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Christophe Lambert, ingénieur de recherche CNRS au LEMAR

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai obtenu un DEA à l’UBO avant d’enchaîner sur une année de spécialisation en halieutique à l’Agro Rennes (aujourd’hui Agrocampus Ouest). Ensuite, j’ai commencé à travailler comme responsable commercial dans une pisciculture du sud de la Bretagne, pendant 4 ans.  Je commercialisais la production de truites arc en ciel et dirigeais l’atelier de transformation (frais, surgelés, produits dérivés…). Puis la société a connu des difficultés et j’ai subi un licenciement économique. Comme j’avais déjà travaillé au sein du laboratoire de Daniel Prieur et de Michel Glémarec, je leur ai proposé d’y revenir pour faire une thèse. Les ASSEDIC (aujourd’hui Pôle Emploi) et l’État assuraient le maintien de mes indemnités de chômage pendant un an, renouvelable deux fois, pour peu que je suive une formation diplômante. Finalement, c’est Jean-Louis Nicolas (LPI, Ifremer, Brest) qui m’a proposé un sujet de thèse sur les maladies bactériennes (vibriose) des larves de coquilles St Jacques. J’ai ensuite fait un post-doc d’un an à Bergen en Norvège au sein de l’Havforskningsinstituttet (un peu l’équivalent d’Ifremer en Norvège) et en collaboration avec une structure d’élevage de coquilles St Jacques. Ce contrat était financé par une bourse européenne « Marie Curie ». Mon travail consistait cette fois-ci à isoler des bactéries « probiotiques » capables de réduire l’impact des souches pathogènes pour les larves de coquilles. Un dossier de dépôt de brevet a même été rédigé, en norvégien, à partir de mes travaux, mais, à ma connaissance, il n’a jamais été valorisé.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis rentré au LEMAR début 2000 en CDD dans l’équipe de Christine Paillard, Michel Auffret et Philippe Soudant pour travailler dans le cadre du programme MOREST sur les mortalités estivales de l’huître creuse Crassostrea gigas. Les 10 années suivantes ont vu s’échelonner les contrats sur projet de recherche, contrats ATER, et m’ont permis de développer l’activité cytométrie en flux, naissante à mon arrivée au laboratoire. Après quelques années, la direction du laboratoire a proposé avec insistance au CNRS la création d’un poste d’ingénieur de recherche pour pérenniser cette activité croissante, insistance qui a fini par payer. Une mobilité interne a d’abord été ouverte mais, heureusement pour moi, n’a pas trouvé de candidat adéquat. Un concours a donc été ouvert en externe et j’ai obtenu le poste fin 2010 avec la responsabilité de la plateforme de cytométrie du LEMAR.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Aujourd’hui ma principale mission est d’animer et de gérer la plateforme CYTOMER, où l’on fait principalement de la cytométrie en flux et de la microscopie à épifluorescence sur les organismes marins. La cytométrie en flux est une technique d’analyse de cellules en suspension dans un flux liquide. Les cellules sont excitées par un ou plusieurs faisceaux laser et émettent ou diffractent alors des signaux lumineux. Cette lumière est quantifiée et révèle les caractéristiques optiques des cellules. C’est une technique qualitative et quantitative qui peut traiter jusqu’à 10 000 événements par seconde et permet de dénombrer les cellules (entre 0,5 et 40 µm, du virus à l’ovocyte d’huître), de comparer leurs « morphologies », leurs contenus (pigments chlorophylliens, ADN, lipides…), leurs activités physiologiques (viabilité, production de radicaux libres, activités enzymatiques, potentiel membranaire mitochondrial…).

Je travaille avec l’ensemble des équipes du LEMAR puisque toutes peuvent avoir besoin à un moment ou un autre de ce que l’on propose grâce à cet outil commun. Je travaille sur des cellules immunitaires, des gamètes, issus de modèles variés (huître, palourde, coque, coquille St Jacques, moules, ormeaux…) mais aussi sur des micro-algues, toxiques ou pas, des bactéries, des virus, en culture ou prélevés du milieu naturel… Je suis aidé dans cette activité par Nelly Le Goïc, ingénieure d’études au CNRS, qui co-anime cet outil avec moi. CYTOMER est équipé aujourd’hui de quatre cytomètres en flux de paillasse, deux microscopes à épifluorescence dont l’un est de type pseudo-confocal 3D et un imageur laser en flux (type Flow-Cam). Un microscope électronique à balayage (MEB) de table en commun avec l’Observatoire viendra compléter la plateforme probablement fin 2021 début 2022. L’ensemble de ces outils analytiques de haute technologie représente un budget d’acquisition de près de 600 K€.

Pour animer cet outil commun, j’organise environ deux fois par an, des formations théoriques sur la cytométrie en flux et la microscopie à épifluorescence. Ces formations sont ouvertes à tout le monde (étudiants, doctorants, chercheurs et personnes extérieures). Je propose également cette formation dans le cadre du Master 2 Biologie des Organismes Marins à l’IUEM et de l’offre de formation continue de l’UBO. L’idée, c’est de rendre les gens le plus autonomes possible sur les machines et d’approfondir ensuite leur maîtrise par des formations pratiques individuelles, en fonction des besoins. Il m’arrive parfois aussi d’aller faire des formations à l’extérieur, en France bien sûr (Ifremer La Tremblade, Bouin ou Concarneau) mais aussi à l’étranger (Floride, Norvège ou Corée du Sud).

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter?

En décembre 2005, je suis allé, en compagnie de Philippe Soudant, en Corée du Sud (Jeju National University) dans le cadre d’un programme d’échange « STAR ».  A la fin de notre séjour sur l’île de Jeju, nous sommes passés par Seoul, pour rencontrer le Pr Hong (INHA University). Nous avons donné un séminaire pour présenter nos projets et travaux en cours, suivi d’un échange très feutré et courtois comme c’est la règle au « pays du matin calme ». Quelle n’a pas été notre surprise à la sortie de la salle de séminaire de nous voir remettre à chacun une enveloppe remplie de billets en remerciement de notre « prestation ». Dans mon souvenir, l’enveloppe contenait 100 000 Wons soit l’équivalent de 90 ou 100 € aujourd’hui ! Ce fut à la fois une première pour moi, et une dernière !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

C’est difficile de faire un classement mais je me souviens tout particulièrement d’une conférence PHYSIOMAR, organisée en Espagne, à Saint-Jacques de Compostelle. On avait l’argent seulement pour deux ou trois personnes avec le déplacement en avion et l’hébergement. Et au lieu de prendre les billets d’avion, on a loué un minibus et on est parti à neuf. Ça voulait dire 24 heures de voyage à l’aller, deux jours de voyage au retour et un hôtel bon marché, mais il y avait une super ambiance pour travailler et beaucoup de souvenirs au retour.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Ils sont multiples et variés mais par exemple, je roule dans une Méhari de 1984, que je sors surtout quand il fait beau. La Méhari c’est un châssis de 2CV avec un moteur de 2CV et une coque en plastique. Je fais partie d’un club de « deuchistes«  : Les Chevrons du Léon, basé à Landivisiau. On est une vingtaine de 2CV et Méhari et on essaye d’organiser une sortie par mois, à la belle saison.

Crédits photos

Sébastien Hervé / UBO

Jean-Philippe Béguel / UBO

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