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Efflorescences de microalgues toxiques – Comment maintenir les pêcheries de coquilles ?

Le lancement du projet MaSCoET, coordonné scientifiquement par l’Ifremer et impliquant le Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR, UBO/CNRS/IRD/Ifremer) de l’IUEM a eu lieu le 26 mars 2019. Il vise à mieux comprendre les efflorescences toxiques de l’algue Pseudo-nitzschia et leurs conséquences sur les pêcheries de coquilles Saint-Jacques.

La coquille Saint-Jacques est la troisième espèce vendue sur les criées françaises. Elle est exploitée du nord de la France aux Pertuis Charentais. Depuis les années 2000, partout sur le littoral, les professionnels ont été contraints à des fermetures de la pêche dues aux efflorescences de la microalgue Pseudo-nitzschia, capable de produire des toxines amnésiantes rendant les coquillages impropres à la consommation. Ces fermetures peuvent susciter un report de pêche sur une autre espèce, le pétoncle noir.

Plusieurs aspects de ces contaminations interrogent encore les scientifiques. Comment les efflorescences se développent d’un site à l’autre ? Pourquoi la coquille Saint-Jacques se décontamine-t-elle lentement par rapport au pétoncle noir ? La ressource en pétoncle noir est-elle suffisante pour pallier aux fermetures de coquilles Saint-Jacques ? Le projet MaSCoET (Maintien du stock de coquillages en lien avec la problématique des efflorescences toxiques) vise à répondre à ces questions et à émettre des recommandations aux gestionnaires des pêches pour permettre l’élaboration d’outils
de gestion en concertation avec les professionnels.

Des mesures en cours suite à une première efflorescence de Pseudo-nitzschia

Le suivi des efflorescences a déjà commencé depuis début mars, avec des prélèvements d’eau réguliers effectués par les équipes scientifiques pour suivre un premier épisode de Pseudo-nitzschia relevé par le REPHY (Réseau d’observation et de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines) en pointe finistérienne.
Un site atelier en rade de Brest sera plus particulièrement suivi pour la contamination des coquillages et le suivi de la population de pétoncle. Des analyses fines sur les coquillages à différents stades de contamination seront menées à l’écloserie du Tinduff (29) et en laboratoire. La population de pétoncle noir sera évaluée grâce à une campagne
de pêche, avec des mesures d’abondance. Ces travaux scientifiques de terrain seront complétés par le développement d’outils de calculs numériques. Le projet permettra ainsi de mieux comprendre les phénomènes étudiés, tester des hypothèses ou scénarios avec l’objectif d’aboutir in fine à des propositions et/ou scénarios de gestion.

Le projet MaSCoET est financé principalement par FFP (France Filière Pêche) mais aussi par Brest Métropole, pour une durée de 5 ans. Il est mené au niveau scientifique par l’Ifremer (coordinateur) et le Lemar, en partenariat avec plusieurs comités des pêches (CDPMEM29, CDPMEM22, CRPMEM Bretagne, CDPMEM17, CRPMEM Normandie, CDPMEM56 et COREPEM) et avec l’appui de l’écloserie du Tinduff.

Crédit photo : Ifremer – Xavier Caisey

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L’impact du changement climatique sur la biodiversité et sur les écosystèmes marins

Le changement climatique affecte les organismes marins. Les poissons, les mollusques ou même les communautés microbiennes subissent les modifications de la température de l’eau, du pH et de la teneur en d’oxygène, et ce, à différents stades de leur cycle de vie. A ces contraintes s’ajoutent d’autres facteurs comme la surpêche ou la pollution des océans. Parmi les espèces, certaines peuvent réussir à s’adapter, d’autres migreront ou ont déjà commencé, et enfin certaines risquent de disparaître, perturbant les interactions que les espèces entretiennent entre elles et l’écosystème dans lequel elles évoluaient.

Le flet, poisson estuarien en première ligne

Dans les estuaires, là où les eaux douces des fleuves rencontrent les eaux salées de la mer, de nombreuses espèces trouvent refuge. Certaines s’y abritent la quasi-totalité de leur cycle de vie, d’autres viennent s’y nourrir ou s’y reproduire. Dans ces mêmes zones, les activités humaines sont très présentes (aménagements portuaires, industries, pêche…) et les polluants issus des bassins versants composés des effluents domestiques, industriels et agricoles s’accumulent. C’est également un milieu où le réchauffement climatique se fait davantage ressentir puisque les eaux, peu profondes, sont plus susceptibles de voir leur température augmenter.

Des scientifiques du Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR) tentent de comprendre les impacts de ces pressions sur le cycle de vie des espèces estuariennes. Ils étudient notamment l’effet de ces conditions environnementales particulières sur le flet, poisson plat qui vit l’intégralité de son cycle biologique en estuaire. On le retrouve sur toute la façade atlantique, de la Finlande au Portugal. Il y a 30 ans, les populations de flet étaient présentes jusqu’à la pointe ibérique, mais la limite sud de leur aire de répartition s’est déplacée et se trouve désormais à 150 km au nord de Lisbonne. C’est un des effets du réchauffement climatique.

Les chercheurs étudient les réponses du flet à ce qu’ils appellent des stress multiples : contamination de leur milieu par des polluants et réchauffement climatique. Ils ont pu démontrer que les populations de flet qui vivent dans des estuaires particulièrement pollués, comme c’est le cas de l’estuaire de la Seine, ont d’autant plus de mal à faire face à une augmentation de la température. Ce résultat a été obtenu en 2015 en étudiant des populations de jeunes poissons. Ils poursuivent aujourd’hui leurs travaux afin de d’étudier l’impact du réchauffement sur les différents stades du cycle de vie de ce poisson en fonction du niveau de contamination du milieu. Lancé en 2018, le projet POPEST va comparer différents estuaires, qu’ils soient très pollués, comme l’estuaire de la Seine ou beaucoup moins, comme le Belon (Sud-Finistère).

Contact au Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR) : jean.laroche@univ-brest.fr

Quand la coquille Saint Jacques délivre ses secrets

Il y a plus de 20 ans, des chercheurs de l’IUEM ont découvert que la coquille Saint Jacques renfermait une mine d’informations. Tout commence en 1995, quand à l’occasion d’une thèse, des bandes blanches sont constatées sur le bord de toutes les coquilles récoltées en rade de Brest. En les observant à la loupe binoculaire, les scientifiques comptent presque toujours le même nombre de petites stries. Ils mettent en évidence la concomitance de l’apparition de ces stries avec un bloom d’algues toxiques ayant eu lieu au mois de juillet. Les chercheurs parviennent alors à démontrer que les coquilles forment une microstrie par jour.

La coquille devient un précieux instrument permettant de décrypter les variations de l’environnement comme la température ou la teneur en oxygène. Lorsqu’il y a plus d’espace entre les stries, c’est que la croissance s’est accélérée car la coquille a eu accès à plus de lumière et plus de phytoplancton. Une manière d’étudier le réchauffement climatique, en rade de Brest, ou encore en Terre Adélie, où des coquillages similaires fournissent des informations sur la période d’ouverture des glaces pendant l’été. Une manière également de remonter dans le temps puisque certains de ces animaux vivent 400 à 500 ans et permettent d’étudier les environnements passés.

Contact au Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR) : yves-marie.paulet@univ-brest.fr