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Sophie Rodrigues, Enseignante-chercheure en microbiologie marine au LBCM

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai fait ma thèse à l’UBS en codirection entre le LBCM et le LEMAR  de 2011 à 2014 ; je connais donc l’IUEM depuis longtemps. Durant ma thèse je me suis intéressée aux relations hôte-pathogène et plus spécifiquement au lien entre la formation de biofilm et la virulence de la bactérie Vibrio tapetis, pathogène de la palourde japonaise. Le but de la thèse était de caractériser pour la première fois le biofilm de ce pathogène marin et d’évaluer notamment l’effet de certains paramètres impliqués dans l’établissement de la maladie de l’anneau brun chez la palourde, comme les variations de température ou de salinité représentatives des fluctuations naturelles dans l’environnement. Dans un deuxième axe de ma thèse, j’ai étudié l’activité anti-biofilm d’une bactérie marine appartenant au genre Pseudoalteromonas. L’idée était d’évaluer le potentiel de cette bactérie contre le biofilm de Vibrio tapetis pour une éventuelle utilisation comme probiotique en aquaculture.

Par la suite, j’ai fait 3 ans de post docs sur des sujets assez différents mais en essayant de garder toujours un lien avec l’étude des biofilms ! Lors de mon 1er post doc, j’ai participé à un projet visant à mettre au point une stratégie de biocontrôle (en particulier antibiofilm !) contre un phytopathogène. C’est grâce à ce projet que j’ai rejoint par la suite un laboratoire de l’Université de Rouen (nos collègues du CBSA Évreux), où j’ai pu étudier la réponse physiologique de le bactérie pathogène Pseudomonas aeruginosa exposée à une hormone de réponse au stress (l’adrénaline). Je me suis donc un peu éloignée de la thématique « marine », mais c’était pour mieux y revenir plus tard !

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Nous (le LBCM) avons intégré l’IUEM en 2012, c’est-à-dire au tout début de ma thèse ; elle a d’ailleurs été la première du labo estampillée IUEM. Ainsi, je baigne dans l’IUEM depuis plus de 10 ans. Ce qui m’a attiré vers le sujet de thèse (qui était aussi celui de mon stage de M2) était la thématique des biofilms axée sur l’environnement marin et les relations hôte-pathogène. Après mes post docs, j’ai réintégré l’IUEM lors de mon recrutement comme Maître de conférences (MCF) à l’UBS en septembre 2020.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je consacre une bonne partie de mon temps à l’enseignement (surtout à la préparation des cours, en particulier lorsqu’on est jeune MCF !) de la Licence 1 au Master 2. J’ai le plaisir d’enseigner la biologie, la microbiologie et la biologie moléculaire à la fois en cours magistraux, travaux dirigés et travaux pratiques (ce que je trouve top car cela permet d’être au plus près des étudiants).

Pour la partie recherche, nous avons au LBCM 3 grands axes thématiques. Je suis impliquée notamment dans le 3ème qui a pour objectif de comprendre le lien entre le biofilm et la virulence bactérienne (dans la droite lignée de ma thèse). Je m’intéresse plus particulièrement aux biofilms de Vibrio pathogènes d’organismes marins, avec l’idée d’étudier la dynamique de formation de ces biofilms (principalement par microscopie confocale) et d’identifier les gènes associés aux mécanismes de virulence cette fois par des approches de transcriptomique. Un dernier objectif dans cette thématique est la recherche et la caractérisation de métabolites d’origine marine à activité anti-biofilm et l’identification de leurs mécanismes d’action. Cet axe de recherche nous amène très souvent à échanger et collaborer avec un autre laboratoire de l’IUEM (le LEMAR).

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Pendant ma thèse, je cherchais à faire des mutants de la bactérie que j’étudiais. Tous les gens qui ont un jour faire de la biologie moléculaire savent qu’obtenir un mutant ce n’est pas toujours chose facile. Cela m’a donc demandé des mois de mise au point de la technique, de galères et d’échecs… Mais, au cours de ma deuxième année, j’ai enfin réussi à obtenir mon premier mutant ! Oui mais voilà, c’était un vendredi (je suis à peu près sûre qu’il devait être assez tard car le labo était très calme…), lorsque j’ai vu apparaitre sur l’appareil le résultat que j’attendais depuis des mois, je me suis mise à danser (et chanter ?) enfin j’ai laissé exploser ma joie (et mes nerfs) en pensant être seule. C’est justement à ce moment là que mon directeur de thèse (et directeur de labo à l’époque) est entré dans la pièce et ma prise en flagrant délit. Évidemment ça l’a fait rire mais surtout il était très content pour moi.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’en ai plusieurs, mais un de mes plus beaux souvenirs est forcément lié à cette anecdote puisque c’est pour des moments comme celui-là qu’on fait de la recherche : la satisfaction de mener à bien un projet pour lequel on a travaillé dur, développé des choses, collaboré… C’est chouette. Et en ce qui me concerne, manipuler des séquences d’ADN dans nos petits tubes et réussir à en faire de vrais outils moléculaires je trouve ça extraordinaire !

Quels sont tes centres d’intérêt ?

La lecture et le yoga.

As-tu une devise ?

Ce n’est pas une devise mais une citation que j’avais choisi de mettre au début de mon manuscrit de thèse et qui fait sens pour moi : « L’Homme est capable de faire ce qu’il est incapable d’imaginer » c’est de René Char.

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Aïssata Bangoura / UBS

Laure Taupin /UBS

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Sophie Rodrigues / UBS

 

Laure Taupin, ingénieure d’études au LBCM

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai d’abord obtenu une licence de biochimie et de biologie moléculaire. Ensuite, j’ai validé un master professionnel en biochimie structurale et protéomique en 2007 à l’université Paul Sabatier de Toulouse. Durant mon master, j’ai appris différentes techniques de caractérisation des molécules et de leur structure. J’ai également effectué un stage de 6 mois, à Sanofi, une industrie pharmaceutique de Montpellier. L’objectif était de déterminer des structures 3D moléculaires à l’aide de la diffraction aux rayons X. J’avais pour fort souhait d’intégrer un laboratoire de recherche porté sur les études structurales. Ainsi, fin 2007, je suis rentrée au LBCM, Laboratoire de Biotechnologies et de Chimie Marines, en qualité d’ingénieure d’études en analyse chimique à Lorient. En 2016, le LBCM est devenu une unité de recherche de l’IUEM.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

En 2012, le LBCM avait déjà un statut de laboratoire associé à l’IUEM. En 2016, il a concrétisé son intégration en devenant un laboratoire de l’IUEM et il est lié avec deux autres laboratoires à l’axe « Biotechnologies Marines ». C’est donc naturellement que moi aussi j’ai rejoint l’IUEM.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Ma spécialité est l’analyse chimique. Cette branche d’activité permet d’identifier des molécules et de pouvoir les quantifier. Je participe à des travaux de recherche avec des étudiants en masters, des doctorants, des post docs ainsi que des chercheurs sur des thèmes de caractérisation structurale qui consistent à identifier une molécule responsable d’une activité biologique.

Le LBCM est reconnu pour son expertise sur les biofilms. Le biofilm est un mode de vie bactérien. Au départ du développement d’un biofilm, les bactéries adhèrent à une surface et sécrètent une matrice qui les enveloppe et les protège de l’environnement extérieur. Ce mode de vie est sous le contrôle de signaux moléculaires qui permettent aux bactéries de synchroniser leur phénotype comme la sécrétion de matrice. Une partie de mon activité consiste à identifier et quantifier ces signaux moléculaires.

En plus de mes activités au laboratoire, j’ai la chance de pouvoir animer des travaux pratiques et des travaux dirigés pour des étudiants de licence et de première année de master. Ces enseignements portent sur la chimie, de la réalisation de dosages au développement de méthodes analytiques et pour les étudiants en master, sur une semaine d’initiation à la recherche.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Oui, j’ai une anecdote que je ne suis pas prête à oublier. J’ai l’opportunité d’enseigner. Pour un tout premier TD, je me rapproche de la salle d’enseignement, rentre dans la salle et, en voulant refermer la porte, je tire sur la poignée… qui me reste dans la main après que la porte se soit refermée. Je repense à tous les étudiants surpris d’être enfermés avec moi dans cette pièce. Sur le coup, ça m’a fait rire et a eu l’effet de laisser s’envoler le trac que j’avais.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

De manière générale, les meilleurs souvenirs professionnels sont les échanges motivés et bienveillants avec les étudiants et les chercheurs sur leurs projets de recherche.

Si je dois en retenir un, ce serait une réunion de travail pour le démarrage d’un projet.

Nous étions une quinzaine de personnes dans un gîte : étudiants de Master 2 et enseignants-chercheurs. Il y avait notamment une équipe de l’université de Rouen avec laquelle on collabore depuis plus de 10 ans. Après nous être répartis les missions, chaque chercheur travaillant sur une souche bactérienne particulière, nous avons passé un agréable moment de convivialité.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup voyager et le sport tel que la course à pied ou le volley-ball. J’aime beaucoup l’Espagne, notamment Barcelone, l’Italie avec Rome et Lisbonne pour ses différents quartiers avec ses ambiances singulières.

As-tu une devise ?

Oui, je dirais qu’en recherche il faut aimer se poser des questions.
Et il y en a aussi une plus classique mais qui fait sens pour moi : « Ne remets pas à demain, ce que tu peux faire aujourd’hui ».

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Ambre Gautier / UBO

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Laure Taupin / UBS

Noé LAHAYE
, Physicien-Océanographe post-doctorant CNES au LOPS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai obtenu ma thèse au laboratoire de météorologie dynamique à Paris. Je travaillais globalement sur la dynamique des tourbillons dans l’océan et dans l’atmosphère. Ensuite, j’ai fait un premier post-doctorat aux USA à San Diego. Il portait sur les ondes internes, qui sont des perturbations en courants et densités qui se propagent dans l’océan. Nous nous intéressons à ces ondes internes parce qu’elles jouent un rôle important dans la circulation océanique et notamment dans le mélange de masses d’eau de densité différentes.

Après mon 1er post-doc, je suis rentré en France et je suis arrivé à Brest — à l’IUEM, donc ! —, pour faire un second post-doc avec Jonathan Gula et Guillaume Roullet au LOPS. Je me suis intéressé à la génération de ces ondes internes par les fonds marins et à leur impact sur les courants profonds. Dans le cadre de ce post-doc, j’ai eu l’occasion de participer à une mission de collaboration pluridisciplinaire au niveau d’un site hydrothermal profond, « Lucky Strike », au large des Açores sur la dorsale nord atlantique, pour essayer de comprendre l’impact des courants sur les écosystèmes.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

C’est l’IUEM qui m’a choisi !

J’ai découvert et compris ce qu’était l’IUEM au cours de mes deux années de post-doc. Mais je ne connaissais pas l’IUEM avant de venir à Brest, je savais juste que je venais au LOPS. Je suis stimulé par les aspects pluridisciplinaires qui sont renforcés à l’Institut et les interactions potentielles avec les biogéochimistes notamment.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je suis en post-doc, employé par le CNES pour travailler sur les ondes internes générées par la marée au sein du LOPS côté IFREMER, avec Aurélien Ponte qui est chercheur à Ifremer. Je travaille sur la modélisation de ces ondes et leur caractérisation à l’aide d’altimétrie par satellite. C’est un projet qui s’inscrit dans le contexte de la future mission spatiale SWOT (Surface Water and Ocean Topography), qui permettra de mesurer la signature dynamique des courants océaniques sur la déviation du niveau de la mer avec une couverture spatiale inédite. Nous parlons de révolution dans la communauté d’océanographie physique, et il y a beaucoup d’enjeux autour de la caractérisation de la signature des ondes de marée interne. Le but de mon travail est de mettre en place un modèle qui permette de reconstruire le champ d’ondes de marée interne à partir de ces données (entres autres) et de mieux caractériser leur cycle de vie : où sont elles générées, comment se propagent-elles, ou sont-elles dissipées, comment affectent-elles la circulation générale…

 

As-tu des anecdotes professionnelles ?

Je me suis déjà retrouvé dans une réunion où l’un des protagonistes n’a pas pu résister à la tentation d’une petite sieste. Nous étions trois…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

C’est mon post-doc à San Diego. La plage était en bas du laboratoire. J’allais surfer le matin avant d’aller travailler ou le soir au coucher du soleil.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Le surf, la plongée et, surtout, la musique. Je joue de la batterie.

Et je m’intéresse un peu aux questions politiques et environnementales. Je viens au travail à vélo, je fais partie d’une AMAP…

 

 

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Noé Lahaye

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Suzanne Lutfalla

Virginie Dupont, Enseignante-chercheure en chimie au LBCM à l’UBS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Jusqu’au DEA de chimie fine, j’étais à l’UBO. J’ai fait une thèse à l’Ecole nationale supérieure des industries chimiques (ENSIC) à Nancy. Mon sujet portait sur la synthèse et l’analyse structurale des N-hydroxy peptides. Il s’agissait de faire de la synthèse de petits peptides de façon à remplacer la liaison amide biodégradable par un groupe plus résistant aux attaques enzymatiques. L’objectif était de favoriser certaines conformations de la molécule pour influencer les propriétés structurales des peptides afin d’intervenir sur la reconnaissance macromoléculaire de protéines. Le sujet était très fondamental. J’utilisais beaucoup la résonance magnétique nucléaire (RMN), la diffraction par les rayons X et la spectroscopie infrarouge pour des études  conformationnelles. Après un poste d’ATER à Nancy pendant un an, j’ai été recrutée sur un poste de Maître de conférence à l’UBO fléché UBS en 1994. A ce moment-là, il n’y  avait qu’un laboratoire d’analyse de l’eau, d’hygiène publique et industrielle et j’ai travaillé sur les phénomènes de métabolisation des rejets industriels et des lixiviats de déchets (jus des ordures ménagères) pendant un an. Puis j’ai intégré le LBCM (Laboratoire de Biologie et Chimie Moléculaire) en 1995. Entre 1996 et 2001, je suis partie à Nantes au laboratoire de synthèse organique (CEISAM) pour des raisons scientifiques et pour rapprochement de conjoint. Je suis ensuite revenue à l’UBS et j’ai intégré le laboratoire d’ingénierie des matériaux de Bretagne (LIMATB), qui est devenu l’Institut de recherche Dupuy de Lôme. J’ai aussi un peu travaillé avec les collègues du  LGO et j’ai réintégré le LBCM en 2015. Je suis professeure depuis 2018.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

En étant que chercheure associée au LBCM, j’ai intégré l’IUEM en même temps que le LBCM.  

Que fais-tu à l’IUEM ?

D’une part, je suis chercheure associée dans l’équipe de valorisation des ressources biologiques et des molécules marines. Mes compétences portent sur l’extraction de métabolites primaires et secondaires à activité biologique. Ce sont, par exemple, des molécules sécrétées par des algues (lipides ou sucres).

D’autre part, j’enseigne la chimie organique et l’analyse physico-chimique. Depuis 2012, j’assure entre 60 et 96 heures auprès des étudiants de licence et principalement en TP. En effet, de mon point de vue, c’est l’enseignement où les interactions avec les étudiants sont les plus importantes.

Parmi mes autres activités, j’ai été doyen de la fac de sciences de 2006 à 2012 et depuis 2012, je suis 1ère Vice-présidente en charge du conseil d’administration, des ressources humaines, des finances et du patrimoine. Entre 2016 et 2019, j’ai été Vice-présidente Cohésion à l’Université Bretagne Loire. Je suis aussi présidente de l’association nationale des Vices-présidents du conseil d’administration des universités depuis 2016 et candidate à la présidence de l’UBS de mars prochain !


 

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Un plaisir toujours renouvelé à enseigner, malgré les responsabilités et qui se nourrit des commentaires des étudiants : « Madame, surtout n’arrêtez pas ! »

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Cuisiner pour faire plaisir, faire du sport (course, natation) et découvrir de nouveaux horizons !

As-tu une devise ?

Une devise que je partage avec un brestois que l’UBO connaît bien : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

Et « Carpe diem ».

 

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Olivier Pleyber

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Virginie Dupont

Ika Paul-Pont, Chercheure en écotoxicologie marine au LEMAR : Médaille de bronze CNRS 2019

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai commencé mon parcours de recherche par une thèse qui portait sur les interactions entre contaminants métalliques et micro-organismes pathogènes sur des mollusques bivalves à la station marine d’Arcachon. J’ai particulièrement apprécié cette thématique « multistress » à l’interface entre l’écotoxicologie et l’étude des relations hôte-pathogène chez des modèles bivalves. J’ai d’ailleurs essayé de conserver cette approche pluridisciplinaire dans la suite de mes travaux. Je suis ensuite partie 2 ans en Australie pour travailler sur l’épidémiologie d’un virus qui cause des mortalités massives d’huitres dans cette région du globe mais aussi en France et dans de nombreux autres pays. Ce postdoc m’a permis de travailler main dans la main avec des ostréiculteurs pour mettre en place de nouvelles pratiques d’élevage afin de réduire les mortalités dues au virus ; ça a été une expérience très riche scientifiquement et humainement.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Ma thèse faisait partie d’un projet ANR en collaboration avec le LEMAR et un de mes sites d’étude était situé à Landéda. Je suis donc venue à l’IUEM très régulièrement pendant mes 3 années de doctorat. J’ai eu un réel coup de cœur pour le coin et l’équipe du LEMAR avec qui j’ai eu la chance de travailler. Lorsque j’ai décidé de rentrer en France en 2013, il était donc évident pour moi de venir travailler à l‘IUEM. J’ai eu l’opportunité de démarrer un postdoc sur les microplastiques, un sujet bien différent de mon expérience australienne, mais qui me permettait de renouer avec les aspects de toxicologie dans l’environnement marin. Pendant cette année de postdoc j’ai candidaté au CNRS et j’ai été recrutée en tant que chargée de recherche en octobre 2014.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je développe la thématique microplastiques au LEMAR en binôme avec Arnaud Huvet (Ifremer). Nous nous intéressons au devenir et aux impacts des microplastiques et nanoplastiques sur les écosystèmes côtiers. Nous développons 3 grands axes de recherche :

  • Nous menons des campagnes d’échantillonnage en milieu côtier (principalement rade de Brest à bord de l’Hésione et l’Albert Lucas) avec Anne-Laure Cassone (CNRS) afin de déterminer les niveaux de contamination et d’essayer d’identifier les sources et le devenir des particules en rade.
  • Les débris plastiques en mer étant des substrats très rapidement colonisés par tout un cortège microbien, nous nous intéressons aux pathogènes associés aux microplastiques et au rôle de ces particules dans la dissémination de micro-organismes pathogènes et l’émergence de maladies. Je retrouve ici mes approches multistress.
  • Enfin, nous étudions en laboratoire, via des expériences in vitro et in vivo, la toxicité des micro- et nanoplastiques sur des organismes marins modèles, à savoir le phytoplancton et les mollusques bivalves. Dans ce cadre, Kevin Tallec, doctorant, étudie notamment l’effet des nanoplastiques sur les jeunes stades de vie de l’huître (gamètes, embryons, larves) afin d’appréhender l’impact de ce contaminant sur l’ensemble du cycle de vie de cette espèce.

Ces 3 axes sont abordés à travers différents projets de recherche menés aux échelles régionale (SAD IN MEMO), nationale (ANR Nanoplastics ; CRD ANSES ; PROMPT ; FUI Microplastic2 ; DRMM MICROLAG) et européenne (Interreg MICRO ; Interreg PPP). Cette année, nous avons aussi participé à la création d’un GDR CNRS, « Polymères et Océans », qui vise à fédérer la communauté scientifique nationale, pluridisciplinaire et très diverse, sur la thématique du devenir et des impacts des plastiques dans l’environnement aquatique.

Au sein du LEMAR, je m’occupe aussi de l’oganisation des séminaires avec Aurélie Chambouvet et de l’organisation des Journées du LEMAR (JDL) avec Anne-Laure Cassone. Enfin, je participe à un groupe de travail récemment créé, et animé par Arnaud Huvet et Sébastien Artigaud, sur l’éco-responsabilité dans la recherche.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Entre les péripéties sur le terrain, les surprises lors de manips en laboratoire et les situations rocambolesques en colloque, j’en aurais plein à raconter, mais ce sont à chaque fois des histoires à rallonge… Une sombre histoire de carboglace sur une aire d’autoroute bordelaise rappellera sûrement des souvenirs à certains Lemariens !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’ai eu de merveilleux moments dans chacune de mes expériences professionnelles, donc il est difficile d’en choisir un. Les plus beaux souvenirs qui me viennent en tête en premier concernent les sorties sur le terrain, aussi bien dans le bassin d’Arcachon que dans les rivières d’Australie ou dans la rade de Brest : ces moments de grâce très tôt le matin lorsqu’on a la chance de pouvoir admirer la beauté de la nature, là, sur l’eau, alors que tout se réveille doucement avec le lever du soleil… C’est unique et magique ! Un autre très bon souvenir, plus pragmatique, qui me vient tout de suite est le jour où j’ai eu le concours CNRS ! J’étais tellement heureuse et soulagée, j’ai bien mis une semaine à m’en remettre et à recoller les pieds sur terre !

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Les voyages, la plongée, la randonnée et la découverte du monde, de nouvelles cultures.

As-tu une devise ?

La vie étant rarement un long fleuve tranquille j’aime beaucoup cette citation de Benjamin Pelletier : « La force des vrais détours n’est pas d’éloigner mais d’amener au but avec plus d’exactitude ».

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Ika Paul-Pont

Crédit photos : LEMAR

Yann Moalic, Post-doctorant en microbiologie au LMEE

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après un master en bio-informatique, j’ai fait ma thèse à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) à Ploufragan entre 2004 et 2008. Je travaillais sur l’intégration du rétrovirus endogène porcin dans le génome de cellules humaines infectées in vitro. Ensuite, j’ai fait un postdoctorat au Centre Ifremer de Brest au sein du laboratoire Environnement profond. J’étais chargé de mettre en place une approche de modélisation en réseau pour caractériser le flux génique entre les populations de divers organismes marins jusqu’en 2012.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

J’ai intégré le LMEE en 2013 en tant qu’enseignant-chercheur contractuel. Mon souhait était de continuer à travailler sur les environnements profonds mais plus à l’échelle moléculaire comme à l’époque de mon doctorat. J’ai exercé cette fonction pendant 5 ans jusqu’en juin 2018 et depuis septembre 2019, j’ai un contrat de postdoc sur un projet ANR qui vise à mieux comprendre le métabolisme des acides ribo-nucléiques (ARN, expression des gènes) chez les Archées.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Mon activité princpale concerne la création de mutants chez le modèle archée Thermococcus barophilus. J’ai participé à l’amélioration de l’outil génétique qui permet d’enlever des gènes dans cette Archée pour mesurer et évaluer leurs rôles fonctionnels. Ce modèle de laboratoire permet de comprendre comment cette espèce est adaptée à la vie sous pression puisque son habitat naturel se trouve à 3500 mètres de profondeur, au niveau de la ride Médio-Atlantique. Son optimum de croissance est de 400 bars ; le laboratoire dispose d’incubateurs haute pression et haute température qui permettent de reproduire cet environnement. Cela permet d’identifier les gènes qui sont régulés par l’effet de la pression hydrostatique puis nous recherchons leur rôle fonctionnel par mutagénèse.
Je collabore également avec les collègues du laboratoire côté Ifremer sur la stabilité des génomes face à ces environnements extrêmes (haute pression et haute température). J’ai été amené à créer des mutants dépourvus d’enzymes impliquées dans la réparation de l’ADN et j’utilise les nouvelles technologies de séquençage et mes compétences en bioinformatique pour mesurer l’impact génomique globale de leurs fonctions.

Enfin, je suis également sollicité par mes collègues écologistes pour mes compétences en analyse réseaux qui est une approche pertinente pour appréhender la complexité des interactions microbiennes au sein des écosystèmes.

Je suis aussi correspondant communication du laboratoire en binôme avec Stéphanie Renard, gestionnaire de notre unité.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

A la fin de ma thèse, j’habitais Morlaix et je faisais le trajet en train jusqu’à la gare de St Brieuc. De là, le Zoopôle de Ploufragan avait mis en place un système de navette qui était assuré par des taxis briochins. Durant ces trajets, j’avais donc souvent l’occasion de parler de mon travail et de m’exercer à la vulgarisation scientifique. C’était en 2006/2007 pendant l’épizootie de grippe aviaire dont Ploufragan était le laboratoire de référence européen chargé d’analyser tous les échantillons suspects de France. Les chauffeurs étaient donc plutôt réceptifs à ce qui se passait dans mon laboratoire. Un jour, il y en a un qui m’a dit « vous les chercheurs, vous êtes comme les peintres, vous devenez célèbres après votre mort ». C’était sur la ton de la plaisanterie et j’avoue que ça m’a fait rire sur le coup mais, ça m’a aussi fait réfléchir sur le métier de chercheur en tant qu’activité quotidienne et la perception que la société peut avoir de cette profession. Je n’ai pas choisi d’être chercheur pour être célèbre mais si ça arrive un jour, j’espère que je serai encore vivant. Une chose est certaine, c’est que cette comparaison entre un chercheur et un artiste m’a aidé à prendre conscience de l’importance du côté créatif du métier de chercheur. Cela m’a aussi souvent aidé à tenir le coup quand les résultats espérés se faisaient attendre, que ce soit au laboratoire ou de la part de l’ESR.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

J’ai plein de bon souvenirs mais le plus improbable a été de photographier en direct pendant un quart ROV, un nudibranche à 850m de fond dans le golfe de Gascogne (cf photo)

Quels sont tes centres d’intérêt ?

En dehors de la science, j’ai une vie de famille bien remplie. Mais avec le peu de temps qu’il me reste je joue de la guitare et je profite du SUAPS pour faire de la Savate.

As-tu une devise ?

« never give up, never surrender » Quincy Taggart

et

« Wer immer strebendsich bemüht, den können wir erlösen » Goethe.

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Yann Moalic