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Pierre Stephan, Chargé de recherche CNRS en géomorphologie au LETG-Brest

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai démarré par des études d’Histoire à l’Université de Rennes 2 au cours desquelles j’ai découvert la Géographie, celle qu’on enseigne à l’Université, et en particulier la géographie environnementale. Ensuite, j’ai quitté Rennes pour rejoindre l’UBO et me spécialiser dans l’étude des littoraux. C’est lors de ma maîtrise que j’ai découvert l’IUEM, en fréquentant le laboratoire de sédimentologie. Cette première expérience de la recherche m’a amené à poursuivre en DEA de géomorphologie et aménagement des littoraux avec la ferme intention de poursuivre en thèse. J’ai donc candidaté sur un sujet qui portait sur la géomorphologie littorale au LETG. Il s’agissait de travailler sur la contribution des falaises meubles à l’alimentation sédimentaire des plages bretonnes. Je me suis surtout intéressé aux plages de galets, et aux flèches littorales en particulier, dont un grand nombre sont situées en rade de Brest. Pendant ma thèse, j’ai pris à coeur les causes de l’érosion qui affectent actuellement ces plages : élévation du niveau de la mer, submersions marines, impacts humains. Certains de mes résultats ont suscité l’intérêt des archéologues dans l’idée de reconstituer les environnements côtiers de la Préhistoire. Après la thèse, j’ai donc initié des collaborations avec des archéologues dans le cadre du Programme Archéologique Molénais mené en mer d’Iroise. En parallèle, l’érosion des plages de galets posait également des problèmes en matière de conservation de la biodiversité et de restauration des milieux naturels. Cela m’a amené à travailler avec des acteurs du territoire comme Brest métropole, le conservatoire du littoral, les parcs et les réserves naturelles.

Ensuite, j’ai fait un postdoc, en contrat avec la région Bretagne, pour mettre en place un plan d’actions visant à restaurer certains secteurs littoraux en rade de Brest. Après mon entrée au CNRS, j’ai exercé pendant 2 années au Laboratoire de Géographie Physique de Meudon avant d’arriver à l’IUEM.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Ce qui m’a amené à revenir rapidement à l’IUEM, c’est d’une part la proximité avec certains de mes terrains d’étude dont j’assurais le suivi régulier dans le cadre d‘observatoire depuis le début de ma thèse, la synergie entre les différents labos qui permet aussi des approches interdisciplinaires, et enfin la concentration sur un même site de nombreux outils et plateformes d’analyse dans le domaine de la mer. À l’époque, le LabexMER représentait aussi une super opportunité pour amorcer une recherche originale à partir de financements à visée exploratoire.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Je travaille sur les changements géomorphologiques côtiers et leurs implications sur les sociétés et les environnements littoraux. J’étudie ces dynamiques à différentes échelles de temps. Sur le long terme, je travaille sur les changements paléogéographiques et les processus de sédimentation en lien avec la transgression marine, les périodes de tempêtes, les phases d’ensablement des littoraux et de mise en place des dunes côtières. Ces travaux s’inscrivent le plus souvent dans le cadre de recherches interdisciplinaires menées avec les archéologues et les géologues et apportent des éléments pour mieux comprendre le rôle de l’humain et du climat dans les changements côtiers.

Sur des pas de temps plus récents, je m’intéresse aux évolutions récentes du trait de côte, à l’observation des phénomènes d’érosion et la compréhension de certains processus en cause dans la mobilité du littoral. Ces travaux sont souvent menés en étroite collaboration avec des gestionnaires. Par exemple, cela fait 15 ans que je mène un suivi du Sillon de Talbert. Dans ce secteur, l’impact des tempêtes est occasionnel, mais particulièrement bien marqué et m’a conduit à proposer des mesures de gestion dans le cadre de la Réserve Naturelle Régionale. Ce suivi s’inscrit dans le cadre du SNO DYNALIT. Je mène des recherches similaires en Islande, qui constituent un laboratoire à ciel ouvert pour étudier l’effet des tempêtes sur l’érosion des côtes car les tempêtes y sont plus intenses et plus fréquentes qu’en Bretagne.

Je coordonne également depuis 7 ans la ZABrI avec Olivier Ragueneau. Il s’agit d’animer un dispositif de recherche et un groupe de chercheurs et d’acteurs du territoire issus d’horizons variés en vue de produire une recherche transdisciplinaire et intégrée.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Je me souviens d’une mission périlleuse où, très éloignés de la côte sur un large platier rocheux, nous avons été piégés par la marée. Le retour fut épique. Nous avons noyé tout le matériel électronique et perdu l’ensemble des données du jour. L’un d’entre nous s’était cassé l’orteil. Bref, la loose !

Quel ton plus beau souvenir de boulot ?

L’un des plus beaux remonte à un an à peine, lors d’une mission en Islande. Nous revenions d’une longue matinée de terrain sur la plage de Sandvikur, un lieu magique situé à l’extrémité de la presqu’île de Reykjanes. Sur le chemin du retour, nous avions sous nos yeux, à quelques kilomètres de distance, l’éruption du volcan Fagradalsfjall d’où s’échappaient de véritables geysers de lave incandescente. C’était un spectacle fascinant que je n’oublierai jamais.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

La musique : star déchue des fest-noz, reconverti en champion d’Air biniou, je ne peux plus sérieusement me considérer comme musicien, mais je sonne encore quelques airs de jazz sur mon sax ténor et pratique depuis peu la clarinette dans une fanfare.

Crédit photos

Y. Dorval

Sébastien Hervé / UBO

Contact

Pierre Stephan / CNRS

 

Nicolas Le Dantec, Responsable observation littorale à l’UMS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après mon École d’ingénieur (Télécom SudParis), je suis parti pendant 7 ans aux États-Unis. Là-bas, j’ai effectué mon master et ma thèse à l’Université de Californie à San Diego (SCRIPPS institution of oceanography) jusqu’en 2009. J’ai travaillé sur un sujet à double entrée : les géosciences marines et la physique des sédiments pour comprendre les dynamiques sédimentaires dans la zone côtière.

En 2010, j’ai fait un 1er post-doc à l’Institut physique de Rennes (IPR) sur la morphodynamique des dunes sous-marines. Ensuite, en 2011, j’ai réalisé un post-doc à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) où j’étudiais la dynamique hydro sédimentaire sur les fonds du Lac Léman et en particulier dans le canyon du Rhône. Ce 2nd post-doc n’a duré que quelques mois car le 1er janvier 2012, j’ai été recruté au Cerema (anciennement Cetmef) en tant que chargé de recherche.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis à l’IUEM depuis juillet 2013. J’ai d’abord été accueilli au LGO, et je suis maintenant en détachement à l’UMS depuis juillet 2020.

Après avoir été aux États-Unis, c’était important pour moi de revenir en France et surtout en Bretagne, dont je suis originaire. Pour revenir travailler sur l’océanographie en France en tant que breton, Brest était une place incontournable.

Etre intégré dans la communauté scientifique de l’IUEM est quelque chose qui est important pour moi et que j’apprécie beaucoup. Le milieu universitaire permet une certaine liberté, dans le choix des sujets sur lesquels on travaille. Pour moi, la motivation dans la recherche c’est d’abord de comprendre le monde qui nous entoure. Mais faire de la science pour la science ne me suffit pas, j’ai aussi besoin que mon travail trouve une application, un écho dans la société. La liberté à l’université, c’est aussi de s’engager dans le domaine de la recherche appliquée, de se rapprocher des enjeux de société.

Que fais-tu à l’IUEM ?

J’ai une mission à l’observatoire de l’IUEM, sur le développement d’un observatoire des risques côtiers en Bretagne (OSIRISC), ainsi qu’une activité de recherche en lien avec le LGO, sur la dynamique sédimentaire littorale. Mon travail sur les risques côtiers est réalisé au sein d’une large équipe pluridisciplinaire rassemblant plusieurs laboratoires de l’UBO, et qui adopte une approche systémique pour suivre les trajectoires de vulnérabilité des territoires littoraux aux risques côtiers d’érosion et de submersion marine, intégrant les facteurs naturels et anthropiques, le tout dans un cadre de co-construction entre chercheurs et gestionnaires.

D’abord un projet de recherche, OSIRISC est devenu un observatoire opérationnel dont je co-coordonne le déploiement progressif à l’échelle régionale. OSIRISC est déjà bien établi dans le Finistère, notamment grâce au franc succès du partenariat Litto’Risques (UBO, CD29, Cerema) qui porte sur l’accompagnement des territoires pour la gestion des risques côtiers d’érosion et de submersion marine, et dont je suis l’un des représentants pour l’UBO. Ce partenariat est un véritable modèle en terme de liens entre science et société, où l’UBO apporte des réponses aux enjeux des territoires, en alliant recherche, observation, formation, les 3 missions de l’IUEM.

Dans le cadre de mes missions sur l’observation littorale à l’IUEM, l’une des étapes futures consistent à transposer cette approche intégrée à l’ensemble du continuum Terre-Mer et aux problématiques scientifiques et enjeux  associés. Le CPER’Glaz (lancement en mars 2022) sera l’un des vecteurs ou accélérateurs sur ce sujet-là.

Pour l’aspect recherche, mes travaux s’appuient largement sur des observations de terrain pour la compréhension des processus naturels. En parallèle, je continue à utiliser des approches de modélisation, notamment avec les collègues de l’IPR. Mes objets d’études sont les plages, les falaises, les structures sédimentaires (dunes sous-marines et bancs sableux) des avants côtes à la plateforme continentale, avec des questionnements sur la caractérisation et la prédiction des changements morphologiques et des transferts sédimentaires dans ces environnements (évolutions du trait de côte, mécanismes de recul des falaises, morphodynamique des dunes).

Enfin, je m’implique aussi fortement dans les développements méthodologiques pour la mesure des flux sédimentaires et le suivi des évolutions morphologiques à l’interface Terre-Mer.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Dans le cadre du projet « ELEMO » pour l’exploration des eaux du Lac Léman, pendant mon post-doc à l’EPFL, j’ai eu l’occasion de participer à une plongée à bord d’1 des 2 sous-marins russes « MIR » dans le canyon du Rhône. Une plongée en submersible, c’est déjà quelque chose ; sous l’eau on n’a pas trop de repères. Là, pour ne rien arranger, je ne comprenais pas vraiment les échanges entre les pilotes et la surface.

Par la suite, toujours en collaboration avec des équipes de l’EPFL, j’ai participé à une mission sur le lac Baïkal. Nous avons fait un levé bathymétrique des canyons devant le delta du fleuve Selenga qui se jette dans le lac. Ce fût une sacrée expédition et une expérience culturelle enrichissante ! Nous avons utilisé le sondeur multifaisceaux de l’IUEM, à partir d’un navire d’opportunité. Les marins ne parlaient que le russe ; nous avions une traductrice qui parlait anglais. À un moment nous sommes passés au-dessus d’une tête de canyon, et le bateau est devenu plus difficile à piloter. Les marins ont commencé à paniquer, un petit peu d’abord, à raconter des histoires de bateaux de pêche engloutis et réapparus en Mongolie,  puis de plus en plus, à jeter des verres de Vodka par-dessus bord pour calmer les eaux du lac, et on a finalement dû quitter la zone avant de l’avoir tout à fait couverte !

A part ça, je n’ai pas de lien particulier avec les russes…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Lorsque j’étais étudiant en thèse, j’ai participé à une campagne très sympa sur le RV Roger Revelle entre Hawaii et San Diego. Je démarrais ma thèse, ça a été une superbe expérience.

Plus récemment, je trouve sympathique le fait de retourner faire des suivis sur les plages où je passais mes vacances quand j’étais enfant.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup le sport (j’ai pratiqué le tennis) et la pêche à la crevette.

As-tu une devise ?

« Don’t let anyone rain on your dreams ».

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Noémie Basara / UBO

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