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Sicile : une faille sous haute surveillance | Reportage CNRS

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Une mission océanographique, Focus X3, s’est déroulée du 17 au 27 février 2023 en Sicile à quelques encablures de la ville de Catane. L’objectif est d’étudier l’activité de “nord Alfeo”, une faille sous-marine située au pied de l’Etna découverte il y a 10 ans à l’aide d’un système, un câble de fibre optique sous-marin, destiné à suivre son activité et installé par des chercheurs au fond de la méditerranée. Le problème est que le système enregistre aussi les courants de fond sous-marins quand ils sont puissants si bien que cela ne suffit pas. Marc-André Gutscher, Charles Poitou et Giuseppe Cappelli d’IDIL, les scientifiques qui ont participé à cette mission, ont donc déposé des sismomètres et des balises acoustiques au fond de l’eau le long de la faille, en les lâchant depuis un bateau en surface. Ils ont également remonté d’autres sismomètres, précédemment immergés pour en récupérer les données. Les premiers résultats de ces mesures seront connus à partir du mois d’août. Cette technologie pourrait changer l’étude des failles sous-marines.

La faille de nord Alfeo, longue d’une centaine de kilomètres, est située à 2 000 m de profondeur. Elle est à la limite de deux plaques tectoniques, et le bloc à l’est se déplace vers le sud-est en coulissant le long de la faille. C’est le même type de mouvement dit “décrochant”, que celui de la faille nord-anatolienne  (impliquée dans le récent séisme de la région) ou celui de la faille de San Andreas en Californie. Cette faille nord Alfeo située à  moins de 20 km de Catane et son million d’habitants, pose potentiellement un risque sismique majeur. C’est pour cela qu’elle est scrutée de près depuis plusieurs années.

Les scientifiques espèrent anticiper les risques de séismes en mesurant les mouvements de la faille. Le but est de voir si cette faille bouge régulièrement ou alors par à-coups, ou encore pas du tout.  “Une faille qui ne bouge pas du tout, ce n’est pas forcement une bonne nouvelle“, selon  Marc-André Gutscher car elle se charge en énergie. Un blocage pendant plusieurs années ou siècles peut aboutir au fait qu’un jour les contraintes se relâchent brutalement et causent un gros tremblement de terre. Mais ces failles peuvent aussi décharger leur énergie régulièrement, en glissant lentement et régulièrement, ce qui limite dans ce cas le risque sismique.

Découvrez le reportage vidéo réalisé par le CNRS ici.

Crédit photo

Marc-André Gutscher / CNRS

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