PPP, point d’étape février 2022

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1/ Suivi de la contamination en zones côtières

Tous les 6 mois, nous réalisons une campagne d’échantillonnage des débris flottants dans la baie de Douarnenez et la rade de Brest, 2 des 7 zones pilotes du projet PPP. Quatre campagnes ont d’ores et déjà été réalisées à l’aide d’un double filet neuston de maille 335µm. S’ajoute à cela en rade de Brest, une campagne de prélèvement simultanée de microplastiques flottants (surface) et à flottabilité neutre (colonne d’eau) sur maille 335 et 80 µm. Ces prélèvements ont pour but de comparer les niveaux de contamination en fonction de la taille des particules échantillonnées. Le trait de filet 80µm sert aussi à mieux estimer les risques écologiques, les microplastiques les plus petits étant plus biodisponibles pour entrer dans la chaîne alimentaire. Les prélèvements, une fois ramenés au laboratoire sont entièrement triés manuellement, digérés, passés sur filtres, puis photographiés avant de subir une analyse spectrale de type FTIR pour définir leur nature et, quand elle est plastique, le polymère. Cela va servir à nourrir une base de données commune aux 7 sites pilotes. Enfin, le LEMAR soutient également les journées de science participative « Objectif Plancton » organisées par Océanopolis en rade de Brest. Cette journée organisée 3 fois par an permet la collecte d’échantillons de plancton et microplastiques sur plusieurs points simultanés de la rade de Brest, constituant un jeu de données unique, tout en sensibilisant les plaisanciers aux enjeux de la pollution plastique et du réchauffement climatique.

2/ Etude des impacts écologiques

Le premier article scientifique qui vient d’être publié dans le Journal of Hazardous Materials (Figure 1) a étudié les impacts développementaux chez l’huître de la désorption chimique de caoutchoucs. En effet, parmi la diversité des déchets plastiques émis dans l’environnement, le caoutchouc représente une part significative de la contamination avec des signatures chimiques spécifiques. Nous avons étudié la toxicité chimique de trois types d’objet en caoutchouc : pneus, granulés issus du recyclage de pneumatiques à destination des terrains de sport synthétiques et élastiques ostréicoles. Ces trois types d’objet dans leur forme «neuve » ont émis des composés chimiques réduisant le succès de développement embryonnaire de l’huître en lien avec des teneurs en additifs supérieures en comparaison aux objets usagés. Les effets les plus forts ont été observés lors des expositions aux composés chimiques émis par les élastiques ostréicoles neufs. Ces derniers ont également diminué la survie des spermatozoïdes de l’huître, réduisant par conséquent leur succès de fécondation.

Figure 1. Résumé graphique des résultats de l’expérience qui a évaluée les impacts développementaux des molécules chimiques relarguées par 3 types de caoutchoucs neufs et usagés sur des jeunes stades de vie de l’huître.

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3/ Sobriété, tri et recyclage de plastiques

PPP est aussi un formidable accélérateur au sein de nos Instituts de la mise en place d’actions visant à la réduction de l’utilisation de plastique et de tri et de recyclage des déchets plastiques produits. Par exemple, l’installation de 12 îlots de tri (37 corbeilles au total) pour le recyclage des bouteilles plastiques et flacons en PET a été mise en place à l’IUEM après avoir été testé à l’Ifremer, de même que la collecte et la valorisation des mégots de cigarette. Une méthodologie de réduction des plastiques de laboratoire et la collecte des déchets plastiques non souillés de laboratoire est en phase test. Par exemple, 30kg de plastiques ont été collectés durant 1 mois par 15 labos de l’IUEM et le premier envoi de plastiques non souillés de laboratoire collectés pour la partie Ifremer du Lemar (plus de 6 kg) a été fait vers l’entreprise Rehab basée à Concarneau pour réaliser les tests de broyage de nos plastiques collectés pour concevoir des plaques pour en faire du mobilier. Un groupe de travail pour l’élaboration d’une charte « sans plastique » pour tous les évènements et moment conviviaux se déroulant dans nos instituts s’est également monté.

 

4/ Sciences et société

Parce que le changement transformationnel passe aussi par la société et notamment la nouvelle génération, le Lemar s’implique fortement sur des actions de médiation scientifique envers le grand public et les scolaires. De nombreux évènements éducatifs ont été réalisés en 2021 à destination d’écoles primaires, collèges, lycées que ce soit en intervention dans ces établissements ou lors d’évènements comme le festival Art’Pulseur ou Plastic Hackaton organisés par Océanopolis, des stands sur des évènements publics (Nuit des chercheurs, fête de la Science, évènement de Plastic Odyssey à Brest, Tour de France) des tables rondes (exemple Université populaire de la biodiversité à Tours) ou des conférences grand public (Journées du Patrimoine à Carantec, Semaine du Développement Durable à Granville ).
Pour les stands, nous avons créé deux ateliers, l’un intitulé huîtres-microplastiques (Figure 2) qui a pour but de proposer aux élèves une démarche scientifique en montrant l’ingestion de petits microplastiques par les coquillages permettant d’expliquer leur toxicité ; et le second avec des jeux et des supports sur le transfert par les microplastiques d’espèces notamment nuisibles interrogeant sur un transfert possible de maladie par les microplastiques vers les animaux marins.
A voir ou à lire avec des implications lémariennes : la réalisation d’un article « Carte Blanche » dans le magazine Science Ouest intitulée «Pollution plastique : une approche locale face à un problème global ? ». Le documentaire « Cher Plastique, une histoire d’amour toxique » réalisé par Dorothée Adam.

 

Figure 2. Photographie de l’atelier : des huîtres sont en en eau de mer (bac transparent) nourries par des microalgues (cylindre colorée) et exposées à des microplastiques de polyéthylène de couleur rouge-orangée. Copyright C. Lambert/CNRS.