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Marc Léopold, Économiste des pêches IRD au laboratoire AMURE

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Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Mon parcours est un peu différent du cursus classique de thèse post-master. J’étais déjà à l’IRD depuis plus de 10 ans quand j’ai postulé pour une thèse à l’UBO en sciences économiques en 2016 sous la direction d’Olivier Thébaud. Le sujet concernait les recherches que j’avais effectuées dans le Pacifique sud, en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu, sur les petites pêcheries. La thématique concernait plus précisément les mesures de gestion et la gouvernance de ces pêcheries, et comment les institutions évoluent dans le temps. Les travaux valorisés s’étendaient sur une dizaine d’années. Il y avait un intérêt à avoir une perspective historique, ce que n’aurait pas permis une thèse classique en 3 ans. Puis j’ai quitté mon terrain de recherche pour le Sud-Ouest de l’Océan Indien à Madagascar, où j’étais en affectation de septembre 2016 à août 2021. J’ai toujours gardé un lien avec le Pacifique et continue à interagir avec les collègues d’ENTROPIE basés à Nouméa, mais également les personnes qui ne travaillent pas dans le milieu scientifique. L’un des intérêts de mes travaux, je pense, porte justement sur ces interactions avec les collectivités territoriales, les pêcheurs, les entreprises du secteur ; il s’agit de faire de la transdisciplinarité.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis venu à l’IUEM pour développer des coopérations en particulier en sciences économiques, qui traitent de questions auxquelles sont confrontées les petites pêches. À ENTROPIE, dont les travaux concernent surtout l’écologie marine, je voulais approfondir ce volet social et économique, voire juridique, et donc me rapprocher de cette communauté scientifique. En pratique, l’un des objectifs de mon arrivée à l’IUEM est d’intéresser davantage les collègues d’AMURE aux problématiques du Sud, pour y développer des projets qui correspondent à la fois à la stratégie et à l’éthique promus par l’IRD. L’IUEM a aussi un axe au Sud lié à la tutelle IRD : j’ai également été accueilli pour le renforcer sur mes thématiques sur les pêches côtières et les relations entre AMURE et l’IRD. AMURE est par exemple une unité interdisciplinaire qui s’interroge sur les systèmes de gouvernance des pêcheries, ce qui est nécessaire si on veut aborder la durabilité de ces systèmes – même si spontanément, j’aurais pu demander à rejoindre le laboratoire MARBEC à Sète, lui aussi spécialisé sur les questions halieutiques et avec lequel je collabore, bien entendu. L’IUEM est donc aussi un choix stratégique de carrière.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je commence juste ma 3ème année à l’IUEM, c’est la première fois que je suis éloigné si longtemps de mes terrains de recherche. J’ai donc dû adapter ma manière de travailler. Je dirais qu’il y a deux volets, qui correspondent à mes motivations pour rejoindre l’IUEM comme je l’ai expliqué. Le 1er volet est d’intéresser les collègues déjà sensibilisés aux petites pêches vers des terrains à Madagascar et de comprendre les différents projets en cours à AMURE sur ces pêcheries en Outre-Mer. Depuis 2 ans, je suis par exemple à l’initiative de la venue de 2 collègues à Madagascar sur un projet européen, CORECRABE, que je coordonnais : Katia Frangoudes pour co-animer une école d’été sur l’approche transdisciplinaire dans les petites pêcheries, et Séverine Julien pour l’utilisation du théâtre-forum dans nos recherches. Je co-encadre aussi des étudiants en Master ou en thèse avec Olivier Thébaud et m’occupe de l’accueil d’enseignants-chercheurs ou de doctorants malgaches au laboratoire. J’ai aussi co-écrit un nouveau projet, Fish2Sustainability, et en juin dernier, nous avons fait un atelier international sur les liens entre les petites pêches et les objectifs de développement durable, qui a impliqué notamment des collègues d’AMURE. On participe aussi à la préparation d’autres propositions.

Le 2ème volet correspond à la poursuite de mes recherches à Madagascar. Je pars en mission sur le terrain 2 à 3 mois par an pour accompagner l’équipe de l’IH.SM à Toliara, pour rendre le laboratoire d’halieutique opérationnel d’un point de vue scientifique et stratégique. J’ai monté cette unité de recherche d’une dizaine de personnes avec les enseignants-chercheurs, il faut la faire vivre ! Je soutiens aussi la rédaction de publications en présentiel. Le reste du temps, je fais de l’accompagnement à distance. Il y a aussi des possibilités d’accueil de ces collègues malgaches, enseignants-chercheurs ou doctorants, dont l’un travaille au CNRO (Centre National de Recherches Océanographiques) de Nosy Be. Nous sommes d’ailleurs en train de finaliser la signature d’une lettre d’intention entre l’IUEM, la mention Économie de l’Université d’Antananarive, l’IH.SM de Toliara et l’Institut Agro Rennes-Angers.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Cette question me fait sourire car pour parler du cas de Madagascar, on ne sait plus où est la réalité quotidienne et où est l’anecdote… Il y a une remarque d’un collègue (qui se reconnaîtra peut-être) qui traduit bien cela. J’avais rapidement eu un sentiment de routine pendant mon séjour d’un an et demi à Sète entre deux expatriations, en 2015, avec le trajet domicile-travail que je faisais en vélo, le bureau, et le retour, etc. Et ce collègue m’avait alors répondu : « Alors c’est sûr, avec une embrouille par jour, tu ne vas pas t’ennuyer à Madagascar !» C’est vrai qu’on ne s’ennuie pas pendant ce type d’expérience ! Par exemple, quand, pour la clôture d’un projet européen l’an dernier, où 150 personnes étaient invitées sur deux jours, nous n’avions pas l’autorisation gouvernementale une semaine avant, on ne retient que le succès final de l’événement, qui a bien eu lieu en temps et en heure… Il y a plein de surprises comme celles-là, il vaut mieux voir le bon côté des choses !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Les clichés (véritables !) qui font que l’on fait ce métier-là : les moments passés sur le terrain avec des collègues à discuter, dans des endroits perdus, de boulot, de tout et de rien. On reste sensibles aux paysages, à la nature et aux gens, des endroits magiques. De très belles images dans la tête, sur les écosystèmes coralliens, la mer…

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Ils sont liés à l’environnement du boulot (que je n’ai pas choisi par hasard !) : la mer, la navigation, la plongée, la pêche, la rando, la photographie et les langues.

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Marc Léopold / IRD

Nicolas Jaosedy

Laurence Ramon

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Marc Léopold / IRD

Pascal Le Floc’h, Enseignant-chercheur en économie maritime à AMURE

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai soutenu ma thèse en 1998 à Agrocampus-Ouest à Rennes (anciennement ENSAR). Le sujet portait sur l’économie de l’innovation dans les pêches maritimes. J’ai travaillé sur 3 cas d’études : la pêcherie de l’anchois au Pays basque français sur la bolinche ou senne tournante ; les chalutiers dragueurs de la coquille Saint Jacques de Saint Brieuc ; les chalutiers de fonds de Concarneau.

Dans ce travail de thèse, l’innovation consistait à décomposer l’unité de production (le navire de pêche en 3 trajectoires technologiques : les apparaux de pêche (engins de pêche et les moyens hydrauliques de mise à l’eau et de relevage) ; les moyens électroniques de navigation, d’information et de détection ; les moyens de conditionnement et de transformation du poisson à bord des navires.

Ensuite, j’ai fait un an de contrat à l’UBO en partenariat avec Ifremer, qui consistait à mener une enquête économique de 162 patrons pêcheurs de Douarnenez à Quiberon. Elle couplait à une consultation de Bertrand Le Gallic qui, de son côté, a réalisé une centaine d’entretiens en Bretagne Nord. Ces 2 enquêtes complémentaires ont été une étape décisive pour les études socio-économiques du SIH (Système d’informations halieutiques de l’Ifremer). J’ai été recruté à AMURE (anciennement CEDEM) en 2000 à l’UBO à l’IUT de Quimper en tant que Maître de Conférences. Au moment où je me suis installé à Quimper s’est noué un partenariat entre l’UBO, la fédération bretonne de la coopération maritime et le comité régional des pêches maritimes de Bretagne dont l’objet était l’animation scientifique de l’observatoire économique régional des pêches. L’Ifremer va rejoindre ce partenariat au début des années 2000. Cet observatoire a pris fin en 2015.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

En 2008, c’est la fin du CEDEM et la création d’AMURE ; c’est donc naturellement que j’ai intégré l’IUEM.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Côté enseignement, il se fait à l’IUT de Quimper, principalement en DUT techniques de commercialisation. J’interviens également dans le master E2AME à l’IUEM en économie des filières halieutiques et aussi auprès des halieutes à Agrocampus.

Du côté de mes recherches, elles portent essentiellement sur la performance économique des flottilles de pêche jusqu’au début des années 2010. Ensuite, mes activités de pêche se sont diversifiées en ouvrant l’analyse des flottilles de pêche dans une approche territoriale sur le continuum Terre-mer.

Un 1er exemple concerne les relations pêche et tourisme : On a étudié le fonctionnement d’Haliotika au Guilvinec sur le port de pêche, le projet Atlant’îles à Saint-Pierre-et-Miquelon ; 2ème exemple de diversification : les travaux sur les énergies renouvelables en mer (ERM) où nous avons étudié la vulnérabilité des pêcheurs face aux éoliennes en mer ; Autre exemple de diversification, l’économie circulaire et la valorisation des produits de la mer où j’ai notamment dirigé la thèse de Raphaela Le Gouvello. La plus récente piste de diversification est une approche pluridisciplinaire en économie de l’innovation : l’histoire contemporaine et les humanités numériques soutenues par la MSHB. On s’intéresse ici à l’histoire des frigorifiques jumeaux de Lorient et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Je coordonne aussi le programme COPECO (coronavirus pêche et conchyliculture) soutenu par Ifremer.

Je suis Directeur adjoint de l’unité depuis le 1er septembre 2021 avec Matthieu Leprince et José Perez. Nous « aidons » la Directrice d’unité Gaëlle Gueguen Hallouet.

Je m’occupe de l’animation scientifique, fonction qui n’existait pas lors de la précédente direction. Il s’agit de coordonner les 3 axes de recherche et le pôle Observation, données et méthodes.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

En novembre 2007 a eu lieu la crise du carburant à la pêche et pour calmer la colère des pêcheurs, Nicolas Sarkozy s’est arrêté au Guilvinec. J’ai été contacté par FR3 Bretagne. Le journaliste souhaitait que je m’y rende. Je refuse. Nouvel appel de la rédaction qui me propose d’aller dans leurs studios à Brest pour participer en direct au JT du soir.

2ème refus : j’explique que je suis sur Quimper et qu’avec les enseignements, il m’est impossible d’y être à 19h pile. 3ème appel : ils me proposent d’envoyer une équipe de techniciens à Quimper. Je me retrouve un peu coincé et 30 minutes avant le JT, vers 18h30, les techniciens arrivent dans le bureau du CEDEM que je partage avec Frédérique Alban. Ils commencent les essais 15 minutes avant et ne savent pas que je suis l’invité… Fred leur dit que c’est bien moi l’invité !

Quel ton plus beau souvenir de boulot ?

En 2015, j’ai effectué un congé recherche de 6 mois à l’UQAR à Rimouski. J’ai été très bien accueilli par les collègues québécois, notamment des sciences régionales. L’objectif de ce séjour était de rédiger un ouvrage sur les pêches maritimes françaises édité aux Presses universitaires de Rennes (PUR).

J’ai pu effectuer une 1ère mission à Saint-Pierre-et-Miquelon avec James Wilson. Je vais faire le bilan de l’IFQM sur le thème de la pêche et de l’aquaculture les 13 et 14 juin à Nantes lors des assises de la mer.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Je suis éducateur en aviron de mer et anime une école d’aviron tous les samedis à Douarnenez, à Tréboul.

As-tu une devise ?

« Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux ». Pascal le Floc’h.

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Pascal Le Floc’h / UBO

Olivier Guyader / Ifremer

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Pascal Le Floc’h / UBO