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L’équipe du projet de recherche SARGADOM à la conférence Océan de Lisbonne

La conférence océan des Nations Unies

La Conférence des Nations Unies sur l’océan a eu lieu à Lisbonne, au Portugal, du 27 juin au 1er juillet 2022. Elle a réuni la communauté internationale océan des décideurs, des chercheurs, des praticiens et des parties prenantes pour mener une réflexion sur la nécessité d’intensifier l’action en faveur de la protection de l’océan.

Le thème de la conférence était précisément  » Renforcer l’action en faveur de l’océan basée sur la science et l’innovation pour la mise en œuvre de l’objectif 14 : bilan, partenariats et solutions  » (‘Scaling up Ocean Action Based on Science and Innovation for the Implementation of Goal 14: Stocktaking, Partnerships and Solutions‘).

Organisée conjointement par les gouvernements du Portugal et du Kenya, la conférence s’est déroulée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), qui vise à promouvoir la compréhension de l’océan et l’investissement dans la science pour la gestion durable des ressources marines.

Le projet SARGADOM présente un grand intérêt pour la cible 14.c de l’Objectif de développement durable 14 – Améliorer la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources en appliquant le droit international tel que reflété dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer-, qui fournit le cadre juridique pour la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources.

Des représentants de l’ONG costaricienne MarViva, de la Commission de la mer des Sargasses, de l’UBO et de l’OFB ainsi que d’autres soutiens et partenaires du projet étaient présents à la conférence.

L’engagement de SARGADOM

« Contribuer à une gouvernance hybride pour protéger et gérer des aires remarquables en haute mer : Dôme thermal et mer des Sargasses » tel est l’objectif du projet et l’engagement pris auprès des Nations Unies (voir site de l’UN DESA).

Lors de la conférence, l ‘équipe du projet a soumis deux propositions au dialogue interactif 7 « Renforcer la conservation et l’utilisation durable des océans et de leurs ressources en appliquant le droit international, tel que reflété dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ». Elles sont à retrouver ci-dessous (en anglais) :

Thermal Dome

« Respectfully, we offer our support to the governments to collaborate with the High Ambition Coalition on BBNJ launched at the One Ocean Summit on the establishment of a technical group dedicated to study and develop management proposals for the Thermal Dome. We understand the complexity of its management and we would like to support the process to create the possible scenarios for a sustainable governance of this important site in the High Seas. In doing so, we pursue to contribute to the discussions about the elements of the UN negotiations on BBNJ and inform on possible implementation models for regional and global coordination. »

Sargasso Sea

« The Sargasso Sea Commission has been described as a new paradigm for high seas governance. In this Ocean Decade, we invite more governments to become stewards of this iconic high seas area, and to become pioneers of high seas conservation in general by becoming signatories to the Hamilton Declaration. As the high seas are the concern of everyone, we encourage participation from around the world – not just from governments adjacent to the Sargasso Sea. »

Si certaines idées ont été reprises dans le résultat officiel de la conférence (la déclaration politique adoptée par les représentants des États), des orientations essentielles pour un changement transformateur ont émergé des échanges entre la société civile, les représentants des jeunes, les chercheurs et les partenaires des Nations Unies en marge de la conférence.

Pour en savoir plus sur le projet découvrez le site Internet (plus de ressources à venir bientôt).

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Fae Sapsford

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Joëlle Richard / UBO

One Ocean Summit University : participation à la conférence Océan des Nations Unies

La One Ocean Summit University est l’initiative portée par l’UBO qui a regroupé des chercheurs en début de carrière issus de différentes disciplines des sciences de la mer et du littoral, et représentants de grand réseaux internationaux pour porter leur voix dans des sommet de « haut segment politique ».

En février dernier, la France profitait de sa présidence de l’Union européenne pour inviter les dirigeants du monde entier, à Brest, afin d’initier et de consolider des engagements communs en faveur de la protection de l’océan : le One Ocean Summit.

C’est à cette occasion qu’une équipe de l’IUEM a lancé un appel aux réseaux internationaux de jeunes chercheurs, pour la rédaction d’un appel à l’action adressé aux décideurs. Basé sur la concertation et la mise en réseau des différentes communautés, cet appel s’est construit grâce à la motivation et la détermination de plus de soixante-dix doctorants et post-doctorants de différentes nationalités et disciplines. Ensemble, ils ont proposé et diffusé une vision commune des défis et opportunités de la recherche en sciences marines et de la formation à la recherche.

Cet engagement a porté la voix de la nouvelle génération de chercheurs s’est poursuivi jusqu’à Lisbonne, en juin dernier, lors de la conférence Océan des Nations Unies (27 juin-1er juillet 2022).

Une version consolidée de l’appel à l’action a été disséminée grâce à six ambassadeurs, accrédités en tant qu’observateurs à la conférence.
La délégation conduite par Yves-Marie Paulet, Vice-Président Mer de l’UBO, a accueilli une ancienne doctorante de l’IUEM, Elyne Dugény, aujourd’hui ATER à Toulouse, chercheuse au MIO et représentante du réseau All-Atlantic Youth Ambassadors en France ; Houda Beghoura, post-doctorante IRD au LOPS ; Mariana Schiavetti, doctorante UBO à AMURE ; Marie-Morgane Rouyer, doctorante au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive à l’Université de Montpellier et représentante du réseau ECOP UN Ocean Decade et Raphaël Bajon, doctorant Ifremer au LOPS.
En plus de suivre les sessions officielles de la conférence, ils ont tous les six pris part à plusieurs side events, répondant notamment aux appels du forum Youth4Ocean (de la Commission européenne) et de la Plateforme Océan et Climat.

Elyne a notamment profité de sa participation à la table ronde « An ocean of solutions for climate and biodiversity » de la Plateforme Océan et Climat pour souligner la nécessité d’accroître les connaissances en renforçant la recherche et en favorisant le partage des connaissances (Ocean Literacy). Lors du side event « The Ocean as a global common – connecting generations of stakeholders through storytelling » coordonné par Youth4Ocean en partenariat avec l’ONG Ocean as Common, a été présentée l’importance de la place de la jeune génération, de leurs forces vives, des partenariats transdisciplinaires afin de maximiser les engagements. Mariana et Elyne ont partagé avec émotions leurs histoires lors de ce temps fort et rappelé leurs engagements.

L’appel construit par le groupe One Ocean Summit University fait écho aux dialogues qui ont rythmé la conférence Océan. Il se structure autour de quatre domaines clés :

  • la promotion d’outils de gouvernance et de travail en commun,
  • la mise en lumière la nécessité d’accroître la protection de l’océan afin de favoriser la résilience des écosystèmes,
  • la promotion d’une économie bleue plus inclusive et équitable qui respecte l’environnement marin,
  • la nécessité d’accroître les connaissances en renforçant les moyens alloués à la recherche tout en favorisant le partage de ces connaissances et de la culture océanique.

Le succès de cette initiative One Ocean Summit University, outre le travail formidable opéré par ses membres, est renforcé par le dynamisme des réseaux et partenaires importants tels que l’ECOP du European Marine Board, les All Atlantic Ocean Youth Ambassadors, le Youth4Ocean, Future Earth, la Surfrider Foundation, les universités européennes CONEXUS et SEA-EU.
La participation des chercheurs de l’OOS University à l’UNOC 2022 a permis de partager leurs travaux et de sensibiliser les décideurs politiques à s’emparer de ces recommandations. Ceci, afin de les concrétiser en cette décennie de l’Océan. De plus, les six doctorants et post-doctorants observateurs ont pu appréhender le fonctionnement des arènes de négociations internationales et suivre les annonces qui en découlent.

Cette visibilité leur a ouvert les portes de la Commission européenne où ils ont été invités à partager leur recommandations. À suivre !

↪ Pour découvrir leur appel et le soutenir, suivez ce lien (à partager sans modération !)


 

Crédit photo et contact

Romain Le Moal / UBO

Annie Cudennec, Professeure de droit public à AMURE

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai préparé ma thèse de doctorat en droit sur la politique européenne des pêches à l’UBO au Centre de droit et d’économie de la mer (CEDEM), l’ancêtre d’AMURE. Nous étions aux prémisses de cette politique, ce qui était vraiment enthousiasmant. Plus précisément,  mes recherches portaient sur l’organisation des marchés au niveau européen. Les décisions prises à Bruxelles formaient alors un nouveau mode de gouvernance et j’ai pu analyser dans la cadre de ma thèse les difficultés de la France à s’adapter aux décisions prises par l’Union européenne. J’ai travaillé avec des pêcheurs locaux qui, à l’époque, avaient parfois du mal à comprendre ce mode de fonctionnement. Faire des recherches sur la gouvernance européenne des pêches était d’autant plus stimulant que  par la suite, la politique commune de la pêche a dû intégrer les exigences de la protection de l’environnement : il a été  passionnant d’analyser cette évolution. Après ma thèse, j’ai été recrutée à l’UBO et j’ai pu continuer mes recherches au CEDEM, recherches qui se sont notamment concrétisées par la chaire européenne Jean Monnet en droit européen de la mer.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

J’ai rejoint l’IUEM naturellement quand le CEDEM a intégré l’IUEM dès sa création en 1997.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je travaille toujours sur l’Union européenne et sur son droit. Ce qui m’intéresse, c’est la gouvernance de l’UE, tout particulièrement son rôle joué au niveau international. Je publie plus particulièrement sur cette thématique. J’analyse dans quelle mesure l’UE constitue un levier pour mieux préserver l’environnement marin mais aussi quels sont les freins à son action. La chaire Jean Monnet a été un bon moyen pour développer des recherches, mettre en place des actions (organisation d’un grand colloque sur la mer…) et renforcer la visibilité des travaux menés par les juristes d’AMURE. Cette visibilité se concrétise aussi aujourd’hui avec la publication – depuis maintenant une dizaine d’années – par les juristes d’AMURE, d’une chronique maritime dans la Revue de l’Union européenne.

Côté pédagogie, j‘enseigne quasiment à tous les niveaux, qu’il s’agisse de donner aux étudiants les bases du droit de l’UE (en L2, à Brest et à Quimper) ou de les initier au droit européen de la mer dans le cadre du Master Droit des activités maritimes. J’enseigne aussi le droit international de la mer en M1 comme en M2.

Je donne également des cours à l’extérieur, pour des organismes français (cette année l’Office français de la biodiversité (OFB)) ou internationaux (depuis près d’une dizaine d’années pour le Tribunal international du droit de la mer à Hambourg).

De plus, j’encadre des doctorants sur des sujets liés au droit européen de la mer comme la politique européenne arctique, la politique maritime européenne intégrée, la sécurité maritime, ou encore le label européen des produits de la mer (thèse co-encadrée avec Betty Queffelec).

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Souvenirs de colloques internationaux, des cultures différentes rencontrées lors des cours assurés à l’étranger…

En France, lorsque le cours est programmé à une certaine heure, les étudiants s’inquiètent (ou se réjouissent…) si l’on tarde à arriver. Je me souviens qu’à Fortaleza, une collègue devait venir me chercher à mon hôtel à 9h30 car j’avais un cours programmé à 10h. Elle est finalement arrivée à 9h55… L’accueil à l’université a été des plus chaleureux, j’ai été accueillie par le président qui m’a offert un délicieux café brésilien, suivi d’un jus d’açai ; avant que le doyen ne me fasse visiter la faculté. J’étais un peu inquiète tout de même en consultant ma montre et craignais de trouver un amphi vide, lorsque j’y suis enfin entrée… aux alentours de 11 heures 30. Mais non, les étudiants étaient tous là et m’attendaient tranquillement en sirotant, eux aussi, café et jus de fruit. La conférence de 2h s’est transformée en une discussion passionnante qui s’est prolongée jusqu’à 15h.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Peut-être la soutenance de la première thèse que j’ai dirigée, celle de Betty Queffelec, ma première doctorante, sur le thème de la diversité biologique marine, outil de recomposition du droit international de la nature. L’on se dit alors que la relève est assurée.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

La mer bien sûr, autrement qu’à travers les textes !  J’aime naviguer depuis que je suis toute petite. Plus récemment, j’ai aussi découvert la montagne. Il y a beaucoup de points communs entre ces natures à priori si éloignées, en premier lieu la beauté de milieux souvent encore préservés mais si fragiles.

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B. Cudennec

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Annie Cudennec / UBO

Eric Foulquier, Enseignant-chercheur au LETG-Brest

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai fait ma thèse au LETG à Nantes, qui s’appelait Géolittomer à l’époque. Elle portait sur les ports du Cône sud : « L’Uruguay et son insertion régionale : le rôle des ports dans la structuration du territoire ». Ce fut l’occasion d’un long séjour sur place, j’ai passé deux ans à l’Université de la République de Montevideo, à la Faculté des Sciences, la géographie étant considérée là-bas comme l’une des sciences de la nature. Ensuite, j’ai fait un postdoc au Brésil à l’Université fédérale de Rio pendant 8 mois. À l’époque, je travaillais surtout sur le volet politique, social et économique des activités portuaires et maritimes. En fait, j’essayais de mettre en évidence les implications des réformes de gouvernance, d’inspiration libérale, sur les communautés d’acteurs portuaires. Après la chute du mur de Berlin, des politiques dites « d’ajustements structurels » se sont appliquées sur l’ensemble des pays sud-américains, sous la houlette du FMI et de la Banque Mondiale. En cédant au secteur privé, la gestion des infrastructures de transport, il s’agissait d’apurer les dettes accumulées pendant la Guerre Froide. Ces réformes sont arrivées ensuite en Europe et notamment en France, en 2008, au début du mandat de Nicolas Sarkozy. Etudier ces processus m’a permis d’aborder la gouvernance sous l’angle de ceux qui les subissaient en premier en lieu, à savoir les entreprises et leurs salariés, mais aussi de distinguer les singularités portuaires qui en découlaient. Elles n’ont pas manqué en effet de construire des nouveaux rapports de force sur les quais et, à ce jeu-là, les places portuaires ne réagissent pas de manière uniforme. À chaque port, sa conflictualité en quelque sorte. Il s’agit d’identité, de trajectoire géo-historique spécifique au lieu. En 2003, je suis devenu Maître de conférences à l’Université d’Orléans et à partir de 2007, j’ai obtenu plusieurs financements dont un programme ANR sur les interactions entre gouvernance et conflictualité dans les espaces portuaires.

Sur les quais du Terminal fruitier de Bilbao

L’idée était d’objectiver la notion de conflit à travers des descripteurs, voire des métriques, pour essayer de savoir si la grève était bien la question centrale de la performance portuaire, et d’éclairer au contraire la diversité des formes conflictuelles à l’œuvre dans les ports. Ces travaux ont été publiés en 2014 : Gouverner les ports de commerce à l’heure libérale aux Editions du CNRS, dans lequel nous avons essayé, avec une équipe de collègues économistes, juristes, historiens et sociologues, de démontrer que la réalité des quotidiens portuaires dépassait largement la seule question sociale, dont la grève est certes la partie la plus médiatisée mais pas forcément la seule manière d’aborder le déficit de performance. De là, je me suis beaucoup intéressé à la façon dont les communautés d’acteurs, en premier les Unions Maritimes, qui rassemblent les acteurs économiques des places portuaires, participaient tout autant que l’Etat à l’animation de ces territoires.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je ne me voyais pas vivre toute ma vie au milieu de la Beauce car vivre sur une île au milieu des grains n’a pas vraiment de sens, lorsque l’on bosse sur les ports… Je préfère nettement les îles en milieu marin ! En 2008, j’ai réussi à obtenir une mutation sur l’UBO qui donnait l’opportunité de satisfaire ce projet professionnel  et m’offrait l’avantage de rester au LETG, laboratoire dont je suis membre depuis mon inscription en thèse en 1996. L’idée était de venir vivre au bord de la mer, en Bretagne. Je connaissais de fait déjà l’IUEM, notamment par les séminaires de doctorants et les AG de labo.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je continue à travailler sur les questions liées au transport maritime, à la mondialisation selon une approche plutôt centrée sur les relations hommes et milieux. Je m’intéresse par exemple aux conteneurs abandonnés dans les espaces terrestres, notamment dans les îles.

Conteneur abandonné, Port Louis, Guadeloupe

D’une manière générale, j’aime bien les démarches orientées « objet ». La question de la circulation des objets, des matières, de la « camelote » comme on dit dans les ports, sont au cœur de la problématique de l’anthropocène. Tout ce qu’il y a dans nos assiettes et dans notre vie quotidienne passe à un moment donné ou à un autre dans des navires et dans des ports et ce, depuis plusieurs milliers d’années.

¼ de siècle au LETG m’a donné le temps de me familiariser avec les problématiques environnementales.

C’est aussi sans doute la raison pour laquelle mes recherches portent aujourd’hui assez nettement sur l’écologie portuaire et les relations entre le shipping et l’environnement, les questions de transition telles qu’elles se posent dans les ports de commerce, et le rôle qu’elles peuvent jouer ou non en la matière.

Je participe activement aux travaux de l’Observatoire Hommes-milieux (OHM) Littoral Caraïbe, dirigé par Pascal Lopez, directeur de recherche CNRS, micro-biologiste au laboratoire BOREA au MNHN. L’Observatoire s’intéresse à la façon dont les activités portuaires participent de l’anthropisation du littoral dans l’archipel guadeloupéen et dans les Antilles plus largement.

Avec mon collègue Iwan Le Berre, nous dirigeons actuellement le programme Transport maritime, fréquentation portuaire et inégalités environnementales dans les Caraïbes (TRAFIC, 2020-2023) financé par la Fondation de France. Il s’intéresse à la façon dont la circulation marchande dans les Caraïbes révèle ou non des inégalités environnementales et des questions de vulnérabilité portuaire ;  en effet, les ports ne choisissent pas la qualité des navires qu’ils accueillent. En ce sens, on peut les considérer comme « vulnérables », voire en « risque », face à la fréquentation « navires ».

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

En Guadeloupe, un des plats assez communs dans les restaurants est le Tataki, un thon mariné et mi-cuit servi avec de petits légumes locaux. C’est frais, c’est léger. J’étais accompagné d’un collègue qui aurait dû se méfier du profil japonisant de la recette car ce soir-là j’ai bien cru que j’allais le perdre quand il s’est retourné vers moi le visage rougi non pas par la chaleur des alizés mais par ce qu’il venait d’avaler. Il me dit : « Dis donc Eric, il est vachement fort le petit pois ! ». J’avoue que cela m’a surpris d’apprendre ce soir-là que le wasabi n’était pas encore arrivé jusqu’au Léon… Et c’est vrai que dans ce genre de situation, le Ti Punch de Père Labat à 59 degrés n’est pas le moyen le plus adéquat pour éteindre l’incendie…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Un des beaux souvenirs récent est d’avoir fait soutenir la 1ère thèse que j’ai co-encadrée avec Louis Brigand et Jean Boncoeur dans le cadre du projet ID-îles. Il s’agissait de la thèse de Marie Guingot : L’Ile, l’entreprise et le navire : étude de la desserte insulaire et des adaptations des entreprises du Ponant.

Cette semaine-là il y avait également deux autres soutenances en lien avec ce programme, c’était l’aboutissement de tout un travail collectif dans le cadre de ce programme sur le développement local dans les Îles du Ponant. C’est toujours émouvant de réaliser que nous avons réussi collectivement à produire des connaissances, et surtout de voir s’accomplir des trajectoires intellectuelles et de constater le chemin parcouru.

Un autre souvenir, plus personnel, est une mission réalisée dans la cadre d’un programme sur les frontières dans le Cône Sud, durant laquelle j’ai traversé tout le Paraguay sur la TransChaco à destination de la frontière bolivienne. Nous allions réaliser des entretiens dans les colonies mennonites, des immigrés allemands arrivés dans les années 30 pour peupler la région frontalière et assurer la légitimité paraguayenne dans cet espace. C’est là que la géographie rencontre l’histoire. C’était tout à fait impressionnant de constater le grand écart entre une communauté germanophone aux us et coutumes d’un autre temps, perdue au milieu de nulle part et la façon dont ils avaient pourtant réussi à implanter ici une industrie laitière agro-exportatrice des plus modernes et largement projetée dans la mondialisation. Lors de cette mission, nous avions également travaillé sur la filière agrumicole argentine, construite par les réfugiés pieds-noirs d’Algérie. Un numéro spécial  de la revue Géographie, Economie, Société a été publié sur ces questions, « l’Orange bleue ».

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Le vélo, en ville et ailleurs, les lieux de mémoire et les vieilles choses qui racontent toujours une histoire, les chips et les bistrots, où l’on rencontre toute sorte de gens, surtout quand ils sont situés dans les ports. Il faut dire qu’à Douarnenez pour le coup, je suis un peu dans un « hotspot » !

As-tu une devise ?

Elle n’est pas de moi mais de Jean-Claude Suaudeau, l’entraîneur mythique du Grand Football Club de Nantes des années 90 : « Celui qui renonce à être meilleur cesse déjà d’être bon ».

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Christine Lamberts / CNRS

Eric Foulquier / UBO

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Eric Foulquier / UBO

Retour sur OceanObs’19 à Honolulu

Dans le cadre de sa série de conférences décennales, OceanObs’19 a regroupé à Honolulu du 16 au 20 septembre 2019 la communauté mondiale des observateurs des milieux océaniques, des scientifiques aux utilisateurs finaux.

Objectifs de la manifestation

Cette conférence décennale dont la première a eu lieu en France en 1999, a cherché à améliorer la réponse aux besoins scientifiques et sociétaux par un système intégré d’observation des océans, afin de mieux comprendre l’environnement marin, de surveiller le climat et d’informer sur les stratégies d’adaptation, ainsi que d’utiliser durablement des ressources océaniques. OceanObs’19 a poursuivi l’élaboration de stratégies visant à mettre en place un système pérenne d’observation multidisciplinaire et intégré de l’océan et à mieux relier les observateurs, les modélisateurs et les communautés d’utilisateurs. Les contributions (sous la forme d’articles blancs communautaires appelés « community white paper ») ont permis d’orienter l’élaboration de la stratégie tout au long de la conférence pour la prochaine décennie. La conférence et ces articles blancs s’articulent autour de 10 thèmes essentiels pour le bénéfice de la société qui étaient les suivants « Observing System Governance », « Data & Information Systems », « Observing Technologies & Networks », « Pollution & Human Health », « Hazards & Maritime Safety », « Blue Economy », « Discovery », « Ecosystem Health & Biodiversity », « Climate Variability & Change » et « Water, Food, & Energy Security ».


Implication des scientifiques de l’IUEM

L’IUEM et l’Ifremer étaient présents à cette manifestation, particulièrement les agents du LOPS (Pascale Lherminier, Nicolas Kolodziejczyk, Guillaume Charria, Jérôme Paillet) mais aussi du Lemar (Patrice Brehmer) et avec une forte contribution à distance de Fabrice Ardhuin du LOPS. US Imago (Unité propre IRD sur le campus de Plouzané) était aussi présente. Elle est liée de manière indirecte au LOPS, au Lemar et à l’IUEM. Un poster décrivant l’IUEM a été présenté à la conférence et l’IRD, tutelle de l’IUEM, était l’un des sponsors officiels. Les principaux thèmes soutenus par les agents de l’IUEM dans leurs articles blancs (déjà 240 000 vues) ont porté sur les contributions des navires aux systèmes d’observation ; l’infrastructure de recherche JERICO ; l’observation en France de l’océan côtier et du littoral, ainsi que sur le rapport coût efficacité des capteurs biogéochimiques mais aussi de capteurs utilisés en biologie marine.  Enfin, les agents de l’IUEM ont aussi présenté d’autres contributions notamment le projet européen H2020 Trialtlas et ont participé aux animations du Hall d’expositions notamment sur le stand de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Les scientifiques ont fait remarquer aux organisateurs la faible participation des pays Africains et des pays dits du Sud en général. Le renforcement de leur capacité d’expertise sur les milieux océaniques devrait être une priorité pour la décennie a venir, entrant ainsi une cohérence avec la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). Gageons que l’IUEM et ses partenaires auront à cœur de contribuer à cette noble mission.

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Pascale Lherminier / Ifremer

Patrice Brehmer / IRD

L’océan au cœur des discussions internationales sur le climat

Mettre en avant la place de l’océan dans les discussions sur le climat

Depuis les années 1990 les discussions sur le climat s’étaient surtout centrées sur les enjeux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre la déforestation. L’océan, qui couvre pourtant 71% de la surface du globe et absorbe 30% du CO2 émis chaque année par l’Homme dans l’atmosphère était relativement absent des débats. Depuis 2015 et la COP21 ayant eu lieu à Paris, l’océan a émergé comme un élément des discussions sur le climat.

La Plateforme Océan et Climat est née en 2014 d’une alliance entre des associations, des scientifiques et quelques industriels. Son objectif est de promouvoir les enjeux liés à l’océan et au climat auprès des politiques, des décideurs et du grand public. Lors de la COP21 la plate-forme Océan et Climat a communiqué sur la manière dont l’océan est impacté par les changements climatiques, ainsi que sur le fait que l’océan peut faire partie des solutions face au changement climatique.

Afin d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de contenir la hausse des températures en deçà de 2 °C, les Etats signataires doivent produire des contributions nationales présentant leurs engagements. Un des objectifs de l’Alliance internationale d’initiatives Océan et Climat, organisme créé par la plate-forme Océan et Climat, est donc d’aider les Etats à intégrer le thème de l’océan dans les contributions qu’ils doivent produire en intégrant des thèmes comme les énergies marines renouvelables ou la séquestration du carbone dans les zones côtières.

L’océan est davantage présent dans le 5ème rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental des experts sur le climat) publié en 2014. Celui-ci conclut que l’océan a absorbé 30 % des émissions de CO2 dues aux activités humaines provoquant l’acidification de l’océan, que l’influence de l’homme a très probablement contribué à la fonte de la banquise, au réchauffement de surface et à l’élévation du niveau des mers.

Lors de la COP de Paris, le GIEC a également décidé de publier un rapport spécial sur les océans qui sera présenté en septembre 2019. Il traitera d’une série de thèmes liés aux océans et aux littoraux comme la hausse du niveau des mers ou les effets des changements sur les écosystèmes, sur la biodiversité et sur les services écosystémiques. Il s’agira également de passer en revue des solutions d’atténuation (par exemple la restauration de mangrove permettant de séquestrer du carbone) et des solutions d’adaptation des communautés dépendant des écosystèmes marins. Une partie portera sur les extrêmes, les changements brutaux et la gestion des risques. Le rapport traitera de l’océan mais aussi de la cryosphère c’est-à-dire des calottes glaciaires, des glaciers de montagne et de la banquise. Les changements touchant l’océan dans les régions polaires feront donc également l’objet d’un chapitre.

Contacts : Denis Bailly, Laboratoire Amure, Membre du comité scientifique de l’initiative Océan et Climat : denis.bailly@univ-brest.fr ; Anne-Marie Tréguier, Laboratoire LOPS, auteur pour le 6e Rapport d’évaluation du GIEC : anne.marie.treguier@ifremer.fr

La gouvernance de l’océan dans le contexte du changement climatique

Avec le changement global, les océans et les mers se trouvent face à des enjeux qui amènent à s’interroger sur leur gouvernance dans une perspective de gestion durable. On peut citer l’exemple de l’Arctique où le changement climatique ouvre la voie au développement des activités humaines. Plusieurs acteurs entrent en ligne de compte avec des intérêts divers allant de l’exploitation commerciale à la préservation de l’environnement. Usage des océans, circulation, accès aux ressources comme par exemple les ressources minières ou énergétiques… L’idée est de décider, collectivement, de l’avenir des océans soumis à la pression des activités humaines.

La Convention des Nations unies de 1982 sur le droit de la mer est le document qui fixe des obligations générales permettant d’assurer l’utilisation pacifique des mers et des océans ainsi que la préservation et la protection du milieu marin. Face à la diversité des problématiques et des régions concernées (ex. : acidification et blanchiment des coraux, exploitation du pétrole en Arctique, protection des espèces menacées), il existe des conventions sectorielles et des conventions régionales.

En 2015, l’Agenda 2030 pour le développement durable a été adopté par les Nations unies. L’Objectif de développement durable n° 14 (ODD) porte sur la protection et le développement durable de l’océan, des mers et des ressources marines. Il vise à prévenir la pollution de l’océan, protéger l’écosystème océanique, mettre fin à la surpêche et à lutter contre les effets de l’acidification. Il s’agit d’améliorer la mise en œuvre de la gouvernance dans une dynamique de collaboration, en prenant en compte les enjeux globaux comme les enjeux régionaux. L’Océan est aujourd’hui au cœur de l’agenda politique international.

L’océan à découvert. Agathe Euzen, Françoise Gaill, Denis Lacroix et Philippe Cury, coordination scientifique. CNRS éditions, collection ‘A découvert’, 2017. Chapitre «La gouvernance de l’océan: un chantier entre science et politique» – Camille Mazé et olivier Ragueneau (LEMAR) Contact : olivier.ragueneau@univ-brest.fr

Repères : Qu’est-qu’une COP? Qu’est-ce que le GIEC?

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