Développement de méthodes de suivi des effets des champs magnétiques produits pour les câbles sous-marins sur le comportement de la faune marine

Luana ALBERT

Laurent Chauvaud (LEMAR) & Sylvain Chauvaud (TBM)

Aurélie Jolivet et Frédéric Olivier

Bourse CIFRE (Société TBM)

Ces dernières années, la volonté d’exploiter les énergies marines renouvelables s’est renforcée et les projets de construction en haute mer se multiplient. L’électricité ainsi produite est acheminée jusqu’à la côte par un réseau de câbles sous-marins généralement enfouis dans le sédiment. Or, ces derniers émettent des champs magnétiques alternatifs AC ou continus DC d’intensité élevée (jusqu’à 30 fois supérieure au champ géomagnétique), dont les effets potentiels sur la faune marine sont encore mal connus. De nombreux organismes marins utilisent en effet le champ magnétique terrestre pour orienter leur déplacement à petite et large-échelle. Dans ce contexte, cette thèse avait pour objectif d’explorer les réponses comportementales d’organismes benthiques, lors d’exposition à des champs magnétiques d’intensités similaires à celles théoriquement émises par les câbles sous-marins. Selon une approche multi-modèles ciblant des groupes taxonomiques variés, les expérimentations ont été menées en milieu contrôlé, sur la raie bouclée Raja clavata, l’étrille Necora puber, la moule bleue Mytilus edulis et le couteau arqué Ensis magnus.

Les champs magnétiques artificiels ont été émis grâce à un dispositif, surnommé le Magnotron, basé sur le principe des bobines de Helmholtz et couplé à une interface numérique permettant le contrôle des intensités générées. Des comportements à forte valeur écologique ont été étudiés : chez la raie le comportement de camouflage, chez l’étrille les comportements de mise à l’abri, d’alimentation et de déplacements et chez la moule et le couteau, les activités de filtration et de bioturbation, respectivement. De manière générale, les expositions aux champs magnétiques artificiels n’ont pas causé de changements comportementaux significatifs chez aucune des quatre espèces. Ces travaux de thèse sont les premiers à évaluer la magnéto-sensibilité des mollusques bivalves et fournissent des données précieuses pour de futures recherches. Il est maintenant nécessaire d’évaluer les effets d’expositions de moyenne et longue-durée et d’explorer la sensibilité des jeunes stades de vie.

2022

Discovery