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Damien Desbruyères, Chercheur Ifremer en océanographie physique au LOPS : Médaillé de bronze CNRS 2024

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Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai un parcours purement universitaire. J’ai commencé mon parcours scientifique en étudiant la physique à l’UBO. Ensuite, je me suis orienté vers un master en physique de l’océan et de l’atmosphère. Pour la première année de cette formation, je suis parti au National Oceanography Centre (NOC) à l’université de Southampton. Ce cursus était très différent de celui proposé à Brest. J’ai pu faire de l’océanographie multidisciplinaire ; je me suis tout de même spécialisé en physique mais j’ai aussi étudié la biologie, la chimie et la géologie, ce qui m’a permis de commencer mon master avec une vue d’ensemble des sciences marines. Cette expérience à l’étranger m’a offert la possibilité de découvrir ce qui se faisait ailleurs, avec cette couleur pluridisciplinaire dans un institut très dynamique. Je suis ensuite revenu à Brest pour mon M2 et mon doctorat.

J’ai fait ma thèse à l’Ifremer (Laboratoire de Physique des Océans, à l’époque) avec Virginie Thierry et Hervé Mercier. Elle s’inscrivait dans le cadre du projet OVIDE qui comporte notamment la réalisation d’une campagne à la mer tous les 2 ans (j’y ai participé en 2010 et en 2021). J’ai étudié pendant ma thèse la variabilité de la circulation à très grande échelle dans l’océan Atlantique Nord au cours des 50 dernières années. Pour cela, j’ai principalement utilisé des modèles numériques dits « réalistes » qui permettent d’avoir une reproduction tri-dimensionnelle de la circulation océanique et d’analyser les mécanismes qui dominent la variabilité simulée.

Mon travail reposait plus particulièrement sur l’AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation), un système de courants océaniques qui joue un rôle fondamental dans la redistribution de la chaleur dans l’océan, des tropiques vers les pôles. Elle est souvent schématisée (un peu trompeusement) sous la forme d’un grand tapis roulant qui transporte des eaux chaudes en surface vers le nord et des eaux froides en profondeur vers le sud. Son ralentissement, prédit par de nombreux modèles, aurait des conséquences très importantes pour le climat.

Après ma thèse, j’ai fait 4 ans de post doc à Southampton. Je me suis intéressé aux grandes tendances en température de l’océan global entre la surface et les abysses, en utilisant les données des flotteurs et des données issues des campagnes en mer. Ces études sur le réchauffement océanique global et sa distribution par bassins et par couches de profondeur m’ont ouvert beaucoup de portes et notamment celle de l’Ifremer que j’ai intégré en 2017. Un poste de dynamicien des océans profonds était à pourvoir et cela correspondait à ce que je faisais depuis quelques années.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je connaissais déjà bien le milieu et ma première expérience m’avait plu. J’ai candidaté sur ce poste parce que le LOPS est un laboratoire qui me permettait de continuer à faire la science que j’aime. L’IUEM est aussi réputé pour les observations hauturières et l’étude de la dynamique et de la variabilité de l’océan Atlantique Nord. Plus généralement, le haut niveau international de la science marine produite (et enseignée) a l’IUEM, ainsi que la pluridisciplinarité que l’on y trouve sont très motivants et enrichissants. Enfin, trouver un boulot de chercheur à la maison était aussi une chance pour moi. Je suis Brestois et l’idée de revenir « chez moi » me plaisait bien.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je suis dans l’équipe Océan et Climat du LOPS. Mes activités sont axées sur l’étude de la dynamique plutôt grande échelle en Atlantique nord et son impact sur l’évolution des températures. J’étudie cette dynamique en combinant diverses sources d’observations (e.g. Argo, les satellites, les données hydrographiques issues des campagnes) et des modèles numériques de manière plus ponctuelle. Par ailleurs, je contribue au développement de la composante Argo Profond au sein du LOPS. Nous menons également des expériences plus ciblées pour comprendre les processus dynamiques à l’œuvre dans des zones clés de l’océan Atlantique nord. Depuis 2 ans, je porte le projet ANR « Jeune Chercheur » CROSSROAD et je participe au projet Horizon-Europe EPOC qui visent tous deux une meilleure compréhension du fonctionnement de l’AMOC et de sa connectivité entre bassins subpolaires et subtropicaux. Nous avons déployé en septembre dernier des mouillages dans la zone de Terre-Neuve pour mesurer sur deux années le transport profond d’eau froide qui connecte (supposément) ces bassins. Nous prévoyons d’effectuer d’autres observations à hautes résolution spatiale pour comprendre comment les masses d’eau se mélangent entre elles dans cette région si particulière. Ces projets et ces campagnes vont générer une petite équipe autour de moi avec le recrutement d’un doctorant et d’un post doc. C’est très motivant.

De plus, je suis membre de la commission nationale de la flotte hauturière qui évalue les demandes de campagnes hauturières en mer. C’est très enrichissant car on y étudie des dossiers de disciplines variées (océanographie, biologie, géosciences…), tout en cherchant les meilleures solutions pour optimiser le déroulement des campagnes. Enfin, j’essaye de faire un peu de médiation scientifique, en participant notamment au programme « Adopt a float » avec les scolaires de la maternelle au lycée. L’idée est d’accompagner une classe dans l’adoption d’un flotteur Argo qu’ils peuvent suivre grâce à différents outils et d’intervenir auprès des élèves pour parler d’Argo, de science, de climat… Ce programme a beaucoup de succès, et je l’apprécie vraiment. On est toujours agréablement surpris de la façon dont les enfants comprennent l’océan et la thématique « climat ».

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

On m’a remis le prix Christian Le Provost à l’Académie des sciences en novembre dernier mais j’ai malencontreusement fait tomber la médaille qui a dégringolé sur le tapis de velours rouge devant tous les académiciens et le public. Une gêne qui s’est heureusement dissipée quand d’autres lauréats ont été victimes du même accident !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Lors d’une campagne hydrographique GO-SHIP quand j’étais en post-doc, nous nous sommes rendus dans le passage de Drake qui sépare le Cap Horn et la péninsule Antarctique. La particularité de cette campagne est que le bateau anglais a également pour fonction de ravitailler les bases sur le continent Antarctique. Cela nous a donc permis de visiter plusieurs petites bases isolées et poser le pied à terre pendant quelques jours sur la base de Rothera qui se situe sur la pointe de la péninsule. Les paysages à couper le souffle et l’ambiance rencontrée m’ont beaucoup marqué. Nous avons eu l’occasion de passer un nouvel an mémorable là-bas (même des concerts !). Super souvenir.

Quels sont tes centres d’intérêt ? 

J’aime la nature, je suis un amateur de trail et j’adore courir sur les sentiers bretons. La musique occupe également une grande partie de ma vie : j’aime en écouter, aller à des concerts, et en jouer quand je trouve le temps ! Et puis, passer du temps en famille et entre amis, bien sûr.

As-tu une devise ? 

Pas vraiment ! J’aime bien ce bout de citation d’Albert Einstein : « L’imagination est plus importante que la connaissance, car la connaissance est limitée tandis que l’imagination englobe le monde entier ».

Voici un autre portrait de Damien sur le site de l’Ifremer

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Lia Siegelman du LEMAR Lauréate de la bourse L’Oréal-UNESCO 2019

Lia a reçu la Bourse France L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » mardi 8 octobre 2019 au Muséum national d’histoire naturelle à Paris.

Pourquoi cette récompense honorifique ?

Ce prix prestigieux lui a été remis pour ses travaux de thèse sur l’effet des fronts océaniques de fine échelle (< 10 km) sur le climat. Des données in-situ récoltées sur des éléphants de mer instrumentés dans l’océan austral ainsi que des données satellites d’altimètres ont été utilisées. L’originalité de la première partie de sa thèse est liée au fait d’avoir combiné ces données, de nature très différente. Lia a démontré que les fonds océaniques de fine échelle dans l’intérieur de l’océan étaient associés à des flux de chaleur importants dirigés vers le haut, c’est-à-dire  vers la surface. Dans les modèles de climat actuels, la dynamique des fronts de fine échelle n’est pas prise en compte en raison de la résolution basse de ces modèles et elle a trouvé qu’ils sont pourtant importants dans les océans car associés à des flux de chaleur importants.  Ainsi, elle a démontré que ces fronts altèrent considérablement la capacité de l’océan à absorber de la chaleur.

Cette bourse permettra à Lia de séjourner au NASA Jet Propulsion Laboratory, à Pasadena en Californie, où elle pourra analyser la simulation numérique de l’océan global grâce à leur supercalculateur à très haute résolution, unique au monde, en complément de données satellites. L’objectif principal est de mieux comprendre l’impact de ces fronts sur le système océan-atmosphère, et plus particulièrement d’étendre ses résultats à tous les océans et à toutes les saisons. Lia inscrit ainsi ses travaux de recherche dans le cadre de la future mission spatiale franco-américaine NASA-CNES, « Surface de l’eau et topographie de l’océan » (ʺSurface Water and Ocean Topographyʺ, SWOT), dont le lancement est prévu en 2021.

Qu’est-ce que la Bourse France L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » ?

Depuis 2007, les Bourses France L’Oréal-UNESCO « Pour les Femmes et la Science » visent à révéler et à récompenser de jeunes chercheuses talentueuses dans les sciences formelles, les sciences du vivant et de l’environnement, les sciences de la matière, les sciences de l’ingénieur et technologiques et de promouvoir la participation des jeunes femmes dans la science. Depuis la création de ce programme, 230 d’entre elles ont déjà bénéficié d’une telle bourse.

Ce programme a pour objectif de reconnaitre et de récompenser des femmes scientifiques sur tous les continents. Chaque année, les Prix L’Oréal-UNESCO distinguent des chercheuses émérites qui, par leurs travaux remarquables, ont participé au progrès de la science. Le programme identifie également des jeunes femmes scientifiques à fort potentiel afin de leur attribuer des bourses de recherche.

Les bourses sont remises par la Fondation L’Oréal et s’inscrivent dans le cadre d’un partenariat avec la Commission Nationale française pour l’UNESCO et l’Académie des sciences.

En 2019, la Fondation L’Oréal remettra 35 bourses, d’un montant unitaire de 15 000 euros pour chaque doctorante et 20 000 euros pour chaque post-doctorante. Au moins cinq de ces bourses seront dédiées à des chercheuses effectuant leurs travaux dans les DOM-TOM.

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Lia Siegelman

Jean-Charles Caslot pour la Fondation L’Oréal

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Lia Siegelman

Les années 2018 à 2022 devraient être anormalement chaudes

Avec la vague de chaleur mondiale de cet été, 2018 sera une année particulièrement chaude. Les années suivantes le seront aussi, si l’on en croit une étude dirigée par Florian Sévellec, chercheur CNRS au LOPS et à l’Université de Southampton, publiée le 14 août 2018 dans Nature Communications. Grâce à une nouvelle méthode, il montre qu’à l’échelle du globe la période 2018-2022 risque d’être encore plus chaude que ce que laissait présager le réchauffement climatique en cours.

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