Conférence participative sur la haute mer

[En présentiel et en live sur YouTube]

« La gouvernance de la haute mer et la protection de sa biodiversité : rendez-vous à New-York » est une conférence participative sous forme de débats mis en scène. Conférence participative et rencontre citoyenne unique autour d’un thème d’actualité brûlant sur la scène internationale : la gouvernance de la haute mer et la protection de la biodiversité qui s’y trouve. Grâce à un dispositif ludique original, vous pourrez vous prononcer en direct sur des sujets réels de gouvernance internationale tels que négociés actuellement à l’ONU. Entre discours politiques et plaidoyers, les experts du sujet essayeront de vous convaincre du bien-fondé de leur action. Pour quelle position allez-vous voter ?

Conférence introduite par Nadège LEGROUX, doctorante – Université de Montpellier et Agence Française de Développement et animée par Benjamin DUDOUET – étudiant en Master économie appliquée à l’agriculture, la mer et l’environnement et Président de l’association Infusion, Joëlle RICHARD – Ingénieure de recherche en renforcement des capacités, Université de Bretagne Occidentale et Bleuenn GUILLOUX – Postdoctorante en droit de la mer, Université de Bretagne Occidentale. 

Acte 1 : Les ressources minérales des grands fonds

En 1970, les Nations Unies ont déclaré les ressources minérales des fonds marins « patrimoine commun de l’humanité ». L’autorité internationale des fonds marins a pour fonction de réglementer l’exploration et l’exploitation de ces ressources. Pourquoi ces ressources sont-elles si convoitées ? A quoi ressemblent les environnements dans lesquelles elles se trouvent ? Qu’en pensez-vous, faut-il aller exploiter ces ressources ? Que sont ces ressources minérales ? Où se trouvent-elles ? Pourquoi sont-elles si convoitées ? Après une brève introduction, les enjeux autour de ces ressources seront débattus par deux experts aux points de vue divergents.

Intervenants :

  • Jozée SARRAZIN, Chercheuse en écologie au Laboratoire Environnement Profond, Ifremer
  • Aurélie SPADONE, Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
  • Clément CHAZOT, Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)

Acte 2 : Les ressources génétiques marines

Toutes les espèces contiennent du matériel génétique qui peut présenter un intérêt potentiel pour des applications biotechnologiques, notamment dans le domaine des produits pharmaceutiques, des cosmétiques et des biocarburants. Les espèces qui vivent dans des conditions extrêmes de température, de pression ou de faible teneur en oxygène peuvent offrir des possibilités de nouvelles découvertes. La question de l’exploitation des ressources génétiques marines de la haute mer divise. Certains États parmi les plus technologiquement avancés, défendent le libre accès à celles-ci. Les pays en voie de développement les assimilent, eux, à un patrimoine commun de l’humanité, impliquant un partage des bénéfices tirés de leur exploitation. Et vous, qu’en pensez-vous ? Les ressources génétiques marines, kézaco ? Pourquoi suscitent-elles de tels débats entre les pays ? Après une brève introduction, les enjeux autour de ces ressources seront débattus par deux experts aux points de vue divergents.

Intervenants :

  • Gilles BOEUF, Membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
  • Anne-Emmanuelle KERVELLA, chargée de coopération internationale, EMBRC -ERIC et chargée de mission APA-DSI-BBNJ, CNRS-INEE
  • Sabrina SLIMANI, Juriste d’affaires, Ifremer

Acte 3 : Pêche en haute mer, conservation et exploitation

Il est largement admis que la pêche est l’activité dont l’impact est le plus important sur la biodiversité en haute mer. Inclure les pêcheries dans un nouvel instrument juridique international fait l’objet d’un consensus de plus en plus large, mais la manière d’y parvenir demeure incertaine. Certains États, notamment, affirment que les pêcheries sont suffisamment encadrées par les dispositifs existants. Comment réconcilier les enjeux de conservation et de pêcherie en haute mer ? Après une brève introduction, les enjeux autour de la pêcherie et de la conservation en haute mer seront débattus par deux experts aux points de vue divergents.

Intervenants :

  • François SIMARD, Consultant
  • François CHARTIER, Chargé de campagne océan et pétrole, Greenpeace France
  • Michel GOUJON, Directeur Orthongel

Synthèse

Par Serge SÉGURA, Ambassadeur chargé des océans
Mise en perspective des réponses du public avec les discussions de l’atelier « Pour un renouveau des outils de gouvernance de l’Océan » du One Ocean Summit et des négociations actuelles sur la conservation et l’utilisation durable de la haute mer au sein des Nations Unies.

Perspectives

Par Janique ETIENNE, Chef de projet, Fonds Français pour l’Environnement Mondial et Cyrille BARNERIAS, Directeur des relations européennes et internationales, Office Français de la Biodiversité.

  • Date : jeudi 10 février à 18h30-20h00
  • Événement gratuit, entrée libre (nombre de places limité) et sur présentation du pass sanitaire
  • Organisateurs : Université de Bretagne Occidentale, Océanopolis, Fonds français pour l’environnement mondial, Office français de la biodiversité, Association Infusion
  • Nous joindre : team@ocean-univ.fr
  • Accès : Océanopolis, Port de Plaisance du Moulin Blanc, 29200 Brest

One Ocean Summit University

La ville de Brest a été choisie pour recevoir, du 9 au 11 février 2022, un sommet international dédié à la protection de l’océan : One Ocean Summit. Cet évènement, organisé dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, sera l’occasion de forums et de travaux d’ateliers d’experts mondiaux du domaine et se clôturera par une rencontre de responsables politiques de haut rang. Les ateliers sont invités à produire des appels à l’action et le sommet prendra des engagements en vue de renforcer la gouvernance internationale de l’océan.

Sur demande d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes en charge de l’organisation du sommet, l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) prend l’initiative de mobiliser ses réseaux de coopération pour une contribution des jeunes chercheurs au One Ocean Summit.  Cette initiative est inscrite dans le programme officiel du sommet sous le nom de One Ocean Summit University. Elle s’articule autour de trois temps fort :

  • en amont, un vivier de jeunes chercheurs internationaux en sciences de la mer sera constitué et consulté sur les enjeux maritimes abordés au One Ocean Summit ;
  • les synthèses de ces travaux et des préconisations pourront être portées lors de l’événement de Brest ; puis en aval,
  • ce vivier de jeunes pourra poursuivre la dynamique comme groupe de réflexion.

Pour ce faire, un travail de compilation des différents contacts à la faveur de réseaux et projets en cours a déjà débuté. Début janvier, à la suite de sa constitution, ce groupe, sorte de convention de jeunes chercheurs internationaux (doctorants, post-doctorants), sera animé par l’équipe projet.

L’objectif est ici, par une démarche participative, de fédérer les expertises et dynamiques en présence afin de proposer un regard commun sur les enjeux de la recherche et de la formation à la recherche dans le contexte de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable. Elle vise à produire des recommandations et à un appel à l’action (call for action).

Ces recommandations  seront  présentées dans les ateliers thématiques du One Ocean Summit par un panel d’ambassadeurs de ce groupe consultatif des jeunes chercheurs.

Sur la base de cette dynamique, le groupe des jeunes chercheurs pourrait poursuivre ce travail et prendre part à différentes initiatives et rendez-vous internationaux comme la Conférence Océan des Nations Unies qui se tiendra à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet 2022.

 

Pour participer à l’aventure de l’Université du One Ocean Summit

  1. Consultez les thèmes des ateliers du One Ocean Summit et sélectionnez celui auquel vous souhaitez contribuer,
  2. Contactez l’équipe du projet et soyez prêt à participer,
  3. Rejoignez un groupe de jeunes chercheurs chez vous ou avec votre réseau international pour produire votre contribution au One Ocean Summit.

 

Équipe organisatrice

  • Yves-Marie Paulet, membre de l’European Marine Board, Vice-président mer de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO), France
  • Denis Bailly, coordinateur de l’initiative Ocean University, Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM), Université de Bretagne Occidentale (UBO), France
  • Romain Le Moal, chargé de projet One Ocean Summit University

Avec le soutien de

Le One Ocean Summit Archipel

Au sein des Ateliers des Capucins, le 9 et le 10 février, l’Etat, Brest métropole et le Campus mondial de la mer mettent en place le One Ocean Archipel. Cet espace, situé au cœur de l’événement One Ocean Summit, permettra notamment de mettre en lumière les expertises de la communauté du Campus mondial de la mer à travers un espace central et plusieurs ilots autour des thèmes suivants :

  • The ocean, a space of resources for the future 
  • Studying the ocean to better understand it 
  • The ocean, a land of navigation
  • Investing in blue

Cet espace sera uniquement accessible aux participants nationaux et internationaux, accrédités au One Ocean Summit (sur invitation). Des permanences seront assurées par la communauté du Campus mondial de la mer : UBO, Grandes Ecoles, TPE/PME, grands groupes, accélérateurs de l’innovation, etc.

Pour plus d’informations, consultez le site Internet du Campus mondial de la mer

Le pavillon du One Ocean Summit

Ensemble, Océanopolis et 70.8 by Océanopolis, Centre national de culture scientifique dédié à l’Océan, s’engagent au quotidien pour expliquer le rôle fondamental de l’océan à la vie sur terre et sensibiliser aux enjeux et solutions liés au milieu marin. Les deux structures ont pour vocation de partager des savoirs et créer des émotions pour changer le regard sur l’océan à travers un focus sur la biodiversité et les écosystèmes marins pour l’un, et les technologies et innovations maritimes pour l’autre.

Durant le « One Ocean Summit », à Brest, l’Océan sera au coeur des préoccupations et échanges mondiaux. A cette occasion, Océanopolis et 70.8, acteurs incontournables de médiation scientifique, proposent en exclusivité de rendre accessible le One Ocean Summit pour le public : partager, échanger, expliquer, rencontrer pour changer le regard sur l’Océan.

Au travers d’un réel décryptage à 360° des thématiques abordées durant le sommet, Brestois, Bretons, vacanciers, et aussi citoyens français et internationaux, avec la diffusion des conférences en anglais, pourront durant quatre jours participer à une richesse d’événements et de rencontres avec des experts nationaux et internationaux lors d’un événement baptisé le « Pavillon du One Ocean Summit ».

Pour faire vivre de manière inédite ce congrès à tous et à toutes, le pavillon du One Ocean Summit se tiendra dans trois espaces d’Océanopolis qui seront pour l’occasion en accès libre et gratuits : les jardins, l’auditorium Marion Dufresne et le pavillon événementiel.

Conférence d’ouverture du Pavillon du One Ocean Summit : Que va-t-il se passer pendant le One Ocean Summit ? 🤔 [en présentiel et en live sur YouTube]

🗣️ Intervenants :

👉 Loreley PICOURT, Secrétaire générale de Plateforme Océan & Climat

👉 Céline LIRET, Directrice scientifique d’Océanopolis

Organisée par Océanopolis et la Plateforme Océan & Climat

📅 Mardi 8 février 2022 de 15h à 16h

📍 Auditorium d’Océanopolis

🎟️ En accès libre, sans réservation et dans la limite des places disponibles

💻 En direct sur la chaîne YouTube d’Océanopolis

Transport maritime : ralentissons un peu

Les 12 au 13 décembre 2019, un colloque sur le  « Le Transport maritime et la protection de la biodiversité » rassemblant plusieurs laboratoires bretons s’est tenu à l’IUEM. Au cours de cet événement, les intervenants ont remarqué des similitudes au niveau de leurs recherches qui ont déclenché une collaboration inter-laboratoire et interdisciplinaire sur le sujet du transport maritime et de l’impact sociétal et environnemental de la réduction de vitesse des navires. Cette association a engendré la publication d’un article « Maritime transportation:Let’s slow down a bit » dans Science of the Total Environment. Le 1er auteur de cet article est Maxime Sèbe. 3 scientifiques de l’IUEM ont également participé à cette publication : Pierre Scemama, Anne Choquet et Valérie Stiger-Pouvreau.

Le transport maritime est un contributeur majeur à l’économie mondiale, mais a un impact social et environnemental significatif. Chaque impact appelle des solutions techniques ou opérationnelles différentes. Dans leur publication, les intervenants du colloque ont constaté que les mesures de réduction de vitesse semblent atténuer plusieurs problèmes : (1) collision avec la faune ; (2) collision avec des objets non vivants ; (3) bruit sous-marin ; (4) espèces envahissantes ; et (5) émission de gaz.

Les auteurs ne prétendent pas que la réduction de la vitesse est la meilleure solution pour chaque problème individuel mentionné ci-dessus, mais soutiennent que cela pourrait être une solution clé pour réduire considérablement toutes ces menaces simultanément. Les auteurs préconisent le développement de recherches interdisciplinaires pour évaluer les coûts économiques privés des mesures de réduction de la vitesse et les mettre en perspectives avec les avantages environnementaux et sociaux découlant de tous les problèmes atténués par de telles mesures.

Crédit illustration

Andréa Sèbe

Contact

Maxime Sèbe

Le recul du littoral breton, une problématique importante face aux changements climatiques

La problématique actuelle de l’érosion côtière, bien visible sur le territoire breton, conduit les scientifiques à améliorer leurs connaissances sur l’évolution des littoraux. De nombreuses études ont montré que les processus qui gouvernent les évolutions des côtes d’accumulation (les avant-plages, les plages de sables et de galets, et les dunes qui les prolongent sur le continent) sont largement dépendants des échelles spatio-temporelles des observations effectuées. Dans les années 1980, 5 échelles d’observations temporelles ont été définies. Le long terme est utilisé pour décrire les évolutions à l’échelle pluridécennale, tandis que les méso et moyen termes sont employés pour caractériser les échelles décennale et pluriannuelle. Le court terme définit l’échelle saisonnière et le terme événementiel est associé aux événements de tempête qui ne durent que quelques heures. Plusieurs problématiques concernent ces échelles temporelles. Premièrement, il est difficile de décrire les changements morphologiques d’une zone littorale lorsque celle-ci est soumise à des processus opérant à plusieurs échelles de temps. Deuxièmement, les événements de courte durée et, généralement, de forte intensité peuvent avoir un impact conséquent et parfois discordant par rapport aux variations enregistrées sur le long terme.

En dépit des difficultés rencontrées dans l’utilisation des échelles spatio-temporelles, leur prise en compte est importante. En effet, la compréhension des processus observés et associés à chaque échelle est devenue essentielle pour prédire l’évolution morpho-sédimentaire du domaine côtier afin d’améliorer la gestion des littoraux. C’est pourquoi ces travaux visent à caractériser la dynamique des accumulations côtières bretonnes, et plus particulièrement celles des systèmes plages/dunes, des plages de sables et de galets et des cordons de galets.

La Bretagne, située à l’extrémité occidentale de la France métropolitaine, compte 2 470 km de côtes répartis sur 3 façades maritimes, nord, ouest et sud. Cette côte est accidentée et présente une alternance de rivages rocheux et de baies constituées de sables et/ou de galets. On y dénombre de nombreuses cellules littorales avec une diversité d’environnements lithologiques et morphologiques, d’hydrodynamisme et de nature des fonds.

Figure 1 : Localisation et granulométrie des côtes d’accumulation le long de la Bretagne. La longueur du littoral couverte par chaque classe granulométrique et les pourcentages correspondants sont donnés pour chacun des départements bretons (Stéphan et al., 2019).

Ces côtes se composent à 71 % de plages sableuses (principalement composées de dunes situées dans le Finistère et le Morbihan), 16 % de plages de galets (Côte d’Armor : 37,5 % et Finistère : 22,5 %) et 13 % de plages mixtes composées de sables et de galets (Figure 1). L’influence des agents hydrodynamiques comme la marée et la houle y est prédominante. La marée, de type méso à macrotidale, présente des variations importantes entre le nord-est et l’ouest. Le marnage maximal atteint 14 m lors des marées de vive-eau dans la baie du Mont-Saint-Michel. Il diminue progressivement vers l’ouest et le sud pour atteindre une valeur minimale de 3,3 m dans le golfe du Morbihan. La houle y est de forte énergie avec des variations saisonnières importantes à l’Ouest. Les houles hivernales d’ouest-nord-ouest dépassent régulièrement 5 m de hauteur. Depuis le XVIIIe siècle, les activités humaines n’ont cessé d’impacter l’hydrodynamisme et les transferts de sédiments littoraux par la construction d’infrastructures de défense (digues, épis…) mais aussi par l’exploitation des ressources en sable et galets disponibles dans la zone côtière.

Figure 2 : Méthodologie d’analyse des changements du trait de côte à long, moyen et court terme (Stéphan et al., 2019).

Afin de caractériser les évolutions morphodynamiques des côtes d’accumulations bretonnes, un suivi du trait de côte de différentes plages, a été réalisé à plusieurs échelles de temps. Le suivi à long terme a été réalisé sur 652 plages à partir de la comparaison de photographies aériennes provenant de la base de données IGN (Institut Géographique National), BDORTHO® Historique de 1948 ou de 1952, et de BD ORTHO®2010 de 2006 ou 2009. Le suivi à moyen terme a été mené sur 5 plages représentatives de l’ensemble des côtes bretonnes, sur lesquelles l’évolution du trait de côte a été retracé par comparaison de photographies aériennes (IGN) prises tous les 5 ans sur une période de 60 ans (1948-2013). Le suivi à court terme a été effectué sur 11 sites d’études à partir de mesures topo-morphologiques réalisées à hautes fréquences, au tachéomètre ou au DGPS (Differential Global Positioning System), sur une période allant de 1998 à 2017 (Figure 2). L’identification du trait de côte, pour le suivi de l’évolution littorale, peut s’avérer complexe, car celui-ci peut apparaitre sous plusieurs formes (dunes, plages, falaises). Afin de faciliter sa détermination, il est généralement classé en 3 grandes catégories suivant des limites morphologiques, biologiques et hydrologiques. Dans le cas présent, les limites ont été définies à partir de la morphologie du terrain correspondant à la ligne de végétation (la plus proche de la mer ou supratidale), les escarpements d’érosion ou encore la ligne de crête des cordons de galets.

Cette étude est la première à référencer les variations du trait de côte sur les 60 dernières années à l’échelle des plages de la Bretagne. Plusieurs tendances ont été identifiées lors de l’analyse morpho-dynamique du trait de côte aux différentes échelles de temps. L’analyse à long terme (Figure 3) a permis de mettre en évidence que 35 % des plages de sables et de galets sont en érosion, 38 % sont stables et 27 % en accrétion. Les phénomènes d’érosion les plus marqués sont identifiés au niveau des cordons de galets, probablement en raison d’un manque d’apport sédimentaire au niveau de la région Bretagne. Les changements à long terme des plages sableuses sont plus contrastés et tout indique que la présence de stocks sableux au large permettrait leur rechargement en sédiment. Les impacts anthropiques ont localement aggravé l’érosion ou, au contraire, favorisé l’accrétion des plages sans pour autant que l’on soit capable de les quantifier à l’échelle régionale.

Figure 3 : Évolution à long terme du trait de côte (1949-1952 et 2006-2009) de 652 plages bretonnes. Les lettres, de A à U, correspondent aux plages présentant des changements significatifs (Stéphan et al., 2019).

Les analyses à moyen terme (Figure 4) montrent que les plages ont connu un recul important du trait de côte. Il est quasi-régulier pour certaines, ou interrompu par des périodes de stabilité pour d’autres. Quelques-unes des plages étudiées montrent des changements plus complexes, caractérisés par la succession de périodes de retraits et d’avancées significatives reflétant l’alternance de courtes périodes d’érosion puis d’accumulation des systèmes plage/dune. Six périodes d’érosion majeures ont été identifiées de 1962 à 2014 (1962-1968, 1977-1978, 1980-1985, 1987-1990, 1993-1997, et 2013-2014), en lien avec l’augmentation de la fréquence des niveaux d’eau extrêmes. Cela démontre que les changements du trait de côte à moyen terme sont intimement liés aux variations météo-océaniques.

Figure 4 : Changements à moyen terme du littoral le long de la côte bretonne. (a) Variabilité temporelle au cours des dernières décennies pour cinq plages représentatives. (b) périodes dominées par l’accrétion/stabilité et périodes dominées par l’érosion pour les cinq plages étudiées. (c) Fréquence annuelle (moyenne mobile sur trois ans) des niveaux d’eau dépassant les quantiles suivant, Q 99% (1% des niveaux d’eau les plus hauts), Q 99,5% (0,5 % des niveaux d’eau les plus hauts) et Q 99,9% (0,1% des niveaux d’eau les plus hauts) entre 1948 et 2016 dans le nord-ouest de la Bretagne (Stéphan et al., 2019).

L’analyse à court terme renforce ces résultats en montrant également le lien étroit entre les périodes d’érosion et les événements tempétueux. Les périodes d’accrétion ou de stabilité sont, quant à elles, associées à des périodes plus calmes. Depuis 1998, cinq événements tempétueux majeurs et très érosifs ont été identifiés. Les tempêtes de l’hiver 2013-2014 apparaissent comme les plus morphogènes.

Ainsi les principales périodes d’érosion côtière en Bretagne au cours des 60 dernières années sont associées avec une augmentation de la fréquence des niveaux marins extrêmes et la raréfaction des apports en matériel sédimentaire ; à moyen terme, l’évolution des accumulations littorales est contrôlée par la variabilité météo-océanique ; enfin, à court terme elle est liée aux événements tempétueux significatifs. L’identification des processus, qui jouent un rôle dans les variations de la position du littoral, est une clé de compréhension pour une meilleure gestion des évolutions des accumulations littorales bretonnes. Cette connaissance devient particulièrement importante dans un contexte de changement climatique associé à l’élévation du niveau de la mer et à l’augmentation des événements tempétueux morphogènes.

Médiation scientifique

Assurée par Belleney Déborah, doctorante de l’École Doctorale des Sciences de la Mer et du Littoral (EDSML – Université de Bretagne Occidentale), en 3ème année de thèse en Géographie au sein du laboratoire Littoral, Environnement, Géomatique, Télédétection (LETG), à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM).

L’article 

Stéphan, P., Blaise, E., Suanez, S. S., Fichaut, B., Autret, R., Floc’H, F., Madec Cuq, V., Le Dantec, N., Ammann, J., David, L., Jaud, M., & Delacourt, C. (2019). Long, medium, and short-term shoreline dynamics of the Brittany coast (Western France). Journal of Coastal Research, Special Issue No. 88, 89‑109.

Les auteurs 

L’article présenté est le travail de Pierre Stéphan (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), Emmanuel Blaise (LIENSs – LIttoral ENvironnement et Sociétés – UMRi 7266 ), Serge Suanez (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), Bernard Fichaut (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), Ronan Autret (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), France Floc’h (LGO – Laboratoire Géosciences Océan ), Véronique Madec Cuq (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), Nicolas Le Dantec (LGO – Laboratoire Géosciences Océan et Cerema – Centre d’Etudes et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement), Jérôme Ammann (LGO – Laboratoire Géosciences Océan ),  Laurence David (LETG – Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique), Marion Jaud (IUEM – Institut Universitaire Européen de la Mer ), Christophe Delacourt (LGO – Laboratoire Géosciences Océan).

La revue 

« Journal of Coastal Research » ou JCR est une revue scientifique internationale consacrée à la recherche sur les études côtières et est publiée par la Coastal Education and Research Foundation (CERF). Le JCR englobe tous les sujets relatifs aux environnements naturels et aménagés (eau douce, saumâtre ou marine) et à la protection/gestion de leurs ressources à proximité des côtes.

Crédit photo

Adeline Maulpoix / CNRS

Contacts

Déborah Belleney / UBO

Les auteurs (voir annuaire de l’IUEM)

 

 

 

Journées de médiation scientifique du Master Biologie des sciences de la mer et du littoral (SML)

Objectifs de cet événement

Dans le cadre de leur formation, les étudiants en deuxième année du Master Biologie des sciences de la mer et du littoral ont organisé les 9 et 10 décembre 2021 des journées de médiation scientifique à destination de trois classes de terminale spécialité SVT du Lycée Polyvalent Amiral Ronarc’h.

Ces journées avaient pour objectif de faire découvrir aux lycéens divers aspects de la biologie marine ainsi que l’offre de formation de l’Institut. Des doctorants de l’IUEM (Youri Minko, Cyprien Lemarechal et Pierre Le Bras) et d’Ifremer (Loïc Van Audenhaege) ont eu l’occasion de s’exercer à la vulgarisation scientifique en présentant aux lycéens leur sujet de thèse vulgarisé.

Par ailleurs, les étudiants ont organisé plusieurs ateliers de découverte des sciences de la mer pour permettre aux lycéens de s’immiscer dans le monde de la biologie marine. Ces derniers ont pu découvrir la diversité du plancton dans la Rade de Brest ainsi que les conditions de vie des organismes vivant sur l’estran, ou encore s’initier à la sclérochronologie et à la taxonomie.

Atelier d’initiation à la sclérochronologie présenté par Marina Dumas, Clarisse Goar et Clément Gauchot

Enfin, un petit quiz, avec à la clé des cadeaux à l’image de l’IUEM, a été organisé afin de tester les connaissances des lycéens sur la biologie marine et de mettre en pratique leur esprit d’équipe et de compétition !

Par le biais de cet événement, les étudiants de Master 2 mention biologie ont eu l’occasion de montrer leur capacité d’organisation et de laisser libre cours à leur imagination. Pour que ces deux journées puissent avoir lieu, ils ont contacté par leurs propres moyens le lycée ainsi que les doctorants, dans le but de transmettre au mieux leurs connaissances en biologie marine et pourquoi pas faire naître des vocations chez les lycéens !

Conférence de Loïc Van Audenhaege, doctorant au Laboratoire Environnement Profond de l’Ifremer : “Suivi des communautés hydrothermales par imagerie”

Témoignages des lycéens

Les lycéens ayant assisté à l’atelier sur le stress hydrodynamique ont apprécié et trouvé la présentation très intéressante : « Nous sommes en spécialité SVT et l’atelier a permis d’apprendre de nouvelles choses et de manipuler en même temps ».

Les lycéens ont apprécié participer aux ateliers d’observation du plancton et d’initiation à la taxonomie dans la salle de travaux pratiques : «C’est agréable de pouvoir manipuler, toucher et regarder. Cela aide à mieux comprendre que de rester assis à écouter un enseignant parler».

Certains ont même ajouté que rien ne serait à modifier si l’événement devait être renouvelé pour l’année prochaine.

Témoignages des M2

Colleen (M2 Biologie des Organismes et des Populations) : “J’ai vraiment apprécié organiser cet évènement de A à Z. Cela n’a pas été une tâche facile au départ, non seulement car nous avons eu des difficultés à trouver des doctorants volontaires, mais également car notre événement a failli être annulé à cause des contraintes imposées par la crise sanitaire actuelle. Heureusement, tout a très bien fonctionné le jour J. Les doctorants étaient très motivés de participer à l’événement et ont fait un très bon travail de vulgarisation. De plus, les étudiants en M2 ayant encadré les lycéens et ayant animé les ateliers ont pris leur rôle très à cœur et ont réussi à transmettre leurs connaissances de manière pédagogue. On a eu quelques petits imprévus, mais la solidarité au sein de notre promotion d’étudiants nous a permis de rebondir et de nous adapter. Tout ceci a fait que l’évènement a été un gros succès, et on espère tous qu’il sera renouvelé l’année prochaine !”

Laura (M2 Écosystèmes Marins) : “ La vulgarisation face à des lycéens est vraiment un super exercice, et une bonne occasion de sortir de ce que l’on a l’habitude de faire à la fac. Je pense que c’est une bonne chose pour des lycéens de rencontrer des étudiants/doctorants pouvant témoigner de leur parcours, d’autant plus pour des terminales, qui sont dans une phase où ils doivent faire des choix pour leur avenir.”

Romain (M2 Biologie des Organismes et des Populations) : “L’organisation de ces deux journées nous a demandé du temps mais c’était une expérience très enrichissante. Se mettre dans la peau du professeur est un exercice stimulant qui m’a permis de présenter et d’échanger sur ce qui me passionne avec le grand public. Je pense que les journées de découvertes des Sciences de la mer à l’IUEM devrait être un événement annuel que ce soit pour ouvrir le monde de la recherche au grand public ou pour créer de futur vocations de biologistes marins.”

Kenza (M2 Écosystème Marins) : “Cette expérience nous a permis de sortir de notre quotidien d’étudiant et de travailler autrement, ce qui est très stimulant et motivant. Ce fut l’occasion de partager avec des lycéens ce que que l’on aime étudier, car finalement une fois dans l’enseignement supérieur on perd tout contact avec les lycées, ce que je trouve est dommage.”

Julie (M2 Écosystèmes Marins) : “L’animation de ces deux journées a été très enrichissante, ça change des exercices qu’on effectue classiquement dans notre parcours. Les événements comme celui-ci nous permettent de développer ou d’approfondir des compétences essentielles en sciences, surtout celle de savoir expliquer ce qu’on fait avec des termes simples ou de faire un discours bien construit pour ne pas perdre le groupe. On a aussi pu partager nos parcours et ressentis avec les lycéens, ce qui à mon avis est très important, surtout à ce moment de leur scolarité. ”

Crédit photos

Colleen Guinle / Étudiant UBO

Contact

Colleen Guinle / Étudiant UBO

Nicolas Le Dantec, Responsable observation littorale à l’UMS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après mon École d’ingénieur (Télécom SudParis), je suis parti pendant 7 ans aux États-Unis. Là-bas, j’ai effectué mon master et ma thèse à l’Université de Californie à San Diego (SCRIPPS institution of oceanography) jusqu’en 2009. J’ai travaillé sur un sujet à double entrée : les géosciences marines et la physique des sédiments pour comprendre les dynamiques sédimentaires dans la zone côtière.

En 2010, j’ai fait un 1er post-doc à l’Institut physique de Rennes (IPR) sur la morphodynamique des dunes sous-marines. Ensuite, en 2011, j’ai réalisé un post-doc à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) où j’étudiais la dynamique hydro sédimentaire sur les fonds du Lac Léman et en particulier dans le canyon du Rhône. Ce 2nd post-doc n’a duré que quelques mois car le 1er janvier 2012, j’ai été recruté au Cerema (anciennement Cetmef) en tant que chargé de recherche.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis à l’IUEM depuis juillet 2013. J’ai d’abord été accueilli au LGO, et je suis maintenant en détachement à l’UMS depuis juillet 2020.

Après avoir été aux États-Unis, c’était important pour moi de revenir en France et surtout en Bretagne, dont je suis originaire. Pour revenir travailler sur l’océanographie en France en tant que breton, Brest était une place incontournable.

Etre intégré dans la communauté scientifique de l’IUEM est quelque chose qui est important pour moi et que j’apprécie beaucoup. Le milieu universitaire permet une certaine liberté, dans le choix des sujets sur lesquels on travaille. Pour moi, la motivation dans la recherche c’est d’abord de comprendre le monde qui nous entoure. Mais faire de la science pour la science ne me suffit pas, j’ai aussi besoin que mon travail trouve une application, un écho dans la société. La liberté à l’université, c’est aussi de s’engager dans le domaine de la recherche appliquée, de se rapprocher des enjeux de société.

Que fais-tu à l’IUEM ?

J’ai une mission à l’observatoire de l’IUEM, sur le développement d’un observatoire des risques côtiers en Bretagne (OSIRISC), ainsi qu’une activité de recherche en lien avec le LGO, sur la dynamique sédimentaire littorale. Mon travail sur les risques côtiers est réalisé au sein d’une large équipe pluridisciplinaire rassemblant plusieurs laboratoires de l’UBO, et qui adopte une approche systémique pour suivre les trajectoires de vulnérabilité des territoires littoraux aux risques côtiers d’érosion et de submersion marine, intégrant les facteurs naturels et anthropiques, le tout dans un cadre de co-construction entre chercheurs et gestionnaires.

D’abord un projet de recherche, OSIRISC est devenu un observatoire opérationnel dont je co-coordonne le déploiement progressif à l’échelle régionale. OSIRISC est déjà bien établi dans le Finistère, notamment grâce au franc succès du partenariat Litto’Risques (UBO, CD29, Cerema) qui porte sur l’accompagnement des territoires pour la gestion des risques côtiers d’érosion et de submersion marine, et dont je suis l’un des représentants pour l’UBO. Ce partenariat est un véritable modèle en terme de liens entre science et société, où l’UBO apporte des réponses aux enjeux des territoires, en alliant recherche, observation, formation, les 3 missions de l’IUEM.

Dans le cadre de mes missions sur l’observation littorale à l’IUEM, l’une des étapes futures consistent à transposer cette approche intégrée à l’ensemble du continuum Terre-Mer et aux problématiques scientifiques et enjeux  associés. Le CPER’Glaz (lancement en mars 2022) sera l’un des vecteurs ou accélérateurs sur ce sujet-là.

Pour l’aspect recherche, mes travaux s’appuient largement sur des observations de terrain pour la compréhension des processus naturels. En parallèle, je continue à utiliser des approches de modélisation, notamment avec les collègues de l’IPR. Mes objets d’études sont les plages, les falaises, les structures sédimentaires (dunes sous-marines et bancs sableux) des avants côtes à la plateforme continentale, avec des questionnements sur la caractérisation et la prédiction des changements morphologiques et des transferts sédimentaires dans ces environnements (évolutions du trait de côte, mécanismes de recul des falaises, morphodynamique des dunes).

Enfin, je m’implique aussi fortement dans les développements méthodologiques pour la mesure des flux sédimentaires et le suivi des évolutions morphologiques à l’interface Terre-Mer.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Dans le cadre du projet « ELEMO » pour l’exploration des eaux du Lac Léman, pendant mon post-doc à l’EPFL, j’ai eu l’occasion de participer à une plongée à bord d’1 des 2 sous-marins russes « MIR » dans le canyon du Rhône. Une plongée en submersible, c’est déjà quelque chose ; sous l’eau on n’a pas trop de repères. Là, pour ne rien arranger, je ne comprenais pas vraiment les échanges entre les pilotes et la surface.

Par la suite, toujours en collaboration avec des équipes de l’EPFL, j’ai participé à une mission sur le lac Baïkal. Nous avons fait un levé bathymétrique des canyons devant le delta du fleuve Selenga qui se jette dans le lac. Ce fût une sacrée expédition et une expérience culturelle enrichissante ! Nous avons utilisé le sondeur multifaisceaux de l’IUEM, à partir d’un navire d’opportunité. Les marins ne parlaient que le russe ; nous avions une traductrice qui parlait anglais. À un moment nous sommes passés au-dessus d’une tête de canyon, et le bateau est devenu plus difficile à piloter. Les marins ont commencé à paniquer, un petit peu d’abord, à raconter des histoires de bateaux de pêche engloutis et réapparus en Mongolie,  puis de plus en plus, à jeter des verres de Vodka par-dessus bord pour calmer les eaux du lac, et on a finalement dû quitter la zone avant de l’avoir tout à fait couverte !

A part ça, je n’ai pas de lien particulier avec les russes…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Lorsque j’étais étudiant en thèse, j’ai participé à une campagne très sympa sur le RV Roger Revelle entre Hawaii et San Diego. Je démarrais ma thèse, ça a été une superbe expérience.

Plus récemment, je trouve sympathique le fait de retourner faire des suivis sur les plages où je passais mes vacances quand j’étais enfant.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup le sport (j’ai pratiqué le tennis) et la pêche à la crevette.

As-tu une devise ?

« Don’t let anyone rain on your dreams ».

Crédit photos

Noémie Basara / UBO

Déborah Belleney / UBO

Contact

Nicolas Le Dantec / UBO

La dalle de Saint Bélec, plus ancienne carte d’Europe ?

Lorsqu’une équipe de chercheurs dirigée par Clément Nicolas (Bournemouth University) et Yvan Pailler (UBO/Inrap) a vu pour la première fois des photographies d’archives d’une dalle de schiste brisée conservée au Musée d’Archéologie nationale, elle a été intriguée. La dalle faisait 2,20 m sur 1,80 m, étant gravée de motifs répétés reliés par un réseau de lignes, ils ont soupçonné qu’il pouvait s’agir d’une carte. Cette dalle avait été exhumée en 1900 d’un tumulus en Bretagne, où elle formait l’un des murs d’une tombe en pierre datant de la fin de l’âge du Bronze ancien, entre 1900 et 1640 avant notre ère. Elle, qui pèse plus d’une tonne, était entreposée depuis plus d’un siècle lorsque C. Nicolas et ses collègues l’ont retrouvée pour l’examiner de plus près.

Les archéologues ont constaté qu’un creux triangulaire situé sur le bord gauche de la dalle rappelle la forme de la vallée de l’Odet, près de l’endroit où elle a été découverte. Un motif carré dans ce creux semble représenter une masse granitique importante dans le paysage. De même, les lignes correspondent étroitement au réseau de rivières de la région. L’équipe a conclu que la dalle est une carte d’une région mesurant environ 30 sur 21 kilomètres et qu’elle date de 2150 à 1600 avant J.-C : « C’est la plus ancienne carte d’un territoire que nous pouvons reconnaître en Europe », dit Clément Nicolas. Un motif au centre pourrait marquer une enceinte, ce qui amène les chercheurs à suggérer que la carte représente le petit royaume de l’âge du Bronze et que son but était de revendiquer ce territoire.

Le top 10 des découvertes archéologiques (année 2021) de la revue américaine Archaeology Magazine vient de paraître, la dalle de Saint-Bélec y figure.

Publication en français & en anglais.

Retrouvez le teaser et l’entretien réalisés par l’UBO.

Crédit photos

Denis Glicksman / INRAP

Contact

Yvan Pailler / INRAP

Simona Niculescu, Enseignant-chercheur en géographie au LETG-Brest

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai préparé ma thèse entre 1998 et 2002 au laboratoire de Biogéographie et Écologie du CNRS/ENS (École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud). La soutenance a eu lieu le 20 février 2002 à la Sorbonne Paris IV. Le sujet de la thèse était centré sur l’évolution du paysage par télédétection (observation de la Terre par satellites) : Approche géographique de la dynamique des paysages du Plateau de Fălticeni (Roumanie).

Entre 2002 et 2003, j’ai fait un post-doc à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris dans un laboratoire de mathématiques appliquées aux sciences sociales (CAMS) avec un sujet orienté sur l’élaboration des statistiques spatiales agricoles à partir des images satellites pour les pays ex-communistes. Puis en 2003, je suis arrivée pour la première fois en Bretagne dans le cadre d’une conférence organisée par l’École Navale de Lanvéoc-Poulmic. Suite à cette conférence, j’ai été recrutée pour 1 an en tant qu’enseignant-chercheur associé en télédétection. A l’École Navale, j’ai commencé à aborder des thématiques marines par télédétection tout en côtoyant des chercheurs en hydrographie (observation des eaux et des mers). Enfin, en septembre 2004, j’ai été recrutée sur concours à l’UBO.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Étant donné que le poste correspondant au concours UBO était rattaché à GEOMER, j’ai intégré tout naturellement l’IUEM.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Côté enseignement, je forme à la télédétection à l’IUEM dans le cadre du master EGEL et du mastère Energies marine renouvelables de l’ENSTA. J’enseigne aussi la télédétection et la géographie plus générale (régionale, géopolitique) en licence à la Fac de Lettres Victor Segalen de Brest et à l’international à l’Université franco-vietnamienne de Hanoi (niveau master).

En termes de recherche, j’ai obtenu 3 ans de délégation CNRS (2009-2011 et 2019-2020) pendant lesquels je me suis dédiée intégralement à la recherche. Durant ma première délégation CNRS (entre 2009 et 2011), j’ai pu préparer mon habilitation à diriger des recherches (HDR) soutenue le 24 novembre 2015 à l’Université de Sorbonne Paris IV. Pendant la période de préparation de mon HDR, j’ai commencé à travailler sur la méthodologie de Machine Learning (apprentissage automatique, y compris l’apprentissage approfondi) appliquée aux zones côtières de différentes régions du globe (delta du Danube, delta du Mékong, littoral Ouest de l’Algérie, Pays de Brest). Pendant ma troisième année de délégation CNRS (2019-2020), j’ai effectué une année de mobilité géographique à l’Université de Californie Santa Barbara dans le laboratoire VIPER (Visualization & Image Processing for Environmental Research, UCSB Geography Department) spécialisé en télédétection et en machine Learning.

Après mon HDR, j’ai réalisé plusieurs projets de recherche structurés par la même thématique (applications de la méthodologie Machine Learning en télédétection aux zone côtières) : j’ai obtenu une Chaire Jean Monnet (2018-2022) avec une conférence à la clé en mai 2022, un projet Fondation de France (2018-2022) sur le pays de Brest, Hubert-Curien Tassili avec l’Algérie et plusieurs projets CNES. Ce mois-ci, j’ai assisté à la première soutenance de thèse de l’un de mes doctorants et depuis 2015, j’ai eu l’occasion d’encadrer 5 doctorants (vietnamien, 2 algériens, chinois et gabonais).

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

En Californie (à Santa Barbara), j’étais hébergée dans un petit centre (qui louait des chambres et des appartements) et dans la salle de discussion des contrats, j’ai découvert une énorme carte ancienne de Paris en 1850 affichée au mur. Ça m’a fait plaisir de trouver cette carte à l’autre bout du monde !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’en ai plusieurs : lorsque j’ai récupéré mon bureau face à la mer, la 1ère soutenance de thèse de l’un de mes doctorants le mois dernier, le résultat de ma Chaire correspondant à la satisfaction de mon travail et quand j’ai exploré la côte Pacifique en Californie.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup cuisiner français (par exemple, soufflé de fromage, salade…), la nature en général, j’aime y passer du temps (randonnée). Je suis amoureuse de la Corse et y suis allée 2 fois, le temps de bien la découvrir.

As-tu une devise ?

« Fonce, ne baisse jamais les bras ! »

 

Crédit photos

Sébastien Hervé / UBO

Contact

Simona Niculescu / UBO