Retour sur la campagne « bas carbone » DRASTIC

, ,

Une campagne océanographique «  bas carbone » à bord d’un vieux gréement sur les côtes Norvégiennes.

Au cercle polaire, où les eaux de l’Atlantique Nord et de l’Arctique se rencontrent, les scientifiques du LEMAR à l’Institut Européen de la MER à Brest (IUEM) étudient le silicium, un nutriment essentiel pour les micro-organismes marins tels que les diatomées et les radiolaires. Ces derniers sont à la base de la chaîne alimentaire marine. Ils jouent également un rôle clé dans la production de l’oxygène que nous respirons et dans la séquestration du carbone atmosphérique.

Le projet vise à mieux comprendre les changements environnementaux marins aux hautes latitudes et leurs conséquences sur le devenir des organismes siliceux planctoniques.

Les scientifiques ont été les premiers à alerter sur le changement climatique et veulent maintenant montrer les voies de l’atténuation et de la réduction des émissions de carbone. Les recherches ont donc été menées à partir d’un voilier. L’équipement du bateau était également exempt de carbone : le treuil principal permettant d’envoyer le matériel scientifique à 1 000 mètres de profondeur n’était alimenté que par l’énergie humaine, les scientifiques étant transformés en cyclistes ! Ce « vélotreuil » low tech, a démontré son efficacité et permis aux scientifiques de faire un peu de sport. Par rapport aux navires océanographiques conventionnels, l’empreinte carbone de la campagne a été réduite de 70 tonnes de CO2 (émissions annuelles de 11 Norvégiens). Le coût de la campagne étant également moins élevé, cela signifie que la réduction des émissions de carbone a permis d’économiser de l’argent. En effet, le coût d’abattement du CO2 pour la mission est estimé à environ 1000 € par tonne. Le voilier de 20 mètres était le LUN II, un superbe bateau en bois construit en Norvège (autour d’Alesund) en 1914. Il est principalement utilisé comme cargo à voile, sous la direction de son capitaine Ulysse Buquen, et a permis l’installation de laboratoires pour la filtration de l’eau et les observations microscopiques.

L’équipe scientifique etait intergénérationnelle (de 29 à 58 ans), internationale (chercheurs de Brest, d’universités britanniques et américaines), paritaire et dirigée par des femmes. Elle était constituée de 9 personnes dont plusieurs membres ou ex-membres du LEMAR (liens vers leur portrait) : Aude Leynaert, Lucie Cassarino, Matthieu Civel-Mazens, Natalia Llopis-Monferrer, Nicolas Djeghri, Jean Luc Baradat, Oscar Chuberre (photographe), Ulysse Buquen (le capitaine) & Magnus Brask Nordfonn (matelot).

Au cours de leur périple, ils ont donné des conférences dans les universités de Tromsøe, Bodø et Bergen et ont rencontré des scientifiques norvégiens afin de promouvoir la collaboration future et l’échange d’étudiants.

L’expédition a été financée principalement par le secteur public français : l’École Universitaire de Recherche Isblue, l’ANR (Agence Nationale pour la Recherche), le CNRS, la région Bretagne et le laboratoire LEMAR de l’IUEM.