’améliorer la gestion des ressources de l’océan et des zones côtières.

En savoir plus sur Linwood

Linwood possède une vaste expérience en sciences de la conservation marine avec des diplômes en biologie (William et Mary), en écologie/évolution/comportement (Princeton), en administration publique (Harvard) et en économie environnementale (Yale). Fondateur du Marine Ecosystem Services Partnership il a été économiste en chef par intérim pour la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) de 2011 à 2013. Il est professeur agrégé
auxiliaire au Duke University Marine Laboratory. Il a également collaboré avec des organisations de conservation du monde entier : WWF, Nature Conservancy, Environmental Defense Fund… Et il a siégé pendant près de dix ans au conseil du Conservation Strategy Fund. Il siège actuellement au comité consultatif scientifique du Gulf of Maine Research Institute, au comité directeur du GEO Blue Planet, au Marine GEOBON RCN et au Blue Carbon Finance Working Group. Il est aussi professeur honoraire au Global Change Institute de l’Université du Queensland, en Australie.

Pour en savoir plus

La pêche : manager pour mieux protéger

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79 millions de tonnes, ce chiffre impressionnant correspond à la quantité d’animaux marins pêchés en 2016 (cf. FAO 2018). Si aujourd’hui, les écosystèmes marins sont très fortement menacés par le changement climatique, la pollution ou l’acidification des eaux c’est cependant la surpêche qui reste la principale cause du déclin des communautés marines (crustacés, mollusques, poissons).
On parle de surpêche quand l’augmentation des activités de pêcheries entraine non seulement la diminution de la taille, de l’âge ou de la capacité de reproduction des espèces, pouvant même aboutir à leur disparition complète. Elle est la conséquence d’une consommation de poissons toujours plus importante, multipliée par 2 en 50 ans, elle est passée de 9.9 kg par personne dans les années 60 à 19.2 kg en 2012. Ces pratiques de pêche doivent être contrôlées afin de limiter la pression qu’elles exercent sur les écosystèmes et la biodiversité marine. Ainsi des réglementations ont été mises en œuvre dans différents pays pour mieux gérer et protéger les ressources marines.

L’Union européenne, l’Islande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des pays au niveau de développement comparable qui utilisent des techniques de management pour leurs pêcheries. L’Union européenne est l’une des principales puissances de pêche au monde avec une zone économique exclusive de 25 millions de km², ce secteur d’activité a employé 131 525 personnes entre 2009 et 2011. L’Islande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande représentent quant à elles l’équivalent de 11% de la flotte de l’Union européenne et 32 % de son territoire de pêche.

Tableau 1 : La pêche en quelques chiffres (Union Européenne, Islande, Nouvelle Zélande et Australie) : taille de la flotte, emplois, valeurs au débarquement, transferts gouvernementaux (différentes périodes envisagées en fonction des données disponibles).

Bien que les techniques de management différent entre ces pays, elles ont été mises en place pour répondre à un objectif commun : le maintien de l’équilibre entre exploitation et préservation des ressources marines. L’exploitation doit pouvoir satisfaire la demande croissante du secteur alimentaire, être viable économiquement et assurer la stabilité de l’emploi. Cependant, pour pouvoir exploiter ces ressources sur le long terme, il est nécessaire de les préserver en assurant le maintien des stocks et la protection de la biodiversité.

Le stock est la partie exploitable d’une population, pour une zone géographique donnée (les œufs, larves et juvéniles trop petits pour être capturés ne sont pas compris dans ce stock).

Les méthodes de gestion des pêches dans l’Union européenne, en Islande, Nouvelle Zélande ou Australie reposent sur des principes équivalents, seule leur mise en place diffère. Deux types d’acteurs principaux interviennent : d’une part les politiques/décideurs et d’autre part les scientifiques qui émettent des observations et propositions pour une gestion cohérente des stocks et la préservation de la biodiversité.

L’Union européenne applique une politique de gestion unique au monde car elle est la seule à devoir concilier, via la Politique Commune des Pêches (PCP), les préoccupations et intérêts des différents pays qui la composent ; ses décisions impliquent la Commission, le Conseil et le Parlement, elles s’appuient en partie sur l’avis scientifique du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM). L’Islande, l’Australie et la Nouvelle Zélande en tant qu’états souverains prennent leurs propres décisions pour leurs eaux territoriales. En Islande, la pêche est gérée par le Ministère de la Pêche, en consultation avec l’Institut de la Recherche Marine (IRM), en Nouvelle Zélande c’est le ministre des Industries Primaires qui prend les décisions en collaboration avec des scientifiques consultés à titre individuel ou rattachés à des instituts de recherche (par ex. l’Institut national des sciences de l’eau et de l’atmosphère). Enfin en Australie c’est le Commonwealth et l’état australien, en concertation avec le Conseil Scientifique National, qui assurent la gestion des ressources.

Afin de pouvoir répondre aux objectifs fixés, différents outils ont été mis en œuvre : le Total Autorisé de Captures (TAC) est appliqué en Australie, Nouvelle Zélande et dans l’Union européenne, il correspond à la quantité d’individus prélevables. Les TAC sont fixés pour une grande partie des stocks commerciaux de poissons, par le pouvoir décisionnel en s’appuyant sur l’avis des scientifiques. Ces pays ont également rendu obligatoire la possession d’une licence ou d’un permis de pêche. Cependant ils ont chacun mis en place, via leur stratégie de management, des mesures de protection qui leurs sont propres.

L’Union Européenne a, jusque récemment, limité la capacité de la flotte et le temps passé en mer. Elle a également mis en place des mesures techniques pouvant, par ex., concerner la taille des mailles des filets de pêche (de 70 à 120 mm en Atlantique et de 20 à 40 mm en Méditerranée). L’Islande et la Nouvelle Zélande appliquent quant à elles, un système de Quotas Individuels Transférables (QIT) qui visent à diviser le TAC et à le répartir entre les entreprises de pêche, ces QIT sont transférables entre les pêcheurs s’ils le souhaitent. En Australie ces QIT sont utilisés uniquement pour certaines pêcheries. De même les attitudes vis-à-vis du rejet des prises lors de la pêche, changent selon les pays : interdiction en Nouvelle Zélande et en Islande mais tolérance en Australie. Un système d’obligation de débarquement des prises se met graduellement en place pour les pêcheries de l’Union européenne depuis 2015 afin de stopper le rejet en mer des captures non désirées.

En parallèle de ces actions de gestion, des efforts et une réelle prise de conscience sont encore nécessaires pour assurer la préservation des Océans. Cela doit notamment passer par l’éducation du public dont les comportements de consommation orientent et encouragent les pratiques de pêches.

Médiation scientifique

Assurée par Marjorie Lortholarie, doctorante de l‘École Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université Bretagne – Loire), en 2ème année de thèse dans l’équipe ECEm au sein du laboratoire Mer, Molécules, Santé (MMS) à l’Université de Nantes.

L’article

A comparative review of fisheries management experiences in the European Union and in other countries worldwide: Iceland, Australia, and New Zealand.

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/faf.12147

Les auteurs

Ce travail résulte d’une collaboration entre 20 chercheurs issus d’universités et instituts européens, australien et néo zélandais. Au niveau français, notons les contributions de Paul Marchal (Unité Halieutique de Manche-Mer du Nord – Ifremer)  et de Olivier Guyader, Claire Macher, Pascal Le Floc’h  (UMR AMURE – Ifremer, UBO, CNRS).

La revue

« Fish and Fisheries » revue publiée par l’éditeur Wiley, a adopté une approche éditoriale large et interdisciplinaire des domaines de la pêche et de la biologie des poissons. Les articles qui y sont publiés,s’appuient pour un sujet donné sur la littérature existante et ont en général une portée géographique et/ou taxonomique étendue, pouvant ainsi intéresser un large éventail de lecteurs.

Contacts

Auteurs : consulter l’annuaire de l’IUEM
Bibliothèque La Pérouse : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier
Service Communication et médiation scientifique : communication.iuem@univ-brest.fr

 

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Océans de plastique

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Du fait d’une production mondiale en constante augmentation, le nombre de produits plastiques polluant les océans s’accroît. Sous l’action des vagues, de la lumière et des conditions météorologiques, ces déchets se fragmentent jusqu’à atteindre moins de 5mm de diamètre, on parle alors de microplastiques qui s’accumulent dans les écosystèmes marins. Le nombre de ces particules dans les océans est estimé à plusieurs milliards et leur présence pourrait avoir des conséquences néfastes pour les espèces animales comme pour l’Homme. En effet, ces microfragments sont si petits qu’ils se confondent avec le phytoplancton constitué d’algues microscopiques, celui-ci forme le premier maillon de la chaîne alimentaire en milieu marin et produit, grâce à la photosynthèse, une grande partie de l’oxygène de notre planète. Les microplastiques peuvent donc atteindre facilement les niveaux trophiques supérieurs et être ingérés par les organismes marins directement ou indirectement via des vecteurs comme le phytoplancton avec lequel ils interagissent en s’agrégeant (hétéro-agrégats). On les retrouve ainsi absorbés par un très large éventail de crustacés, bivalves, mammifères… jusqu’aux poissons qui garnissent nos assiettes.

Les 3 espèces de phytoplancton étudiées, vues au microscope Heterocapsa triquetra, Tisochrysis lutea et Chaetoceros neogracile

L’étude abordée ici, s’est focalisée sur des billes de polystyrène (l’un des 3 polymères de plastique les plus présents dans les océans avec le polyéthylène et le polypropylène) de 2 micromètres de diamètre. Afin de comprendre comment le phytoplancton interagit avec ces fragments, leur potentiel d’agrégation a été étudié via des cultures en laboratoire. Trois espèces de phytoplancton Heterocapsa triquetra (un dinoflagellé), Tisochrysis lutea (un prymnésiophycée), et Chaetoceros neogracile (une diatomée) ont ainsi été exposées aux grains de plastique (à une concentration de 3,96 microgrammes/litre). Leur croissance et leur teneur en pigments ont également été surveillées pour vérifier un éventuel impact physiologique.

Figure 1 : Cytogramme de la culture de C. neogracile (à gauche) et micrographie associée des particules de microplastiques, des cellules de C. neogracile et des hétéro-agrégats (à droite).

La fluorescence rouge est liée à la présence de pigments chlorophylliens dans les algues et la fluorescence verte à celle des microbilles de plastique (UA = unité arbitraire) La méthode de la cytométrie en flux a été utilisée pour observer la répartition du plastique dans les cultures. Cette technique, déjà très employée pour l’étude du phytoplancton, permet de différencier et de dénombrer les particules selon leurs caractéristiques. Ainsi il a été possible de distinguer les cellules de phytoplancton des microparticules de plastique et des hétéro-agrégats (plastiques collés au phytoplancton) (fig. 1). La microscopie 3D a également permis d’approfondir l’étude en discernant les morceaux de plastique présents à la surface de la cellule de ceux phagocytés (ingérés par la cellule). Chez Chaetoceros neogracile, la proportion de billes collées aux microalgues était importante, atteignant 19 % de la teneur totale en microplastique (fig. 2B).

Figure 2 : Répartition des microplastiques exprimée en pourcentage lors des expériences en culture. A: Flacon témoin avec du plastique et sans microalgue, B: Flacon avec du plastique et des cellules de Chaetoceros neogracile. Les lignes vertes représentent la concentration en microalgues (nombre de cellules par millilitre) ; les lignes jaunes et bleues représentent respectivement le pourcentage de microplastiques libres ou adsorbés sur la verrerie et les lignes rouges représentent le pourcentage d’hétéro-agrégats.

 

Bien que la cytomérie en flux n’ait pas permis de mettre en évidence une interaction (hétéro-agrégats) entre les particules et les cellules de Heterocapsa triquetra ou Tisochrysis lutea, l’utilisation de la microscopie 3D a, quant à elle, révélé la présence chez Heterocapsa triquetra de ces hétéro-agrégats et de fragments de plastique phagocytés ou présents dans des débris cellulaires (Fig. 3).
Par ailleurs, la quantité de microplastiques libres dans le milieu de culture a progressivement diminué dans le temps pour les 3 espèces en partie à cause de l’adhésion des particules aux parois en verre des flasques (Fig. 2A). En fin de culture, jusqu’à 97% des microbilles étaient collées aux parois pour Tisochrysis lutea. L’agrégation des grains de plastique entre eux et de bactéries entres elles a également été observée dans tous les milieux de culture. Par ailleurs la production d’exopolysaccharides (sucres collants secrétés à l’extérieur de la cellule) par les bactéries ou certaines espèces de phytoplancton en fonction de leur stade physiologique, pourrait expliquer cette formation d’agrégats. La présence de molécules aux propriétés adhérentes justifierait également la quantité croissante de particules collées à la verrerie au cours des cultures non exemptes de bactéries.

Figure 3 : Micrographies de cellules d’Heterocapsa triquetra en présence de microplastiques. A : phagocytose en cours ; B : présence de microbilles dans des produits de lyses cellulaires ; C : hétéro-agrégats. (en vert : microplastiques, en rouge : pigments chlorophylliens, en bleu : enveloppe d’H. triquetra)

D’un point de vue physiologique, aucun effet n’a été observé sur la croissance ou la fluorescence des 3 espèces de phytoplancton, peut-être du fait d’une concentration testée relativement faible. A contrario de nombreuses études ont déjà démontré des effets physiologiques et toxicologiques des déchets plastiques sur un large éventail d’organismes marins, mettant ainsi en avant le problème de l’évaluation des teneurs en polluants, testées lors des expériences en laboratoire ; en deçà d’un certain seuil, la quantité est trop faible pour en observer l’effet, au-delà elle dépasse, à l’inverse, largement ce que l’organisme peut supporter au point que des effets néfastes vont inévitablement être relevés. Cette observation n’est pour autant, pas forcément significative de ce qui se passe réellement en milieu naturel où il reste difficile de quantifier ces microparticules. Même si elle ne reflète pas la complexité de l’environnement marin, cette étude démontre qu’il existe potentiellement des interactions phytoplancton/microplastique qui semblent dépendre de l’espèce et du cycle physiologique des microalgues.
Ces interférences peuvent alors avoir un impact sur la distribution et la biodisponibilité des microplastiques et expliqueraient que jusqu’à présent, les quantités de plastiques échantillonnées à la surface des océans, restent moins importantes que celles estimées par les modèles prédictifs. On avance en effet l’hypothèse que ces plastiques seraient partiellement entraînés au fond des océans via leur interaction avec le phytoplancton plus lourd. Par ailleurs, des travaux ont déjà démontré que les bivalves consommaient d’avantage de ces déchets via la formation d’agrégats concentrant les particules synthétiques.

On estime alors que plus les fragments de plastique deviennent petits, plus ils remontent facilement la chaîne alimentaire, jusqu’à nos assiettes. Même s’il est encore trop tôt pour évaluer très  précisément l’impact des microplastiques sur la santé humaine, il est certainement grand temps d’en réduire notre consommation et nos rejets.

Médiation scientifique

Assurée par Fanny Lalegerie, doctorante de l’Ecole Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université de Bretagne Occidentale), en 1ère année de thèse au Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin (LEMAR) à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM)

L’article

M. Long, I. Paul-Pont, H. Hégaret, B. Moriceau, C. Lambert, A. Huvet, P. Soudant (2017) Interactions between polystyrene microplastics and marine phytoplankton lead to species-specific hetero-aggregation. Environmental Pollution 228:454–463 . doi: 10.1016/j.envpol.2017.05.047
Les auteurs
Cet article est issu d’une collaboration entre des chercheurs du Laboratoire des Sciences de l’Environnement Marin (https://www-iuem.univ-brest.fr/LEMAR) (LEMAR, UMR 6539, France) et de la School of Chemistry (https://smah.uow.edu.au/chem/index.html) (University of Wollongong, Australia)

La revue

« Environmental pollution » est une revue internationale publiée depuis 1980 par Elsevier et qui s’intéresse aux effets biologiques, sanitaires et écologiques liés à la pollution environnementale.

Contacts

Bibliothèque La Pérouse : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier
Service Communication : communication.iuem@univ-brest.fr

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L’aquaculture, entre consommation mondiale et production locale

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Depuis quelques décennies et face à l’effondrement des stocks de pêche, les gouvernements et organisations internationales ont placé de nombreux espoirs dans le développement de l’aquaculture : progression de la compétitivité, augmentation durable des revenus, renforcement de la sécurité alimentaire.
En 2012, l’aquaculture a fourni 49% de la production mondiale totale du secteur « Pêches-Aquaculture », elle représente aujourd’hui plus de 30% de l’emploi de ce domaine. Cependant, au-delà d’une apparente réussite et d’une volonté politique générale de développement, elle peine à atteindre son plein potentiel et se voit remise en cause du fait d’impacts environnementaux toujours plus prégnants (pollution chimique, biologique et même visuelle) et de retombées socio-économiques discutables.
Entre les objectifs politiques, économiques et les attentes réelles des populations, le « fossé » se creuse ; l’aquaculture a largement focalisé son développement sur les défis techniques et biologiques (fig.1) mais bien moins sur les enjeux socio-économiques pour les populations concernées (cf. à titre d’ex. les efforts actuels qui tendent vers une intensification durable de la production aquacole), les retombées socio-économiques de ces activités en local restent souvent reléguées au regard des motivations commerciales, écologiques et technologiques.
Ainsi et dans de nombreux cas, le manque d’implication des populations et la faible prise en compte de leurs préoccupations dans les projets de développement du secteur aquacole aboutissent à des conflits sociaux parfois violents.

 

Figure 1. Aquaculture extensive ou intensive : 2 modèles de développement. A- Pêcheurs locaux récoltant des moules vertes en Thaïlande (photo : M. Vakily, WorldFish Center ; B- Collecteur automatisé de moules de ponton en Belgique (photo : W. Versluys).

Dans le monde, plusieurs zones de production aquacole ont connu des mouvements de protestation sociale : en Amérique latine et en Asie dans les années 1990, au Chili en 2012, et même en Norvège – pays phare de l’aquaculture intensive – où certains élus se sont fermement opposés au développement de cette activité, sur leur territoire. Ces conflits illustrent le décalage entre besoins socio-économiques, alimentaires et impacts ressentis par les populations vis-à-vis du développement de l’aquaculture. Le soulèvement de ces populations qui auraient dû en être les premiers bénéficiaires, souligne un important problème lors de l’élaboration des projets : leur manque d’intégration aux processus de planification. En effet, les parties prenantes concernées par l’aquaculture ne sont pas toujours correctement identifiées et, même lorsqu’elles le sont, leur intégration au processus de planification reste marginale. Juridiquement le rôle et les responsabilités des acteurs individuels et institutionnels sont rarement explicitement définis ; de plus les réglementations relatives à l’aquaculture ne sont pas regroupées et viennent s’insérer dans différents secteurs politiques : agriculture, pêche, gestion de l’eau…
Des mesures proactives encourageant la participation des populations à la prise de décisions pourraient contribuer à une meilleure acceptation du secteur aquacole et de sa gestion, avec des répercussions positives sur les collectivités. Cette nécessaire participation du public aux processus de décisions a été reconnue et formalisée au niveau international : communication de la commission européenne sur la Gouvernance en 2001 et déclaration de Phuket par la FAO en 2010…cependant ces déclarations demeurent vagues quant à la manière de mettre en œuvre cette intégration et de traiter concrètement des questions socio-économiques.

Un cadre analytique (fig. 2) est donc proposé pour guider au cas par cas les évaluations des dimensions sociales, économiques et écologiques de l’aquaculture. Il prône la mobilisation de données socio-économiques plus détaillées et spécifiques au contexte des opérations aquacoles, en termes d’emploi (revenus, mixité, etc.), de droits humains (sécurité alimentaire, protection juridique, culture et identité, etc.) et de marchés (pratiques commerciales, contexte micro et macro-économique, privatisation, etc.).
Afin de parvenir à un développement de l’aquaculture politiquement transparent et socialement légitime, ces facteurs devraient être pris en compte lors de la définition des objectifs politiques et de la mise en œuvre des mécanismes de gestion.

Une participation citoyenne à la décision est préconisée, via 4 étapes clés des projets :
1. En amont, par l’évaluation du contexte et des enjeux écologiques, socio-économiques et politiques du territoire concerné.
2. Lors du choix spécifique du système aquacole, en terme d’investissement, de mode de production et de productivité, de main d’œuvre, de commercialisation, etc.
3. Pendant la phase de production lors de l’évaluation intégrée des bénéfices (écologiques, socio-économiques et politiques).
4. Lors de la révision des projets ou de la mise en œuvre de mesures répondant aux problématiques identifiées durant les étapes précédentes.

Figure 2 – Analyse intégrée des systèmes aquacoles : approche en 4 étapes

Bien que les impacts sociaux de la réglementation restent difficiles à prévoir et évaluer, ce nouveau cadre d’analyse est conçu pour utiliser au mieux les données existantes, les avis d’experts et les outils scientifiques à la prise de décision. Il s’applique à de multiples échelles spatiales (des fermes aquacoles aux impacts globaux) et soutient la mise en œuvre, dans la pratique, d’une approche intégrée. A terme, ce cadre pourrait donc être généralisé à différents types de production aquacole dans divers écosystèmes et servir de catalyseur à la « révolution politique » en permettant une prise de décisions participatives au développement de l’aquaculture et en œuvrant à combler l’écart entre politiques et populations. Une prise en compte à niveau égal des questions écologiques, sociales et économiques dans l’élaboration des politiques aquacoles, s’avère nécessaire pour répondre correctement aux nouveaux enjeux de l’aquaculture ; elle devrait être encouragée et formalisée au travers d’institutions solides, dès les premiers pas des projets.

 

Médiation scientifique

Assurée par Clément Dupont, doctorant de l‘École Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université de Bretagne Occidentale), en 1ère année de thèse au sein du Laboratoire Littoral-Environnement-Télé-détection-Géomatique (LETG- UMR 6554).

L’article

A revolution without people? Closing the people-policy gap in aquaculture development. Krause G., Brugere C., Dietrich A., Ebeling M.W., Ferse Sebastian C.A., Mikkelsen E., Pérez Agúndez J.A., Stead S.M., Stybel N., Troell M. (2015), Aquaculture, 447, pp. 44-55. https://doi.org/10.1016/j.aquaculture.2015.02.009

Les auteurs

Ce travail résulte d’une collaboration entre 10 chercheurs issus de 11 laboratoires européens et d’1 laboratoire australien. Au niveau français, notons la contribution de l’UMR AMURE (Ifremer, UBO, CNRS), spécialisée en droit – économie de la mer et représentée par J.A. Pérez Agúndez dans cet article.

La revue

Aquaculture éditée par Elsevier, est une revue internationale, interdisciplinaire qui permet d’échanger sur les enjeux techniques, économiques, écologiques, sociaux et politiques de l’aquaculture.

Contacts

Auteurs : consulter l’annuaire de l’IUEM
Bibliothèque La Pérouse (BLP) : Suivi éditorial, rédaction, corrections et mise en page : Fanny Barbier
Service Communication : communication.iuem@univ-brest.fr

 

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