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Anne Briais, Chercheuse CNRS en géodynamique à Geo-Ocean

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

J’ai obtenu un doctorat à Sorbonne Université (anciennement Paris VI – UPMC) tout en effectuant mes recherches au laboratoire de tectonique de l’Institut de physique du globe de Paris (IPG) où j’ai travaillé sur l’ouverture de la mer de Chine du sud. C’était un sujet de géosciences marines au sein d’un laboratoire qui étudiait la tectonique en Asie. C’est à cette occasion-là que j’ai fait mes 1ères campagnes en mer après avoir fait le choix du domaine marin et non du terrain. Je suis allée en Postdoc à l’Université de Rhode Island aux États-Unis puis j’ai fait un 2ème post doc au National Oceanographic Centre (NOC) à Southampton, anciennement Institute of oceanographic sciences à Wormley. Lors de ces postdocs, j’ai travaillé sur les dorsales océaniques actives. Puis, j’ai été recrutée au CNRS en 1992 en tant que chargée de recherche au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS). C’était le début de l’océanographie par satellite. Cette nouvelle technique a permis de faire des cartes globales du champ de gravité. Indirectement, nous pouvions étudier la dynamique des dorsales océaniques sur 200 millions d’années. Ensuite, j’ai continué à travailler avec les données satellites et les données de campagnes en mer au Laboratoire de dynamique terrestre et planétaire toujours à l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP) puis au Géosciences Environnement Toulouse (GET).

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

J’ai décidé de rejoindre Brest car je travaillais plus avec des collègues du laboratoire Geo-Ocean (anciennement LGO) qu’avec des collègues toulousains. Mes thématiques de recherche sont le cœur de métier de Geo-Ocean.

Que fais-tu à l’IUEM ?

Mes recherches sont centrées sur la dynamique des dorsales océaniques et des rifts et l’interaction avec la circulation du manteau. De manière générale, j’apporte des connaissances sur le fonctionnement de la planète et la tectonique des plaques. Dans un cadre plus terre à terre, les résultats de mes recherches aident à comprendre l’hydrothermalisme et donc localiser les ressources minières potentielles, ainsi que les limites tectoniques sources de séismes.

Au sein de l’International Ocean Discovery Program (IODP), je suis retournée en mer de Chine en 2014 et 2017 pour des campagnes de forage qui ont confirmé mes résultats de thèse : nous avons pu dater les fonds marins en mer de Chine et apporter des contraintes sur les âges du rifting et de l’ouverture océanique.

À l’heure actuelle, je suis co-cheffe de l’expédition IODP395 au sud de l’Islande prévue en 2020 qui a été reportée en 2023. Nous allons mieux comprendre l’interaction entre le point chaud de l’Islande et la dorsale médio-atlantique nord. C’est une campagne océanographique sur le JOIDES Resolution, navire de forages scientifiques.

Un autre grand projet en cours est l’étude de la dorsale sud est indienne au sud de la Tasmanie. J’ai été cheffe de mission de la campagne STORM (South Tasmania Ocean Ridge and Mantle) en 2015. Pendant cette campagne, nous avons levé des cartes bathymétriques dans des zones jusqu’ici inconnues, en particulier à cause de la météo.

Je participe également à d’autres recherches de collègues brestois, par exemple avec Marcia Maia dans l’atlantique équatorial.

Je fais aussi de l’enseignement sur les dorsales et la géodynamique en licence et en M1 du Master Géosciences Océan.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

J’ai soutenu ma thèse le jour de la chute du mur de Berlin.

À la fin de ma 1ère campagne en mer, le N/O Jean Charcot devait débarquer à Jakarta et pour des raisons politiques, il n’a jamais été autorisé à accoster. Nous n’avons pu prendre l’avion qu’une semaine après depuis Singapour.

Pendant la campagne STORM, le mauvais temps était tel que le frigo de la cafet a basculé et a été retrouvé sur le ventre malgré l’amarrage et les attaches. C’était la 1ère fois que ça arrivait sur l’Atalante !

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Beaucoup de bons moments sur les campagnes en mer, par exemple un rayon vert lors d’une campagne dans l’océan indien, des albatros dans le grand sud, ou un poulpe à oreilles suivi à plus de 4000 mètres de fond depuis le Nautile.

Le tour complet de l’île de Pâques au petit matin à la fin de la campagne Pacantarctic 2.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

Les voyages et la danse.

As-tu une devise ?

Il faut savoir ce que l’on veut dans la vie.

Crédit photos

Georges Ceuleneer / Campagne STORM

IODP

Contact

Anne Briais / CNRS

 

Nicolas Le Dantec, Responsable observation littorale à l’UMS

Que faisais-tu avant de venir à l’IUEM ?

Après mon École d’ingénieur (Télécom SudParis), je suis parti pendant 7 ans aux États-Unis. Là-bas, j’ai effectué mon master et ma thèse à l’Université de Californie à San Diego (SCRIPPS institution of oceanography) jusqu’en 2009. J’ai travaillé sur un sujet à double entrée : les géosciences marines et la physique des sédiments pour comprendre les dynamiques sédimentaires dans la zone côtière.

En 2010, j’ai fait un 1er post-doc à l’Institut physique de Rennes (IPR) sur la morphodynamique des dunes sous-marines. Ensuite, en 2011, j’ai réalisé un post-doc à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) où j’étudiais la dynamique hydro sédimentaire sur les fonds du Lac Léman et en particulier dans le canyon du Rhône. Ce 2nd post-doc n’a duré que quelques mois car le 1er janvier 2012, j’ai été recruté au Cerema (anciennement Cetmef) en tant que chargé de recherche.

Pourquoi as-tu choisi l’IUEM ?

Je suis à l’IUEM depuis juillet 2013. J’ai d’abord été accueilli au LGO, et je suis maintenant en détachement à l’UMS depuis juillet 2020.

Après avoir été aux États-Unis, c’était important pour moi de revenir en France et surtout en Bretagne, dont je suis originaire. Pour revenir travailler sur l’océanographie en France en tant que breton, Brest était une place incontournable.

Etre intégré dans la communauté scientifique de l’IUEM est quelque chose qui est important pour moi et que j’apprécie beaucoup. Le milieu universitaire permet une certaine liberté, dans le choix des sujets sur lesquels on travaille. Pour moi, la motivation dans la recherche c’est d’abord de comprendre le monde qui nous entoure. Mais faire de la science pour la science ne me suffit pas, j’ai aussi besoin que mon travail trouve une application, un écho dans la société. La liberté à l’université, c’est aussi de s’engager dans le domaine de la recherche appliquée, de se rapprocher des enjeux de société.

Que fais-tu à l’IUEM ?

J’ai une mission à l’observatoire de l’IUEM, sur le développement d’un observatoire des risques côtiers en Bretagne (OSIRISC), ainsi qu’une activité de recherche en lien avec le LGO, sur la dynamique sédimentaire littorale. Mon travail sur les risques côtiers est réalisé au sein d’une large équipe pluridisciplinaire rassemblant plusieurs laboratoires de l’UBO, et qui adopte une approche systémique pour suivre les trajectoires de vulnérabilité des territoires littoraux aux risques côtiers d’érosion et de submersion marine, intégrant les facteurs naturels et anthropiques, le tout dans un cadre de co-construction entre chercheurs et gestionnaires.

D’abord un projet de recherche, OSIRISC est devenu un observatoire opérationnel dont je co-coordonne le déploiement progressif à l’échelle régionale. OSIRISC est déjà bien établi dans le Finistère, notamment grâce au franc succès du partenariat Litto’Risques (UBO, CD29, Cerema) qui porte sur l’accompagnement des territoires pour la gestion des risques côtiers d’érosion et de submersion marine, et dont je suis l’un des représentants pour l’UBO. Ce partenariat est un véritable modèle en terme de liens entre science et société, où l’UBO apporte des réponses aux enjeux des territoires, en alliant recherche, observation, formation, les 3 missions de l’IUEM.

Dans le cadre de mes missions sur l’observation littorale à l’IUEM, l’une des étapes futures consistent à transposer cette approche intégrée à l’ensemble du continuum Terre-Mer et aux problématiques scientifiques et enjeux  associés. Le CPER’Glaz (lancement en mars 2022) sera l’un des vecteurs ou accélérateurs sur ce sujet-là.

Pour l’aspect recherche, mes travaux s’appuient largement sur des observations de terrain pour la compréhension des processus naturels. En parallèle, je continue à utiliser des approches de modélisation, notamment avec les collègues de l’IPR. Mes objets d’études sont les plages, les falaises, les structures sédimentaires (dunes sous-marines et bancs sableux) des avants côtes à la plateforme continentale, avec des questionnements sur la caractérisation et la prédiction des changements morphologiques et des transferts sédimentaires dans ces environnements (évolutions du trait de côte, mécanismes de recul des falaises, morphodynamique des dunes).

Enfin, je m’implique aussi fortement dans les développements méthodologiques pour la mesure des flux sédimentaires et le suivi des évolutions morphologiques à l’interface Terre-Mer.

As-tu des anecdotes professionnelles à nous raconter ?

Dans le cadre du projet « ELEMO » pour l’exploration des eaux du Lac Léman, pendant mon post-doc à l’EPFL, j’ai eu l’occasion de participer à une plongée à bord d’1 des 2 sous-marins russes « MIR » dans le canyon du Rhône. Une plongée en submersible, c’est déjà quelque chose ; sous l’eau on n’a pas trop de repères. Là, pour ne rien arranger, je ne comprenais pas vraiment les échanges entre les pilotes et la surface.

Par la suite, toujours en collaboration avec des équipes de l’EPFL, j’ai participé à une mission sur le lac Baïkal. Nous avons fait un levé bathymétrique des canyons devant le delta du fleuve Selenga qui se jette dans le lac. Ce fût une sacrée expédition et une expérience culturelle enrichissante ! Nous avons utilisé le sondeur multifaisceaux de l’IUEM, à partir d’un navire d’opportunité. Les marins ne parlaient que le russe ; nous avions une traductrice qui parlait anglais. À un moment nous sommes passés au-dessus d’une tête de canyon, et le bateau est devenu plus difficile à piloter. Les marins ont commencé à paniquer, un petit peu d’abord, à raconter des histoires de bateaux de pêche engloutis et réapparus en Mongolie,  puis de plus en plus, à jeter des verres de Vodka par-dessus bord pour calmer les eaux du lac, et on a finalement dû quitter la zone avant de l’avoir tout à fait couverte !

A part ça, je n’ai pas de lien particulier avec les russes…

Quel est ton plus beau souvenir de boulot ?

Lorsque j’étais étudiant en thèse, j’ai participé à une campagne très sympa sur le RV Roger Revelle entre Hawaii et San Diego. Je démarrais ma thèse, ça a été une superbe expérience.

Plus récemment, je trouve sympathique le fait de retourner faire des suivis sur les plages où je passais mes vacances quand j’étais enfant.

Quels sont tes centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup le sport (j’ai pratiqué le tennis) et la pêche à la crevette.

As-tu une devise ?

« Don’t let anyone rain on your dreams ».

Crédit photos

Noémie Basara / UBO

Déborah Belleney / UBO

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Nicolas Le Dantec / UBO