Prévoir l’impact de la pression d’exploitation et des changements climatiques sur les espèces et écosystèmes côtiers requiert une évaluation de leur niche écologique et de leur sensibilité aux variations des conditions environnementales (Thomas et al 2018). Une approche historique à long-terme est proposée dans ce stage à partir du cas d’étude de Senilia senilis, un bivalve subissant aujourd’hui de fortes contraintes anthropiques et environnementales dans les mangroves du Sine-Saloum au Sénégal. Les datations au 14C des amoncellements de coquilles générés par l’extraction et la préparation de cette espèce montrent que Senilia senilis est une ressource intensément exploitée depuis plus de 2000 ans (Hardy et al 2016). Ces coquilles constituent des archives de l’histoire du Delta. Elles forment des lignes de croissance permettant d’estimer précisément leur taux de croissance (Lavaud et al 2013). D’autre part, à travers la composition isotopique en oxygène de leur coquille, elles enregistrent au cours de leur vie les variations de salinité de l’estuaire liées au régime des pluies (Azzoug et al 2012). Les variations des conditions hydro-climatiques ont ainsi été reconstituées pour les 1600 dernières années, montrant que les conditions climatiques actuelles sont sans précédent (Carré et al 2018).
L’objectif de ce stage sera de reconstruire le profil de croissance de l’espèce (i.e. modèle de von Bertalanffy) au cours des trois grandes phases climatiques du dernier millénaire : l’anomalie climatique médiévale (MCA), le petit âge de glace (LIA) et la période moderne. Cette évaluation sera réalisée à partir de l’analyse des lignes de croissance (sclérochronologie) et des registres isotopiques de coquilles de Senilia senilis provenant de sites archéologiques datés. Les relations entre l’environnement et la croissance de l’espèce seront étudiées à deux niveaux : d’une part on évaluera les variations saisonnières de croissance à l’échelle de l’individu, et d’autre part on testera si des changements de croissance existent à l’échelle de l’espèce en lien avec les changements séculaires du climat et des pressions anthropiques.
Le travail de stage consistera en :
- Préparation de coquilles archéologiques (découpe, collage, ponçage).
- Analyse sclérochronologique (prise d’image, lecture des stries de croissance).
- Échantillonnage au Micromill pour analyses Isotopiques.
- Analyse de données (reconstruction des profils de croissance individuels aux différentes périodes historiques, mise en relation avec le paléoclimat).
- Rédaction d’un rapport et préparation d’une soutenance.
Étudiant-e en master 2 avec de bonnes bases en écologie et des compétences (rigueur, organisation) pour le travail en laboratoire.
6 mois
Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM), rue Dumont d’Urville, 29280 Plouzané.
Sur la base officielle (~550 €/mois)
Envoyer un CV et une lettre de motivation à : Matthieu Carre (labo lOCEAN) ; Yoann Thomas ; Julien Thebault