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Spitzberg

Le Prix Nobel 1995 de chimie Paul Crutzen, de l’Université de Mainz, a proposé il y a quelques années le néologisme « Anthropocène » pour décrire cette nouvelle ère de notre planète marquée par l'impact croissant de l'humanité sur la biosphère. Si l’impact anthropique sur le climat de la planète ne peut désormais plus être nié, son ampleur reste toutefois relativement difficile à évaluer.

Le changement climatique rapide de la planète est annoncé comme étant le plus prononcé dans l’Océan Arctique (Intergouvernmental Panel on Climat Cange, 2001, 2007 ; Arctic Climate Impact Assessment, 2004) et ayant des conséquences drastiques sur ce même océan. Les données issues des activités d’observation montrent clairement des changements rapides de la cryosphère arctique liés au réchauffement global et aux changements récents de la circulation atmosphérique.  Et, alors que les températures de l’eau et de l’air ont augmenté, l’étendu du couvert de glace pérenne a diminué au cours des cinquante dernières années (Gloersen et al. 1999 ; Stroeve et al. 2007 ; Vinnikov et al. 2006) à un taux de 10 %  environ par décennie (Comiso, 2006) et cette décroissance survient majoritairement en été.  De plus, la diminution du couvert de glace est accompagnée à la fois de la réduction notable de son épaisseur (Rothrock et al. 1999 ; Yu et al. 2004) et d’un allongement de la saison libre de glace (Gough et al, 2004). Par ailleurs, les surfaces couvertes par la neige ont diminué de plusieurs pourcents depuis les années 70 au nord de l’Eurasie et du continent nord américain. Le débit des rivières pratiquement partout en arctique a augmenté durant plusieurs décennies et les crues surviennent plus précoces aujourd’hui. Par ailleurs, les apports fluviaux ont augmenté simultanément aux augmentations des précipitations sur les terres les plus septentrionales de notre planète. La température du permafrost de la plupart des régions subarctiques atteint aujourd’hui 2-3°C. Et les glaciers de l’hémisphère nord ont reculé.

Les  projections des modèles climatiques indiquent quant à eux  une poursuite des tendances récentes lors du 21ème siècle, bien que les taux des changements prévus varient largement entre les modèles. Par exemple, les débits des rivières arctiques  sont susceptibles d'augmenter de 5 à 25% d'ici la fin du 21e siècle. Des débâcles plus précoces et un gel plus tardif  des rivières et des  lacs arctiques sont probables si le changement  climatique se poursuit. Ces modèles indiquent également que les pertes des glaciers de l'Arctique et la calotte glaciaire du Groenland contribueront à une élévation de plusieurs centimètres à l'échelle mondiale du niveau de la mer d’ici 2100. Ils prévoient également que l’emprise des glaces d’été sur l’océan arctique va diminuer de plus de 50% au cours du 21e siècle, ce qui permettrait d'étendre la saison de navigation dans la mer du Nord par la route entre deux et quatre mois. La couverture de neige va  également diminuer, avec la plus grande diminution prévue pour le printemps et l'automne. Au cours de notre siècle,  la dégradation du permafrost est susceptible d’affecter 10 à 20% de la superficie du permafrost actuel, et la limite sud du permafrost  est susceptible de se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres vers le nord.  Il convient de noter que l’érosion des côtes arctiques et la dégradation du permafrost sont susceptibles d'accélérer, en réponse à une combinaison du réchauffement, de l'élévation du niveau de la mer et du retrait de la glace de mer.

L’ensemble de ces changements aura inévitablement des conséquences sur l’écologie de l’océan arctiques et sur le fonctionnement de ces mers marginales.

L’IUEM propose dans ce contexte d’instrumenter deux fjords du Svalbard, deux écosystèmes côtiers contrastés (Ouest, Nord Est du Svalbard)  Nous avons immergé par 40 mètres de fond des Plateformes Aanderaa Seaguard enregistrant toutes les heures température, salinité, turbidité, courant, pression, Chlorophylle a et oxygène dissous. Nous opérons une rotation de ce matériel tous les ans dans le cadre de programmes scientifiques financés par l’ANR (APOLOBIS, ECOTAB). Le but avoué de ces mesures et, outre la participation à un réseau d’observation arctique et la collaboration pour cela avec nos partenaires norvégiens (IMR, UNIS) ou français (LOCEAN), la mise en œuvre des principes et méthodes d’études des réponses biologiques benthiques développées dans le cadre des EVECOS et CHICOS de l’IUEM.

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