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Lucie Fortun, Doctorante en socio-anthropologie à AMURE

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Originaire de Normandie, j’ai suivi des études en histoire et en sciences politiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dont je suis sortie diplômée de “communication politique et sociale” en 2016. J’ai occupé un premier poste en tant que chargée de projet dans une entreprise d’aide à l’orientation après le bac, puis, en tant que chargée de mission démocratie locale à la Mairie du 13ème arrondissement à Paris. A la suite de ces expériences professionnelles, j’ai pris conscience de la nouvelle direction que je souhaitais donner à mon parcours, incluant le domaine environnemental et un lien avec la mer. A la rentrée 2020, j’ai suivi le Master Société et Biodiversité finalité “transformations et transitions socio-écologiques” au Muséum National d’Histoire Naturelle et j’ai réalisé mon stage de fin d’étude au sein du laboratoire AMURE à l’IUEM.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Lorsque je cherchais mon stage de fin d’études en Sciences Humaines et Sociales sur les thématiques qui me plaisaient, j’ai répondu à une offre qui faisait particulièrement sens et lien avec mes envies, et dont l’encadrante travaillait dans le laboratoire AMURE. Je suis donc arrivée un peu par hasard à l’IUEM. Après cette première expérience dans le monde de la recherche, j’ai eu l’opportunité d’occuper deux postes d’ingénieures d’études pendant un an, pour le projet de recherche ANR Gilets jaunes puis le projet de recherche Assembler des océans toujours à l’IUEM avant d’enchaîner sur mon contrat doctoral actuel. Ce parcours au sein de l’IUEM m’a permis de découvrir le monde de la recherche et de travailler sur des thématiques diverses qui ont enrichi mon parcours.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je suis doctorante depuis mars 2023. Mon sujet s’intitule « Océanisation des mobilisations environnementales contemporaines : corps, engagement et politique ». Il s’inscrit dans un projet de recherche de long terme puisqu’il a été formulé à partir d’observations réalisées pendant mes précédentes enquêtes : tout d’abord celle effectuée pendant mon stage au cours de laquelle j’ai observé une multiplication des initiatives tournées vers la mer, des collectifs et des associations de protection des océans. Puis pendant le projet de recherche Assembler des Océans que j’ai formalisé pour commencer à documenter ces initiatives et ces mobilisations. Ce projet m’a permis de rendre compte de la diversité des formes d’engagement, des modes d’actions et des structures qui se mobilisent pour l’océan et de commencer à m’interroger sur la transformation des mobilisations environnementales contemporaines pour l’océan. C’est donc à partir de cette mise en enquête que j’ai formulé mon projet de thèse actuel visant à analyser ces dynamiques de mobilisations océaniques à travers l’évolution des sensibilités face aux enjeux océaniques. Pour cela, j’envisage de questionner la dimension expérientielle, c’est-à-dire quand et comment se déploie l’expérience d’engagement pour et avec les milieux marins et dans quelle mesure elle est remobilisée dans l’action militante.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Le terrain d’enquête de mon stage était un peu particulier : je travaillais sur les mobilisations de surfeur.euses pendant les périodes d’interdiction d’accès à la mer et au littoral et une partie de mon enquête, dite « immersive », consistait à réaliser une observation participante. Bref je devais apprendre à surfer. Pour préciser, à cette période, mon stage de recherche constituait une sorte de tournant dans ma vie professionnelle (reprise d’études) et personnelle (je déménageais en Bretagne). Je mettais donc beaucoup d’attentes, d’espoir et de sérieux dans la mise en œuvre du travail qui m’attendait. Je m’étais pas mal mis la pression en me disant qu’il fallait que je sois opérationnelle pour le jour J.

Quelques jours avant de débuter mon stage, je suis tombée assez violemment sur les fesses, provoquant un hématome particulièrement impressionnant au point de m’empêcher de marcher correctement, de conduire… Pendant les quelques jours qui me séparaient de mon premier jour de terrain, j’ai utilisé un nombre considérable de pochons de glace et de tubes de Voltarène pour atténuer douleur et gonflement. Finalement, bien qu’encore claudiquant, la température très fraîche de la mer et la concentration nécessaire pour maîtriser ma planche de surf ont largement pris le pas sur la douleur. Cette expérience vécue des dimensions physique, mentale et immersive de la pratique, m’a permis de me rendre compte directement de l’importance à donner au corps dans mon travail de recherche.

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Dans le cadre du projet Assembler des océans, j’ai réalisé un atelier qui s’appelait « Mémoires des luttes ». Pour l’occasion, j’avais invité 2 militantes de longue date qui ont partagé leur expérience et leur souvenir de la mobilisation historique menée contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff et de celle menée suite au naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 avec les autres participants, militants engagés pour la défense des océans. Ce fut un moment de partage et d’échanges particulièrement riches, enthousiasmant et émotionnellement forts autour de ce qui nous lie entre générations.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Le sport en général et particulièrement la course à pied (et le surf malgré mes mésaventures) + la cuisine.

Crédit photos

Basile Pierre

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Lucie Fortun / CNRS