Quand l’activité de l’homme vient masquer la variabilité naturelle
Les carottages réalisés dans les sédiments marins permettent d’analyser les microfossiles qui s’y trouvent et d’obtenir une mine d’information sur les climats passés. Cette technique permet également d’étudier des événements plus récents. C’est ce qui a été fait par des chercheurs du Laboratoire géosciences océan (LGO) et du Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR) qui se sont penchés sur les changements environnementaux de ces 150 dernières années en rade de Brest. L’enjeu : déterminer qui de l’homme ou du climat a le plus influencé ces changements.
Parmi les microfossiles passés à la loupe par les scientifiques, on peut citer les foraminifères, forme de zooplancton avec une coquille calcaire ou encore les dinoflagellés, algue unicellulaire qui produit un kyste calcaire. Ces dernières permettent de donner des informations sur les conditions à la surface des mers, comme la salinité et la température. Les dinoflagellés peuvent aussi être étudiés en parallèle avec les pollens, ce qui permet d’obtenir des informations sur les conditions marine et terrestre et de retracer l’histoire des bassins versants, c’est-à-dire d’un territoire comprenant un cours d’eau et ses affluents, sur les dernières centaines, voire même les derniers milliers d’années.
Les analyses effectuées à partir des carottages réalisés en rade de Brest ont mis en évidence l’influence des activités humaines à partir de 1945. Les pollens qui s’y trouvent permettent de retracer les changements dans l’agriculture (regroupement des surfaces cultivées et réduction des haies) qui ont favorisé le ruissellement. Les kystes des dinoflagellés, quant à eux, donnent des indications sur la présence d’algues toxiques liée aux fertilisants utilisés. Après 1985, les résultats montrent une forte eutrophisation des eaux de surface. Celle-ci est provoquée par le fort ruissellement des eaux fluviales contenant des fertilisants combinée à des températures de l’air anormalement élevées.
Publication du laboratoire géosciences ocean (LGO): Human-induced river runoff overlapping natural climate variability over the last 150 years: Palynological evidence (Bay of Brest, NW France), Clément Lambert, Aurélie Penaud, (2018) Global and Planetary Change
Contact: aurelie.penaud@univ-brest.fr
Repère: l’eutrophisation
Les sédiments de la rade de Brest livrent des informations sur les changements environnementaux survenus ces 150 dernières années.