Résumé : Le développement des sports de nature, qui comptent 25 millions de pratiquants en France et dont le nombre ne cesse d’augmenter, est devenu un véritable phénomène de société. Sur le littoral et en particulier dans les aires marines protégées (AMP), la limitation des incidences potentielles de ces pratiques sur les habitats et les espèces sensibles apparaît aujourd’hui comme une problématique importante pour les gestionnaires mais également pour les acteurs du sport soucieux de pérenniser l’accès des sites aux pratiquants. Cette volonté d’un développement maîtrisé des sports de nature passe désormais par des actions partagées autour de l’éducation à l’environnement à l’image du programme « sensibilisation des pratiquants de sports et de loisirs de nature au dérangement de la faune sauvage via les outils numériques » actuellement en cours en région Bretagne (2015-2017). Ce dernier associe étroitement l’Agence des aires marines protégées, le Pôle Ressources National des Sports de Nature (PRNSN), l’Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques (ENVSN) et l’Université de Bretagne Occidentale (laboratoire LETG-Brest-Géomer et Centre de Recherche en Psychologie, Cognition et Communication). Il vise, à travers l’élaboration d’un outil de médiation original et inédit (un site internet accompagné d’une cartographie numérique des zones de présence des oiseaux nicheurs et des phoques), à favoriser la responsabilité et l’autogestion des pratiquants sportifs face aux enjeux de conservation de la faune sauvage en Bretagne.Comme toute démarche d’éducation à l’environnement, cette initiative nécessite d’être accompagnée d’une réflexion sur les publics visés mais également sur les contenus des messages qui seront diffusés : - qui sont les pratiquants de sports de nature ? quelles motivations et quelles valeurs partagent-ils ? - ont-ils conscience d’évoluer sur des espaces protégés ? - ont-ils conscience de l’existence d’une faune sauvage sur les sites de pratique ? - ont-ils conscience des incidences potentielles de leur pratique sur les milieux ? - quels regards portent-ils sur leurs interactions avec la faune sauvage ? - quels sont les leviers et les freins que l’on peut identifier dans l’adoption d’un comportement pro-environnemental ? - finalement, comment adapter un outil de médiation en tenant compte de la diversité des publics et de la grande difficulté des enjeux de conservation visés ? L’étude présentée ici, qui s’inscrit dans le cadre d’une démarche exploratoire, tente de répondre à ces questions en établissant notamment un état des lieux des représentations de la nature par les pratiquants. L’approche choisie pour cette étude repose sur la psychologie environnementale. Relativement inédite dans le cadre de la gestion des aires naturelles protégées, elle présente l’intérêt d’apporter des informations sur les perceptions des individus qui évoluent dans ces espaces et d’intégrer ces données (représentations, motivations, freins et leviers psychologiques) dans la mise en œuvre du futur support de communication. La première partie propose de revenir sur les différentes notions et théories de la psychologie environnementale, afin de présenter les apports d’une telle approche dans les programmes de sensibilisation et de gestion. La deuxième partie présente le cadre méthodologique mis en oeuvre dans cette étude pour étudier les représentations des pratiquants de sports et loisirs de nature (lecture analysée de forums et entretiens qualitatifs). La troisième partie développe les résultats et propose des recommandations spécifiques relatives à chaque thématique abordée : «les pratiquants et la pratique sportive», «les pratiquants et l’environnement naturel», «les pratiquants et la faune sauvage», «les pratiquants et le dérangement de la faune». La quatrième partie propose un cadre de communication plus général ainsi qu’un certain nombre de préconisations qui s’appuient notamment sur les théories du changement de comportement et de l’interprétation environnementale. Mots clés : Sports de nature, aires marines protégées, incidences environnementales, dérangement de la faune sauvage, psychologie environnementale, représentations, éducation à l’environnement