Copyright : Laboratoire LEMAR- 2018
Cheikhou KANE (UCAD) Patrice BREHMER (LEMAR)
Waly Ndiaye, Patricia Moulin
ISRA/CRODT
Les macroalgues sont des ressources marines avec de nombreuses applications (nutrition humaine et animale, agriculture, cosmétique, gélifiants, bioplastiques, biomatériaux, etc.). Le Sénégal possède une zone côtière riche en ressources algales. Et certaines de ces algues ont des intérêts économiques: Meristotheca senegalensis (source d’iode, et de carraghénanes), Anatheca montagnei et Hypnea musciformis (source de carraghénanes). Le principal verrou à leur exploitation est que l’intérêt économique, social et environnemental de leur exploitation au Sénégal reste mal connu des entrepreneurs et des décideurs. Actuellement au Sénégal, seules quelques espèces (Meristotheca senegalensis, Hypnea musciformis) sont récoltées, conditionnées et exportées vers l’Asie (Japon et Chine). L’exploitation se déroule principalement autour de Dakar et consiste en un procédé rudimentaire. L’absence de normes sanitaires, d’infrastructures adéquates et d’équipements pour la chaine d’exploitation (de la récolte jusqu’à l’emballage) entraine des risques sanitaires et un frein à l’export. Des méthodes d’extraction simultanée des composés (bioraffinage) et les bilans socio-économiques, pour une espèce à potentiel économique au Sénégal, ne sont pas encore établis. Et les conditions optimales d’une culture au Sénégal en vue de l’utiliser comme matière première (industrielle) ne sont pas encore cernées. Une exploitation durable des macroalgues passe par l’établissement de l’algoculture qui permettra d’augmenter la quantité exploitée tout en respectant l’environnement. Cependant le choix de sites et d’espèces propices nécessite l’étude des paramètres physico-chimiques des habitats naturels et la compréhension de l’interaction des espèces d’algues avec ces habitats naturels.
Nous souhaitons i) réaliser des analyses qualitatives et quantitatives (e.g. métaux lourds, minéraux, éléments nutritifs) des macroalgues et de leurs habitats naturels (qualité de l’eau de mer et des sédiments) afin de permettre l’identification de sites et d’espèces d’algues propices à l’algoculture. Par ailleurs, la culture des macroalgues permet la bioremédiation (assimilation des polluants : éléments traces métalliques, azote, phosphore…) des milieux pollués, nous souhaitons mener une réflexion sur l’exemple de la baie de Hann. Dans un second volet ii) étudier et améliorer l’exploitation artisanale actuelle des macroalgues du Sénégal destinées à l’exportation (voir de développer le marché local) en proposant des procédés qui répondent aux normes sanitaires exigées par les pays importateurs. La méthodologie HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point)[1] dite « analyse des dangers et points critiques pour leur maîtrise », sera mise en œuvre. iii) Pour la transformation semi-industrielle durable des macroalgues (phycocolloïdes semi – raffinées, biomatériaux, produits cosmétiques, engrais) au Sénégal, notre travail se focalisera sur les procédés permettant d’augmenter de la valeur ajoutée aux produits issus des macroalgues. Enfin, iv) nous étudierons l’exploitation industrielle durable de l’espèce d’intérêt économique la plus prometteuse, à travers un procédé de bioraffinage, qui permette d’obtenir une large gamme de produits. Enfin nous déterminerons pour cette espèce les conditions optimales de sa culture ainsi qu’un premier bilan socio-économique de l’exploitation industrielle de cette espèce au Sénégal.
[1] Des logiciels de simulation et d’optimisation en génie des procédés seront utilisés comme outils d’analyse des données : ASPEN, COMSOL, MATLAB et BioSTEAM: The Biorefinery Simulation and Techno-Economic Analysis Modules
2023
Panorama