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Séminaire de Guillaume Mitta

Décryptage du code du syndrome de mortalité de l’huître du Pacifique

Pendant des décennies, les limites méthodologiques ont limité l’étude des maladies infectieuses à des pathosystèmes expérimentaux simplifiés dans lesquels l’influence de la diversité des hôtes et des pathogènes et des environnements biotiques et abiotiques a été minimisée. De telles approches réductionnistes ont rendu difficile la caractérisation de maladies aux étiologies complexes. C’est le cas de certaines maladies qui provoquent des mortalités massives récurrentes chez des espèces non modèles présentant un intérêt écologique et/ou économique, comme les pollinisateurs, les coraux et les mollusques marins.

L’objectif du présent travail était d’examiner une maladie d’étiologie complexe affectant une des principales espèces d’invertébrés exploitées dans le monde, l’huître du Pacifique Crassostrea gigas. Introduit en France dans les années 1970, C. gigas souffre de mortalités massives associées à des interactions complexes entre hôte, environnement et pathogènes. La gravité de ces foyers de mortalité s’est considérablement accrue depuis 2008. Ils affectent principalement les stades juvéniles, décimant jusqu’à 100 % des jeunes huîtres dans les élevages français. Au cours des dernières années, ce syndrome de mortalité est devenu panzootique et a été observé dans de nombreux autres pays du monde.

En élaborant une approche holistique pour s’attaquer à la complexité des interactions, nous avons déchiffré les interactions complexes au sein de l’hôte qui sous-tendent le syndrome de mortalité des huîtres du Pacifique. En utilisant des infections expérimentales écologiquement réalistes combinées à des analyses moléculaires approfondies sur des familles d’huîtres aux susceptibilités contrastées, nous avons démontré que la maladie est causée par une infection multiple dont l’étape initiale et nécessaire est l’infection des hémocytes de l’huître par un herpès virus. La réplication virale conduit à un état immunodéprimé de l’hôte, évoluant vers une bactériémie ultérieure par des bactéries opportunistes.

 

 

Approche intégrative hôtes-microorganismes-environnement

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Dans un contexte de changement climatique, l’émergence de maladies modifie notablement la dynamique des populations hôtes et pathogènes, mais aussi les réseaux d’interactions plus complexes à différentes échelles dans l’écosystème

Les écosystèmes marins sont formés de réseaux d’interactions complexes intégrant différents niveaux d’échelles temporelles et spatiales. Or, les changements globaux peuvent modifier ces réseaux en augmentant notamment l’intensité et la virulence des maladies infectieuses. Il est aujourd’hui fondamental d’avoir une compréhension fine des systèmes hôtes-microorganismes-environnement, qui demande des approches intégratives incluant l’étude de tous les organismes symbiotiques (virus, procaryotes ou eucaryotes) et plus largement des microbiotes associés à l’hôte, ainsi que de la physiologie des organismes hôtes ou vecteurs (e.g. système immunitaire et inflammation, métabolisme et nutrition), le tout, dans une approche environnementale globale. Cette approche intégrative, qui est une force en pleine expansion au sein du LEMAR, s’attachera à comprendre ces associations en faisant appel à de multiples compétences (« omics », génétique, épigénétique, analyses fonctionnelles cellulaires) permettant d’intégrer à nos recherches de nouveaux concepts d’écologie évolutive et de la santé (“One Health”) qui vont bouleverser nos paradigmes sur les systèmes hôtes-microorganismes-environnement.

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