Invertébrés marins et bruit

Résumé

Parmi les facteurs de risque qui compromettent la conservation de la biodiversité marine, l’un des problèmes les moins bien compris est le bruit produit par les activités humaines en mer et sur terre. De nombreux aspects de la manière dont le bruit et d’autres formes d’énergie peuvent avoir un impact sur l’équilibre naturel des océans n’ont pas encore été étudiés. Au cours des dernières décennies, une attention considérable a été accordée à la détermination de la sensibilité au bruit des mammifères marins, en particulier des cétacés et des pinnipèdes, ainsi que des poissons, dont on sait qu’ils possèdent des organes auditifs. Des études récentes ont révélé qu’une grande diversité d’invertébrés sont également sensibles aux sons, notamment par l’intermédiaire d’organes sensoriels dont la fonction originelle est de permettre le maintien de l’équilibre dans la colonne d’eau et de percevoir la gravité. Les invertébrés marins représentent non seulement la plus grande partie de la biomasse marine et sont des indicateurs de la santé des océans, mais de nombreuses espèces ont également une valeur socio-économique importante. Cette étude présente les connaissances scientifiques actuelles sur la bioacoustique des invertébrés (production, réception et sensibilité des sons), ainsi que sur la manière dont les invertébrés marins sont affectés par les bruits anthropogéniques. Elle réexamine également de manière critique la littérature afin d’identifier les lacunes qui encadreront les futures recherches sur la tolérance au bruit des écosystèmes marins.


Figure 4 : Marine Invertebrate sound sensory systems.

Points forts

(1) Nous avons fait le point sur les connaissances scientifiques actuelles concernant la bioacoustique des invertébrés marins (détection et production de sons) et leurs réponses (effets physiques, physiologiques et comportementaux) au bruit anthropique à différents stades de la vie, au niveau de la population et de l’écosystème. Bien que l’impact de la pollution sonore sur les invertébrés marins soit peu étudié, une révision exhaustive et systématique de la littérature a démontré que le bruit anthropique est préjudiciable non seulement à ces espèces, mais aussi aux écosystèmes naturels qu’elles habitent.

(2) Étant donné que les effets du bruit peuvent être provoqués du niveau cellulaire au niveau des écosystèmes, la compréhension de l’impact du bruit nécessite une expertise interdisciplinaire afin d’adopter une vision holistique du problème.

(3) Les recherches futures doivent inclure un protocole détaillé qui, dans l’idéal, fournirait non seulement des mesures et des méthodes acoustiques précises, mais aussi des expériences à long terme, des effets cumulatifs, des gradients d’exposition au bruit, une récupération potentielle du bruit chronique dans une variété de groupes taxonomiques et de sources de bruit.

(4) Les effets de facteurs de stress multiples doivent être pris en compte lors de l’évaluation des impacts potentiels de l’exposition au bruit.

(5) Cette étude constitue une référence précieuse pour guider les gestionnaires des ressources naturelles dans l’évaluation des effets du bruit anthropique et le développement de futures opérations à des échelles temporelles et spatiales pertinentes pour les écosystèmes océaniques.

 

Références

Sole´ M, Kaifu K, Mooney TA, Nedelec SL, Olivier F, Radford AN, Vazzana M, Wale MA, Semmens JM, Simpson SD, Buscaino G, Hawkins A, Aguilar de Soto N, Akamatsu T, Chauvaud L, Day RD, Fitzgibbon Q, McCauley RD and Andre´ M. (2023) Marine invertebrates and noise. Front. Mar. Sci. 10:1129057. doi: 10.3389/fmars.2023.1129057

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